Après de nombreux jeux plutôt exigeants ces dernières semaines d'un point de vue mental, en particulier du côté de l'horreur, j'ai eu l’envie d'un peu plus de "légèreté". Cela faisait presque une année que je n'avais pas touché à une œuvre où l'on défouraille sur les membres de notre propre espèce, et que voulez-vous, les instincts primaires ressurgissent parfois.
Plus sérieusement, Mafia a répondu à ce que j'attendais, que l'on pourrait résumer à un anti GTA. Je ne l’ai que rarement développé sur Sens Critique, mais je ne suis pas un grand adepte des jeux Rockstar en général, même si ce n'est pas le lieu pour débattre de cela, je souhaitais le noter pour comprendre que si j’ai apprécié Mafia c’est avant tout car il n’a pas la structure d'un GTA.
Mafia se présente sous la forme d'une ville en monde ouvert, certes, mais nous sommes régulièrement, si ce n'est toujours guidé, et il est difficile de sortir des rails du scénario. Mafia est construit autour de son histoire et uniquement celle-ci et cela me convient parfaitement sous cette forme.
Cela apporte un dynamisme à la narration et un engagement que je ne retrouve pas dans les GTA mais ce n’est que mon avis personnel.
Sans aucune distraction, les rares embardées que l'on fait seront à la discrétion du joueur qui souhaite souffler et flâner entre deux missions, même si celles-ci demanderont presque toujours à être exécutées à la suite sans temps mort.
La variété des lieux et des missions permet de voir une large partie de la ville, mais pas dans son entièreté, c'est pour cela qu'il existe aussi un mode exploration libre accessible à n'importe quel moment du jeu depuis le menu principal et qui servira simplement à voguer dans toute la région librement sans intervention de l'histoire.
L'histoire en elle-même est plutôt passionnante, assez éloignée des clichés des films de Mafieux, j'aime particulièrement résumer celle-ci avec l'une des premières phrases du Don qui nous recadre sèchement en exigeant qu'ici le mot "Fuck" soit tout simplement interdit.
À un rythme normal, le scénario vous occupera sans souci pendant près de 15 heures, ce qui est tout à fait honorable, à noter qu’il n’y aura rien d’autre ou presque à faire par la suite.
La principale force du scénario est l'engagement que celui-ci procure via un point en particulier, la modélisation, le doublage et le charisme exemplaire de chaque protagoniste.
Pour un jeu PS4, je ne me souviens que des visages de Death Stranding atteignant un tel niveau de détails et surtout d’expressions faciales.
Ce point en complément des implications prenantes du scénario, fait qu’il est difficile de lâcher la manette à la fin d’une mission, d'autant que l’intrication scénario, missions et séquences de gameplay, découlent presque toujours sur des moments grisants de plaisir.
Que cela soit via des courses de voitures, des phases d'infiltration sur un bateau, poursuite d’un avion ou des braquages, vous pouvez être sûr de ne pas faire deux missions identiques, avec à chaque fois un développement intéressant de chaque personnage. Sans oublier que la mise en scène très "film noir" et le ton volontairement très sérieux donne à Mafia une certaine justesse et sensibilité que, et je me répète, je ne trouve pas chez certains GTA, ou tout semble me passer au-dessus de la tête.
On notera que la structure du jeu reste par instants quelque peu dans son jus, avec une construction qui n’a pas nécessairement bien vieilli depuis l'ère PS2, surtout si l’on essaye de sortir un peu de ce que la mission exige. Il y a un couloir et en dévier n'apporte rien d'autre qu'un game over, assez frustrant par moments.
Ce que Mafia perd dans la possibilité d’avoir une structure plus éclatée, ce qu’aurait permis son monde ouvert au passage, il le gagne en richesse et en intérêt tout au long de l’histoire.
D’un point de vue plus technique, on peut affirmer que Mafia possède une proposition générale solide, en particulier sur l'éclairage. Sans être un expert des années 30 aux USA et de la période de la prohibition, Mafia semble être particulièrement attentif aux détails et l’ambiance générale est quand elle réussie et dépaysante.
La ville fictive inspirée de celles de l’Illinois de l’époque est plutôt vaste et la modélisation des parcs, immeubles, voitures et autre semble difficilement critiquable et on prend plaisir à simplement conduire ou à marcher au milieu de la ville sans but.
Je serai curieux de voir ce jeu boosté sur PC ou consoles de nouvelle génération, car il y a sans doute de nombreuses choses intéressantes à faire via le raytracing par exemple, à une époque ou le chrome dominait.
Cependant, l'ensemble reste un peu bancal sur PS4 Pro, avec de lourdes baisses de framerate et des apparitions de textures assez sévères, encore une fois si vous hésitez, je pense qu’il vaut mieux prioriser le PC, ayant acheté le jeu sur PS4 il y a bien longtemps, je n’ai pas eu vraiment le choix.
Le gameplay est quant à lui plus inégal. À l'image du reste du jeu, il va à l'essentiel, sans rien inventer, mais en le faisant bien, quelques armes, un système de couverture et c'est presque tout. Cependant, sur la longueur, il aurait été appréciable d'avoir un peu plus de variétés, heureusement les missions sont, comme on l'a vu, suffisamment variées pour ne pas lasser le joueur, mais c'était un peu court pour procurer des sensations inoubliables.
La direction hyperréaliste des engagements armés est par contre un très bon choix, si vous jouez en difficile ou en classique, le jeu reste possible tout en étant immersif avec des ennemis qui meurent en un ou deux coups et cela sera pareil pour vous.
De manière globale, Mafia se veut plus une simulation qu’un jeu arcade, mais il y a de nombreuses options à la discrétion du joueur pour plus ou moins faciliter le gameplay de tir et la conduite.
Mais pour ceux qui voudraient une expérience authentique, il existe le mode classique, combiné avec l’option conduite simulation et un filtre noir et blanc et l’on a réellement la sensation de repartir près de 100 années en arrière.
Sans distraction et avec une direction qui se veut sérieuse et réaliste, Mafia réussit là ou GTA a échoué dans mon cas, m'immerger dans l’histoire et m’attacher aux différents protagonistes.
Rien n’est parfait et heureusement pour lui le jeu n’est pas trop long car il pourrait devenir répétitif à cause du manque de richesse du gameplay et la sous utilisation de son monde ouvert. Il reste que chaque chapitre possède une approche presque unique et que l’on ne voit pas arriver la fin, qui pour moi se finit de manière tout autant réussie que le reste du scénario.
Mafia n’est pas le jeu de la décennie, mais la proposition globale est suffisamment spéciale pour que vous puissiez y trouver une œuvre dont vous vous souviendrez sans forcer.