La nuit, en foret. Un petit garçon s'éveille, manifestement souffrant et tremblant, avec un sac en papier sur la tête. Au terme d'une déambulation mouvementée dans les bois, il arrive aux abords d'une inquiétante bâtisse remplie d'être tous plus inquiétants les uns que les autres. L'ambiance est pesante, l'atmosphère est lourde, très lourde, et la scène semble faite de cette matière éthérée dont fait les cauchemars les plus horribles, ceux qui vous réveillent la nuit ruisselant de sueur. Non, ce n'est pas le début d'un nouvel épisode de Saw, mais celui de Little Nightmares 2. Et même si l'ambiance ici n'est pas au torture porn, la flippe et le malaise sont tout aussi présents.
On ne pourra pas reprocher à Tarsier Studios de manquer d'ambition, tant Little Nightmares 2 élève le niveau, déjà pas si ridicule, par rapport à son prédécesseur. En terme technique déjà (l'Unreal Engine fait des merveilles ici), mais aussi au niveau de la direction artistique, une des plus inspirées du genre à n'en pas douter. Indubitablement, plus encore que le premier épisode, Little Nightmares 2 est un jeu qui a des choses à dire sur des thématiques très peu, pour ne pas dire jamais, abordées dans un jeu vidéo (échantillon non exhaustif : inceste, échec et terreur scolaire, cruauté envers les animaux, domination et relation toxique...) et il le fait de manière incroyablement convaincante, aussi bien au niveau sonore que visuel . Le joueur n'en ressort pas indemne, abasourdi comme rarement à ce niveau là de production. Ajoutons à cela un effort louable de variété de gameplay, et on finirais presque par se convaincre qu'on à la un sérieux prétendant au podium très convoité des meilleurs cinématic platformers.
Malheureusement, cela restera un "presque" car Tarsier Studio a tout amélioré sauf un point : cette maniabilité 2D/3D héritée du premier épisode, souvent approximative, parfois carrément rageante, qui quand elle est couplée à des passages un peu tendus rend l'expérience crispante, pour ne pas dire frustrante. Rien d'insurmontable certes, mais ce défaut a un effet dévastateur qui suspend instantanément l'immersion magistrale si minutieusement mise en place par la maestria artistique sus-citée. Il y a donc de nombreuses séquences, comme les fuites en avant par exemple, sur lesquelles on s'y reprendra des dizaines de fois à cause d'un bouton qui répond mal ou d'un saut mal calculé. Et c'est dommage car la dernière chose dont on a envie en jouant à Little Nightmares 2, c'est de sortir la carte du skill pour se transformer en try-harder.
Heureusement, au bout des 10 heures nécessaires pour en voir le bout, l'impression globale reste très positive (la loi de l'apogée-fin joue à plein ici : la conclusion est magistrale) et Little Nightmares 2 est une expérience marquante, esthétiquement et thématiquement. Il est juste dommage qu'a travers ses contrôles parfois calamiteux, il vous tape sur les doigts en pleine contemplation pour vous rappeller qu'il est un jeu vidéo un peu trop exigeant. Sans cela, il aurait pu tutoyer les sommets atteints par Inside, et ce n'est pas un petit compliment.