Je vous parle d’un temps que les jeunes de vingt ans ne peuvent pas connaître…
Séquence émotion. Je ne me rappelle plus exactement l’année, cela devait être 1998 ou 1999. En revanche, je me souviens parfaitement de ce Noël. Et de ma première Game Boy Color. L’expression « comme un enfant qui ouvre ses cadeaux » n’a jamais été aussi véridique qu’à cet instant précis, lorsque j’ai arraché le papier et que j’ai découvert cet instrument fabuleux qui me tiendrait éveillé toutes ces nuits pendant des années et des années. Je n’ai jamais eu de consoles de salon avant un âge avancé, mais je connais pour sûr la Game Boy en long, en large et en travers.
Avec ma première Game Boy Color (la transparente, la plus belle), j’ai également reçu Lucky-Luke. Comme tout enfant excité par la nouveauté, j’ai directement inséré la cartouche dans l’appareil (en la soufflant au préalable, ah les jeunes qui n’ont pas connu ça) et j’ai joué. Pendant deux semaines, je crois que je n’ai jamais dépassé le niveau 1. Lorsque j’ai enfin réussi passer à l’étape suivante, si j'avais gagné au Loto je n’aurais pas été aussi content. Je n’ai jamais dépassé le niveau 3. Alors j’essayais de tricher en cherchant des combinaisons de codes. Un jour, je suis tombé par hasard sur le Password ouvrant la voie à un des derniers niveaux, La Montagne Cheyenne. Rien que son nom claque. Ma joie était à son paroxysme, mais la difficulté du niveau m’a vite fait revenir à la réalité. Bref, j’étais une grosse brêle en jeux-vidéos (je sais pas trop si ça a réellement changé depuis).
Les années ont passées. Parfois, je m’y remets avec tendresse et nostalgie. J’ai 21 ans aujourd’hui, j’ai su prendre du recul. Enfin… Les graphismes ont pris un coup de vieux, certes, les niveaux ne sont en réalité pas si durs que ça (mais c’est chaud quand même ! J’essaye de passer le niveau 10 depuis 2 jours).
Mais, mais… ce jeu reste d’une qualité exemplaire. Il est rare de retrouver aujourd’hui un tel jeu, avec un gameplay simpliste mais addictif, qui pousse à recommencer le jeu malgré le fatidique « Game Over ». Try again, buddy !
Et avec la musique 16 bits que je connais par coeur, je chante la mélodie dans ma tête pour me donner de la motivation… Un vrai gamin je vous dis !
C’est bien simple, avec Pokémon, Lucky-Luke est le jeu qui aura le plus marqué mon enfance, qui m’a ouvert les voies du jeu-vidéo: il m’a appris la rage de la défaite (et l’envie de balancer la GameBoy à travers la pièce), les moments de solitude face aux Dalton qui sont vraiment trop méchants, les instants de bonheur lorsque tu finis un niveau avec les 5 étoiles… Tout ce pourquoi on continue de saisir sa GameBoy, qu’on demande à personne de nous déranger pendant cet exercice périlleux, et qu’on se lance à corps perdu dans le jeu.
La note est surévaluée quant à la qualité intrinsèque du jeu, oh oui. Mais pour toutes les étoiles que j’ai vaillamment obtenu dans Lucky-Luke, il était tout à fait normal que ce lonesome cowboy en obtienne le plus possible.