Mêmes les développeurs vidéoludiques indépendants trient leurs ordures ! Oui, ça c'est bien ! Quand certains boivent du Coca Cola du matin au soir en balançant leur pauvre cannette contre un mur meurtri, d'autres se mettent en tête, et ce, dès leurs études, de jeter des robots aux ordures. C'est ainsi que les Tchèques d'Amanita Design se sont mis dans l'idée de créer un jeu d'aventures fait de métal, de solitude, d'étrangeté et d'amour. C'est beau. Ainsi Machinarium est venu s'ajouter à la liste des jeux d'expériences, ce pourquoi on aime jouer, ce pourquoi j'aime jouer ! À l'instar des courts-métrages d'animation qui sillonnent les festivals du monde, Machinarium distille le même genre d'intimité et de bizarreries. Avec ces prix honorifiques amplement mérités.


Machinarium est un point'n click. Pas de boum, pas de paf, ici ça cogite. Chaque tableau est sombre, métallique mais d'une beauté visuelle et d'un détail effarant. Le ton est lancé dès le début – même si les raisons s'avèrent obscures et disséminées lentement, très lentement -, le personnage principal se retrouve balancé dans un tas d'ordures. Démembré, le robot devra débuter l'aventure en partant à la recherche de ses membres. Comme tout jeu d'aventure de ce genre, seuls certains points de l'écran sont cliquables. La particularité du robot vient du fait de son corps extensible. Trois niveaux d'extensions, une marche qui s'en ressent (du plus rapide au plus lent) et un accès différent pour chacun d'eux.


Le jeu est, pour ainsi dire, muet. Tout se fait par des onomatopées, des symboles et des phylactères visuels. Cela a permis au jeu d'être localisé en une fraction de seconde. Dans Machinarium, on retrouve une cohérence particulière sur l'accumulation d'objets. Autant les personnages habituels de ce type de jeu – portant poteaux et autres objets gigantesques dans leurs poches ridicules - ne peuvent physiquement pas mettre des babioles à l'infini sur eux. Ici, plus de problème, notre camarade gobe ses trouvailles comme s'il s'agissait d'un coffre de voiture.


Comble de son succès, le jeu est sorti en version boîte après l'acquisition d'une notoriété grandissante sur la scène du dématérialisé. Pour un peu plus de dix euros, vous repartez avec une version luxueuse comprenant la fantasmagorique et magnifique bande originale (signé par le lointain Tomas Dvorak).


Dans la balance des positifs, on retrouve de fameux clins d'œil des créateurs avec, aux détours de puzzles particulièrement ingénieux, des hommages aux jeux d'antan avec une version remaniée de Space Invaders ou encore un mix entre du jeu de Go et Othello. L'influence est un subtil micmac entre ce qui se fait de mieux dans les univers générateurs de rêves. Jules Verne, passe la tête par-là, les productions Lucasarts (Monkey's Island), pour l'humour et Broderbund Software (Myst) pour le myst-ère, de l'autre !


Machinarium se rapproche de trois médias. Pour son support même (jeu vidéo) : le choix du genre « point'n click » était légitime puisqu'il assure cette cohérence quant à l'aspect de recherche tout en profitant grandement des décors. Les combinaisons aberrantes d'objets, inhérentes à ce style vidéoludique, renforcent le burlesque de l'aventure. Ensuite, on retrouve l'aspect transfigurant et envoûtant des meilleurs courts-métrages d'animation. Son ambiance sonore y aide grandement. L'audace graphique est au niveau de son background musical, fait parfois à partir de choses indéfinissables. Avec ses plans fixes, on se retrouve également dans un univers assez proche de la bande dessinée. Les traits sont davantage crayonnés, ce qui donne un aspect de story-board. On retrouve cette initiative fréquemment dans le jeu de société allemand. Cela n'enlève en rien la profondeur du message et l'intensité de l'émotion.


Comme à l'accoutumée, la perfection n'est pas de ce monde. L'expérience ne dure pas des heures et des heures mais est d'une intensité rare. Pour le prix environnant une onéreuse bande dessinée occidentale, le rapport/qualité prix n'est pas des plus absurdes, quoi que vous puissiez en lire.

Gaeru83
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 28 déc. 2011

Critique lue 1K fois

7 j'aime

Gaël Barzin

Écrit par

Critique lue 1K fois

7

D'autres avis sur Machinarium

Machinarium
Jopopoe
5

Enchanteur mais salement ennuyeux.

Je comprends qu'on puisse succomber à l'ambiance, moi aussi j'ai adoré. Graphismes superbes, musique envoutante, originalité bien sentie : tout ça c'est que du bonheur. Mais là où le bât blesse,...

le 20 janv. 2011

18 j'aime

Machinarium
Bunzer
8

C'est l'histoire d'une machine et d'un aquarium

Machinarium, c'est avant tout de l'art. L'art de dessiner des artworks proprement magnifiques, l'art de mettre une musique atypique, mélancolique et prenante, l'art finalement d'extrapoler la touche...

le 9 sept. 2012

13 j'aime

Machinarium
Gaeru83
9

Critique de Machinarium par Gaël Barzin

Mêmes les développeurs vidéoludiques indépendants trient leurs ordures ! Oui, ça c'est bien ! Quand certains boivent du Coca Cola du matin au soir en balançant leur pauvre cannette contre un mur...

le 28 déc. 2011

7 j'aime

Du même critique

La Liste de Schindler
Gaeru83
8

Critique de La Liste de Schindler par Gaël Barzin

Plus on se rapproche de la réalité, plus cette dernière semble atemporel. C'est ainsi que La liste de Schindler semble, presque vingt ans après, toujours aussi crédible tout autant dans sa thématique...

le 22 janv. 2012

7 j'aime

Machinarium
Gaeru83
9

Critique de Machinarium par Gaël Barzin

Mêmes les développeurs vidéoludiques indépendants trient leurs ordures ! Oui, ça c'est bien ! Quand certains boivent du Coca Cola du matin au soir en balançant leur pauvre cannette contre un mur...

le 28 déc. 2011

7 j'aime

Arcane
Gaeru83
10

Critique de Arcane par Gaël Barzin

Rien n'est plus jouissif que de tomber par un hasard absolu sur une production stimulant agrément, et le mot n'a pas été aussi faible depuis bien longtemps, mon appétit culturel. Dans une routine qui...

le 23 nov. 2021

6 j'aime

4