Un relou vous parle pendant votre séance ciné

Lost Ember emboite le pas à ses grands frères Journey et Abzû, et propose d'incarner divers représentants du monde animal en traversant vallées, montagnes et déserts aux côtés d'un esprit tout aussi perdu que vous. L'expérience n'est pas désagréable, mais on a parfois l'impression de suivre un long métrage aux côtés d'un spectateur qui passe son temps à parler, à décrire tout ce qu'il voit, à énoncer les évidences et à poser ses questions et ses doutes à voix haute. En plus, le silence de notre avatar ne fait rien pour équilibrer la chose, ou proposer un semblant d'interaction.

Bref, parofis on aimerait bien qu'il se taise, et qu'il nous laisse interpréter cette histoire tranquillement. Histoire qui n'est pas non plus exceptionnelle, mais qui se laisse apprécier, surtout si l'on prend en compte le budget du jeu. Mais on en revient à ce narrateur peu crédible, et à cette sensation de voir deux amnésiques dérouler un album photo.

Côté gameplay, il s'agit essentiellement d'avancer vers la prochaine cinématique. Contrôler un nouvel animal est souvent agréable : grimper des surfaces presque verticales avec le bouquetin, faire de la glissade ou remonter un cours d'eau avec un saumon, prendre de la vitesse et jaillir hors de l'eau avec un poisson koï, voler à la vitesse d'un hummingbird... tout ça est très agréable. Mais il y a aussi quelques occasions manquées, comme celle de mettre en valeur la roulade du wombat. On peut regretter aussi que les développeurs se soient sentis obligés de parsemer le jeu de petites doses de drogue ici et là avec des objets à collecter, qui ne font qu'allonger artificiellement la durée du jeu. On a un peu l'impression de voir du loot façon Borderlands et c'est complètement hors de propos.

Je n'ai pas trop accroché à la direction artistique, un peu trop anguleuse, terne et détaillée, mais Lost Ember reste très beau, avec une nature parfois très extravagante et des constructions en pierre dont le gigantisme frise celui d'autres oeuvres, comme Portal.

Il n'est probablement pas le meilleur représentant de sa catégorie mais il présente quelques très bons moments de découverte.