C'est en ce doux, chaleureux et lumineux mercredi 8 juin 2022, soit deux jours après mon anniversaire, soit le lendemain d'une journée durant laquelle j'avais conclu mon extraordinaire voyage au sein d'une maison de bois tombant en ruine à travers "Creaks", et peu emballé par les sorties vidéo-ludiques...que je me suis engagé à entreprendre mon ultime parcours avec Amanita Design, avec l'ultime jeux de leur collection qui me manquait...à savoir un de leur plus vieille production...à savoir un bon vieux point'n'cliquer...à savoir un petit truc de 600 mega-octets...à savoir un simple portage d'un jeu sur smartphone...à savoir une expérience de moins de 6 heures...un certain "Machinarium"...sortie en 2009...dans sa version "collector edition", sur PC, histoire de rigoler...donc un petit jeu rétro...un petit jeu simpliste...un petit pour enfant...
Un truc rétro tout d'abord, à travers ses graphismes, juxtaposition de fonds d'écrans immobiles, de quelques objets grossièrement animés, de simples protagonistes ayant peu d'animations...à l'aspect rudimentaire, sorte de dessin d'enfant, de croquis d'artistes, de brouillons de peintres...le tout appuyé par de quelques sonorités, d'une musique tremblotante...entre electro, jazz et Hip-Hop...un tout que l'on imagine réalisé avec peu, un petit moteur graphique, une petite base de données musicales, un truc développé à la va vite...mais qui au fur et à mesure de notre parcours, prend sens, fait corps, devient logique, se révèle magique...nous offrant une sensible traversée au sein d'un univers, une monde, une cité perdue au milieu du désert, peuplée de robots au bord de l'extinction, de bâtiments en désuétude, où l'avancée technologique s'est toit d'un coup arrêté, où la nature est écrasée, où la vie est précaire, où le moindre outil est nécessaire, où tout est fait de briques et de brocs...m'évocant un atmosphère de science-fiction crépusculaire, mélancolique, un tantinet tristounet, s'inspirant des œuvres des 70's, des 80's et certaines plus contemporaines...s'inspirant du mouvement du diesel-punk, Steampunk et du néo-futurisme...s'inspirant de autant de notre passé, de notre présent et un peu de notre funeste futur...s'inspirant des territoires de l'Afrique, de l'Asie et de l'ère soviétique...nous touchant, nous émerveillant, nous faisant réfléchir et nous suprenant...donc au final une direction artistique rétro certes mais intemporelle et terriblement efficace...
Un truc simpliste ensuite, à travers son gameplay, un vulgaire point'n'cliquer comme on en a déjà, basé sur une maniabilité à peu de touche, avec peu d'interactions environnementales et peu de combinaisons d'objets...le tout sans pédagogie...le tout très linéaire...via de simples tableaux...s'enchaînant avec une facilité déconcertante...mais ça c'est de prime abord car au fur et à mesure de nos perenigrations, nous voilà soudainement satisfait de cette maniabilité instinctive, jouable à la manette, de cette limitation d'objets rendant le tout logique et censé, de cette inertie du personnage volontairement limités en totale accord avec son physique, soulagé de ne pas se taper des lignes de textes superflus, enchanté de comprendre par nous mêmes évitant toute frustration, agréablement surpris par tout ces petits puzzles égrenés ça et là faisant de moultes références, terriblement envoûté par ce qui ce révèle un open-world à taille miniature évitant tout aller-retours futiles, subjugué par cette richesse suggérée et bien cachée cassant toute lassitude, emporté par son sens du rythme au point de nous pas faire envie d'arrêter le jeu, titiller par sa courbe de difficulté progressive effaçant toute nécessité de mettre un mode facile, interloqué par toute cette cohérence...donc au final un game-design simple mais accessible, suffisamment élaboré, développé et retravaillé pour en devenir terriblement efficace....
Un truc enfantin, un récit autour d'un petit robot tout moche, sans nom, muet, vivant dans un monde dessiné par un enfant, sans réelle narration...mais qui part ces animations succinctes, les bulles animées émises par nôtre Wall-E du pauvre, le décor et l'environnement s'exprimant par eux mêmes, les différentes rencontres non-verbales égrenées ça et là, la musique s'adaptant a la situation, les sonorités environnementales très expressives, les interactions servant de fil conducteur, les puzzles offrant moultes péripéties, l'arrivée du second personnage renforçant notre engagement, les rares habitants fragiles apportant une folle envie de les aider...c'est toute une ambiance, tout un atmosphère qui se déploie devant nos yeux ébahis, nos mains tremblantes, nos oreilles grandes ouvertes, nos petits cœurs touchés...un conte, une histoire, un récit bien plus réfléchi et mâture, bien plus profond et métaphorique, bien plus spirituel et philosophique, bien plus critique et satirique qui se dévoile, qu'il n'y paraît et nous laissant amoureux de celui-ci, attaché à cet incarnant, émerveillé par cette imbrication entre récit, ludisme et art...sans une once de dialogue ou d'écriture...donc au final une cohérence ludo-narrative impeccable, à la fois humaine, sensible, sensé, intellectuelle et terriblement efficace....
C'est donc lors d'une unique et seule session, démarrant un simple après-midi...se terminant tard dans la nuit...le lendemain d'un merveilleux voyage...que j'ai pris une nouvelle claque, une nouvelle marque, une nouvelle satisfaction...fruit de l'extraordinaire travail d'Amanita Design...qui prouve ici, qu'avec peu mais avec beaucoup d'amour et d'intelligence, on peut faire énormément...que les graphismes, le gameplay, la narration peuvent être abordés par d'autres prismes...que les émotions, les sentiments, les sensations peuvent être exploités différemment...que les petits trucs peuvent se révéler être des œuvres massives, importantes, nécessaires et utiles...que les chef-d'œuvres sont universels et intemporels.....merci à eux pour ça et terriblement avide de les revoir sous peu....