Dans l’océan des licences de Nintendo, certaines gardent le cap et d’autres voguent on ne sait où pendant des années. Mario & Luigi fait partie de ces licences moins connues par le grand public, qui apparaissent subitement sans crier gare. Après cinq épisodes et une faillite du studio Alphadream en 2018, la licence n’a pas donné signe de vie durant six longues années, avant de ressurgir à la fin de vie de la Switch. Est-ce là le grand retour de la licence ? N’ayant jamais joué à la licence, je ne saurais répondre à la question.
Mario & Luigi, c'est un espèce de RPG avec des phases de plateforme et des énigmes assez basiques. On joue les deux frères en même temps, les boutons A et X font sauter et frapper au marteau Mario alors que les boutons B et Y sont réservés à Luigi. Ce dernier nous colle aux basques, mais arrive à se coincer seul et à couiner « Mario ». Certes, c’est rare, mais ça reste irritant. Les deux brothers vont devoir rattacher des îles à un navire. Le jeu alterne les « donjons » et les « énigmes » et est rythmé par des combats réguliers. Le système de combat est classique, mais très efficace. Quand l’ennemi attaque, on peut esquiver ou contre-attaquer. Quand c’est le tour de Mario ou de Luigi, les attaques demandent des petits QTE pour amplifier les dégâts. Les QTE sont plus complexes pour les magies. Rien de révolutionnaire, Paper Mario n’a pas à trembler, mais ça fait le travail. J’émets de grosses réserves quand par moment les attaques ennemies manquent de visibilité et demandent des réflexes impossibles. Le timing est parfois très exigeant et il arrive qu’il soit injuste et devienne hasardeux. Là où le jeu est excellent, c’est sur l’idée des prises. Au cours de l’aventure, on débloque des prises qui permettent d’obtenir des bonus. Suite à plusieurs utilisations, les prises se désactivent et demandent un certain nombre de tours pour être réutilisables. C’est excellent, car la synergie entre les prises est totale, les effets de l’une vont se mélanger avec les effets d’une autre et de proche en proche provoquent des différences de gameplay remarquables. Ça force à varier son gameplay et de façon non contraignante.
De plus, le gameplay en dehors des combats s’enrichit durant l’aventure grâce à des mouvements contextuels. Rien qui ferait crier au génie (de Luigi), mais ça permet de rythmer l’exploration. C’est presque amusant de laisser Luigi faire le boulot pendant que Mario s’occupe d’une autre tâche. Je pense que les phases qui demandent un gameplay asymétrique entre Mario et Luigi pourraient être plus fréquentes et plus variées. Ce qui brise le rythme, par contre, c'est la quantité hallucinante de dialogues inutiles. À l’habitude des jeux Nintendo, celui-ci est beaucoup trop bavard pour rien. C’est dommage, car il reste bien écrit et drôle (voire hilarant) à plusieurs reprises, mais si seulement ils pouvaient fermer leur mouille plus souvent, cela serait un bonheur. Même le personnage de Couchomb est fun avec son ton et son langage familier. Ce n’est pas là le seul défaut. Le jeu est trop long. Il m’a fallu 45h pour finir à 100% et j’estime que 35 suffisent pour finir le jeu en ligne droite. Le dernier tiers, pour ne pas dire la seconde moitié, parait interminable. Ça traine en longueur et ça raconte des choses comprises depuis des lustres. Le jeu veut faire passer un message simple : le lien entre les personnes, qu’il soit amical, fraternel ou amoureux. Le thème de l’électronique fait comprendre que ce lien peut aussi passer par la technologie et blablabla… Si le message et le thème sont appréciables, la lourdeur gâche pas mal le tout. Combien de fois on va voir ce duo de danseurs ou ce couple d’amoureux pour des trucs inintéressants ? Trop souvent. De plus, si le jeu est vraiment joli avec une DA cel shading efficace, la Switch tousse fort. La fluidité n’est pas au rendez-vous. La BO est mitigée, le début possède de nombreuses musiques qui font remuer le popotin et la seconde moitié est moins enthousiasmante.
Bref, Mario & Luigi : L’Épopée Fraternelle est sympathique à parcourir, mais trop long et trop barbant à la longue. C’est fun à jouer par moment, et à d’autres lourdingue. J’ai retrouvé un mood proche de Pokémon Donjon Mystère avec le fait de rencontrer des personnages, qu’ils rejoignent le hub central, etc… Le système de combat fait le café et l’écriture est drôle, mais quand on approche de la fin, on lâche un soupir « enfin ».