Ça fait un bon bout de temps que je ne rate pas une miette de ce qui sort du Studio RGG. Quand j'ai découvert Yakuza 0, je me suis empressée de rattraper toute la licence, de A à Z.
Il y a quelques années, j'avais été agréablement surprise par le tournant pris par Yakuza 7. Tout n'était pas particulièrement au point, mais le jeu regorgeait d'idées, et le passage de flambeau était réussi. Tout s'annonçait bien pour la suite des aventures de Kasuga. Et puis... Kiryu est revenu. Évidemment je l'adore ce dragon de Dojima, mais c'est une légende, et comme toutes les légendes, les projecteurs sont sur lui en permanence.
Alors voilà, il y a une histoire dans cet Infinite Wealth, mais je crois que le jeu s'en tape un peu. On suit du coin de l'oeil les quelques tensions de gangs hawaïens et la réunion entre Ichiban et sa mère, en espérant que ça décolle un jour et... rien. Un gros tiers ne se concentre que sur Kiryu, dont les problèmes sont globalement les mêmes depuis la fin de Yakuza 6. Cette fois-ci, tout est là pour nous rappeler que c'est la fin. On tourne la page pour la dernière fois et on dit adieu à la légende.
Et tous les écueils sont là. On nous montre des screenshots de toute la série (même Dead Souls !!) pour nous rappeler à quel point "quand même c'était bien Yakuza". On nous met un petit coup de Kamurocho, et on réitère des adieux qu'on a déjà eu dans Y6 et Gaiden. Mais franchement, qui y croit ? Qui ne se doute pas que Kiryu sera encore là dans Like a Dragon 25, pour mener à bien une dernière mission ?
Pendant ce temps à Hawaï, difficile de construire quelque chose. Au lieu d'ouvrir des nouveaux pans d'histoire, d'introduire des nouveaux personnages, on se repose sur les portes assez maigres que Yakuza 7 avait laissé ouvertes. En résulte un scénario absolument léthargique, qui fait pâle figure face à l'aventure proposée dans l'opus précédent. Est-ce que c'était vraiment nécessaire de garder la quasi intégralité de la party de LAD7, dont la moitié a essentiellement la même fonction narrative ? J'aurais aimé voir un nouveau cast, mais seuls deux personnages hawaïens seront rajoutés.
Ce qui me chagrine le plus, et c'est un peu paradoxal, c'est aussi la quantité astronomique de choses à faire. Certes, on pourra s'entendre sur quelque chose : Yakuza/Like a Dragon ça a toujours été un peu la foire-fouille. Toutefois, la licence a commencé à ne plus faire de tri, et à systématiquement récupérer les minijeux des précédents opus, afin que chaque jeu soit une version ultime. Donc oui, on peut tout faire dans Infinite Wealth. Fléchettes, clone de Crazy Taxi, karaoké, clone de Pokémon Snap... Mais tout est au mieux moyen. Pire encore, ces activités s'organisent comme un patchwork et viennent nourrir très maladroitement le coeur du jeu. Pourquoi avoir rajouté un mauvais Animal Crossing qui dure 10h ? Pourquoi avoir rajouté un mauvais Pokémon qui dure 7h ? Purement et simplement pour rallonger artificiellement la durée de vie. Comme plein de créations de l'industrie gros budget dans laquelle la licence s'est maintenant inscrite, Infinite Wealth doit être un métajeu dans lequel on peut tout faire. C'est rigolo et ça fait esquisser un sourire, mais ça n'est jamais plus que médiocre.
Bref, si j'étais confiante pendant un temps, je commence à en avoir un peu marre de cette série. Marre que les jeux durent entre 60 et 120h pour ne raconter pas grand-chose ou me mettre des coups de coude pour me rappeler à quel point Kiryu était cool il y a 15 ans. Marre de revoir les mêmes têtes tout le temps, les mêmes arcs scénaristiques (surtout ces finales interminables). Et pourtant, je sais déjà que c'est dur de descendre du train. J'ai passé bien 300h de ma vie à suivre les aventures de Kiryu, évidemment que je veux savoir ce qu'il va faire lorsqu'il sera grabataire. C'est un peu l'ex qu'on va stalker sur Facebook par curiosité. Mais avec le temps, ça marchera de moins en moins. J'espère que RGG finira par lâcher prise, sinon je m'en occuperai.
PS : le New Game + et les difficultés supérieures cachés dans un DLC à 20 balles, c'est vraiment une honte. Vite, la fin de SEGA svp.