"Mario ? Mariooooo ?..."
On se promène dans Luigi's Mansion 3 comme dans une de ces attractions surannées chez Disneyland, celles datant de la construction du parc : admirant béatement les couleurs lisses des décors en carton-pâte et le charme bigarré des textures qui se déroulent sur 15 étages ; on se laisse impressionner par des animations aux accents parfois pixaresques, mécaniques d'automates pourtant figées depuis les années 1992.
Il y a dans cette esthétique quelque chose du gâteau au chocolat d'anniversaire : pas de surprise, plaisir, gobé, oublié.
Le premier volet de la série proposait d'apprivoiser une architecture impossible ; de flirter avec la frustration que provoquaient des allers-retours et pertes de repères intempestifs. Cette impression de connaître le moindre tiroir de chaque commode était précieuse et installait une intimité saugrenue entre le joueur et le lieu.
Dans Luigi's Mansion 3, les niveaux s'enchaînent avec une affligeante linéarité : portes, boss, bouton d'ascenseur. Les efforts paresseux de level design destinés à ajouter un peu de rythme
consistent à revisiter certains étages pour poursuivre une souris ou un chat qui a piqué le bouton d'ascenseur, ce qui ne suffit pas à rendre le manoir sympathique ou l'aventure palpitante.
La mise en scène et le character design, classiques mais amusants, font la part belle aux références cinématographiques
(Ghostbusters, Godzilla, Jurassic Park, Old Boy et j'en passe),
clins d'oeil appuyés aux adultes qui seraient encore accrochés à leur écran passées les deux heures de jeu.
La présence de Gluigi, alter ego vert-flubber offrant à Luigi le don d'ubiquité, enrichit sans aucun doute le gameplay en solo. Pas de chance pour moi, j'ai partagé l'expérience avec un pauvre hère : en coop, sous couvert d'accessibilité, le jeu se simplifie jusqu'à rendre le challenge complètement exsangue (cc Cappy)
Le plus rageant, enfin, c'est l'absence d'invitation à s'impliquer dans la quête du protagoniste, qui semble occupé à se vautrer à la première occasion dans la boucle de gameplay la plus élémentaire du jeu : ramasser des sous, en piecettes, liaisses, en lingots, monnaies sonnantes et trébuchantes. Pour quoi faire, toute cette caillasse ?
Pour rendre le jeu plus accessible encore, en achetant des continus, sous forme d'os que vient chiper l'Ectochien sur le cadavre de Luigi, ce qui a le don de le ressusciter au milieu d'un combat de boss (?), ou bien pour prolonger l'expérience de jeu, avec des objets bonus permettant de se lancer dans la sempiternelle chasse aux Boo (qui sont clairement juste venus encaisser leur chèque cette fois-ci)
Boarf, non merci.
Un jeu joli, poussif et chiant, symptôme d'un Nintendo gâteux qui a de plus en plus tendance à fuir tout ce qui ressemble de près ou de loin à une pri$e de ri$que.