Je suis perdu !
Alors j'ai plutôt apprécié ce jeu, mais j'ai un sentiment de non complétion. Dans un premier temps, les choix artistiques sont parfaits, la pâte graphique est nickel et la musique est de très bonne...
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le 20 sept. 2021
5 j'aime
Lost in Random (2021), développé par Zoink Games et édité par Electronic Arts, est un jeu d’aventure action à la troisième personne proposant un gameplay pour le moins original puisqu’il inclut dans ses combats la construction d’un paquet de cartes. Comme je le disais précédemment, nous vivons une époque où le jeu vidéo, pour se renouveler, mélange à peu près tous les genres, tous les styles, toutes les mécaniques, pour le meilleur et pour le pire. Je vous rassure cher lecteur, dans le cas clinique de Lost in Random, la mayonnaise a pris, mais ce n’est pas le cas de toutes les productions.
Quel est le propos de ce titre aux visuels rappelant les œuvres de Tim Burton ? Il s’agit de l’histoire de deux jumelles (Paire et Impaire) séparées par une méchante Reine régnant d’une main de fer sur le royaume d’Aléa constitué de six villes/régions. Ces six villes correspondent aux 6 chiffres d’un dé à jeter et les habitants sont triés pour vivre dans l’une ou l’autre ville en fonction de leur personnalité ou origine en sachant que plus le chiffre est grand, plus qualitative sera la ville. Chacune des villes est également soumise à des règles arbitraires provenant des jeux de société rendant parfois les habitants complètement mabouls. Avec l’aide d’un ami à six faces, vous allez donc explorer les bas-fonds du royaume pour petit à petit vous diriger vers le château de la reine afin de retrouver votre sœur.
Ne vous fiez pas à mon résumé, la grande force de ce scénario, c’est son univers. Que ce soit sur le plan visuel ou sur la cohérence du monde créé par les développeurs suédois, tout s’imbrique parfaitement et donne corps au récit. En fait l’histoire proposée par Lost in Random ressemble beaucoup aux vieux contes de la fin du XIXème siècle, il y a un peu d’Alice au Pays des Merveilles dans ce titre même si le propos demeure bien différent. La découverte des villes et des règles qui les habitent, la personnalité des habitants, la cohérence entre numérotation de la ville et beauté visuelle, franchement tout est exceptionnel et intelligemment pensé. Bien entendu, la première chose qui nous frappe ce sont les graphismes et la direction artistique absolument sublimes. L’originalité des décors, des maisons, des rues, l’ambiance qui se dégage du titre est phénoménale si vous appréciez les univers à la Tim Burton. Les designs des personnages sont également marquants, ils sont tous réussis dans leur horreur ou dans leur faciès grotesque caractéristique du style. J’ai pris claque sur claque dans la découverte des environnements et rien que pour cet aspect, je trouve que ça vaut le coup d’essayer Lost in Random.
Comme vous l’aurez compris, l’histoire du jeu se passe dans un monde fictif où tout se joue aux dés. Le dé est un élément essentiel de la compréhension du titre, car il induit une force et un pouvoir colossal pour des raisons que je ne peux évoquer ici sans dévoiler une partie importante du scénario. L’héroïne dont vous aurez les commandes, Paire, devra terrasser des hordes d’ennemis mis sur son chemin par l’espiègle reine et vous n’aurez d’autre choix que de vous battre. Les combats se déroulent en arène fermée. Accompagnée par votre compagnon Décize (le petit dé sur pattes), vous devez récolter sur les ennemis des ressources magiques à l’aide de votre fronde. Ces ressources remplissent une jauge qui vous permettra de lancer le dé. Une fois Décize lancé, le temps s’arrête en plein combat, et des cartes apparaissent dans votre « main », à l’écran. Il sera possible de jouer ces cartes en fonction de votre score au dé, comme le mana dans Magic si vous préférez. De mémoire, il est possible de constituer un deck de 15 cartes au maximum et il doit y avoir une trentaine de cartes différentes. Oui, cela fait peu. Les cartes vous octroient plusieurs choses. La première, des armes comme une épée, une lance, un marteau surpuissant ou un arc et des flèches. Sans arme, il est compliqué de venir à bout des adversaires, ces cartes sont pratiquement indispensables dans un deck. Ensuite, vous avez les cartes de sorts qui vous permettent d’invoquer des bombes, des tourelles automatiques, des fantômes, des invocations diverses qui attaqueront ou déstabiliseront les ennemis. Enfin, les cartes qui augmenteront votre capacité à jouer d’autres cartes ou qui vous aideront : boost de mana, baisse du coût en mana des cartes dans votre main, potion de soin, ralentissement des adversaires, ruée qui inflige des dommages etc. En fonction de votre paquet de cartes, vous jouerez d’une manière différente. Pour ma part, j’ai opté pour le bourrinage intempestif au marteau couplé aux bombes. La finesse, c’est pour les tarlouzes. La prise en main au départ n’est pas instinctive mais on prend vite le coup de main. Dans les combats, il faudra donc en permanence veiller à récolter les précieuses ressources magiques pour lancer Décize le plus vite possible et retirer des cartes etc. Une fois le combat remporté, l’arène se débloque, vous pouvez gagner des cartes supplémentaires pour alimenter votre paquet ou bien les acheter dans une boutique avec l’argent récolté.
Bien qu’original et bien pensé, le système de combat est pourtant selon moi le point faible du titre pour deux raisons. La première, c’est qu’il y a trop de combats surtout vers la fin. En effet, les développeurs vous obligent à enchaîner les arènes jusqu’au dénouement final, c’est très lassant et redondant. Pourquoi ? Voici la deuxième raison, il y a peu de variété dans le choix des cartes viables donc on refait plus ou moins toujours la même chose tout au long du jeu. Certes, on viendra agrémenter de temps à autre son paquet d’une carte plus puissante et sympathique à jouer, mais la plupart du temps, on refera encore et toujours la même chose… Sans parler du bestiaire peu varié que l’on se farcit pendant la quinzaine d’heures que dure le jeu : les oiseaux, les chevaliers, les tireurs à distance et les géants. Vers le dernier tiers du jeu, j’étais vraiment lassé et n’avais qu’une envie : arriver au bout de l’aventure pour que cesse les combats.
Lost in Random offre donc une expérience en demi-teinte. Complètement happé par la direction artistique, la beauté et la pertinence de son univers créé de toute pièce par les développeurs de chez Zoink Games mais plutôt déçu par le gameplay des combats. Je tiens à préciser que hors combat, il n’y a pas ou quasiment pas de gameplay. Dans le sens où, Paire ne fait rien d’autre que se déplacer dans les décors (aucune interaction avec ces derniers) ou parler aux différents PNJ pour avancer dans l’histoire. La seule action possible hors combat, c’est la capacité de tirer avec sa fronde pour casser des urnes ou activer des interrupteurs. Les affrontements sont donc la seule et unique récompense, la seule manière de mettre en avant le gameplay et de jouer aux cartes. Et pour moi, c’est une déception, car passé la dizaine d’heures, on refait en boucle la même chose jusqu’à l’écœurement. Ai-je mentionné la nullité du boss final ? Bref, Lost in Random reste une curiosité sympathique que je conseille tout de même aux amateurs de Tim Burton ou d’Alice au Pays des Merveilles mais il faudra se concentrer sur l’histoire et l’ambiance car côté gameplay, au-delà d’un certain seuil, ce n’est pas la panacée. Après...pour une fois qu'Electronic Arts ne propose pas de la merde.
Créée
le 3 nov. 2024
Critique lue 3 fois
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