Développé par le studio Triple Eh? et édité au début de 2016, Lumo fait partie de ces jeux surfant sur la nostalgie d'une partie des joueurs qui approchent ou ont dépassé la trentaine et aimeraient retrouver les sensations de leurs premières expériences vidéo-ludiques. Le jeu s'inspire des jeux en 3D isométrique (plus particulièrement d'un de leur plus célèbre représentant, Solstice, édité sur NES en 1990) et tente de leur rendre hommage en proposant une expérience de qualité. Pari réussi?
Pari réussi, dans une large mesure. Lumo propose au joueur de prendre le contrôle d'un personnage happé dans un jeu vidéo (la référence à Tron n'est que la première d'une longue série de clins d’œil sympas à de nombreuses œuvres telles que Zelda, le Seigneur des Anneaux, etc..). Il faudra explorer un donjon regorgeant de pièges, d'énigmes et de secrets à découvrir. Si Solstice s'avérait labyrinthique et déroutant (désespérant, diraient certains...), ici le fait d'avoir découpé le donjon en une quinzaine de niveaux et d'avoir proposé une carte (à récupérer) dans chacun d'entre eux rend la progression plus facile et plus fluide. Tout serait parfait si l'expérience proposée était un poil plus longue: le jeu se boucle en 3 à 4 heures.
Quant au gameplay, c'est également un motif de satisfaction. Conscient des limites et des défauts inhérents à la 3D isométrique (manque de profondeur, difficulté à distinguer ce qui est au-dessus de ce qui est au fond, plan à damier en diagonal...), le jeu propose différents moyens de les atténuer: on peut ainsi choisir la façon la plus adaptée de déplacer son personnage, et l'angle de vue peut être légèrement déplacé pour bien appréhender la profondeur. Le personnage contrôlé répond au doigt et à l'oeil et le jeu sait varier les expériences. Attention cependant: la 3D isométrique reste ce qu'elle est, et beaucoup pourront pester quant à la difficulté d'appréhender les sauts dans les phases de plateforme. Mais pour les gens qui sauront passer outre, le plaisir de jeu est bel et bien là. Le vrai petit bémol vient plutôt de la faible difficulté de Lumo en général, malgré quelques pics pour ceux qui se lancent à la recherche (facultative) des objets à collecter.
La direction artistique est très classique et modeste, mais colle bien à l'expérience proposée. L'aspect enfantin du personnage renvoie directement à l'ambition du jeu: réveiller l'enfant qui sommeille dans les joueurs trentenaires qui ont aimé solstice. La partie musicale du jeu obéit au même principe: les mélodies sont modestes et alternent entre le très classique et le décalage total d'un humour bon enfant.
Triple Eh? parvient donc à proposer une expérience très agréable et captivante, prenant les ingrédients d'une vieille recette qui n'avait pas plu à tout le monde, l'améliorant, la mettant au goût du jour pour en faire un jeu très réussi, mais qui ne pourra pas plaire à tout le monde: Lumo s'adresse aux curieux, aux nostalgiques et surtout aux joueurs qui ne seront pas rebutés par le caractère très particulier de la 3D isométrique. A essayer pour ceux que les vidéos du jeu ont intrigué, en prenant le risque d'être déçu, ou conquis comme je l'ai été.