Tennis à grosses moustaches
Roland-Garros, Euro de foot, Tour de France, J.O. de Pékin... L'été s'est donc passé sous le signe du sport, médiatiquement parlant, et ce jusqu'à saturation. Vidéoludiquement parlant aussi. Car, bien qu'elle ne soit pas la discipline la plus portative (voir précédemment Top à... Top Ranking Tennis), la simulation de Tennis a continué d'animer quotidiennement mes allers-retours banlieue/BnF pendant tout le mois d'août. En effet, c'est au total près de 13 heures que j'ai passées avec Mario Power Tennis sur Game Boy Advance. Le jeu développé par Camelot réactualise une formule plutôt originale initiée il y a quelques années sur Game Boy Color (Mario Tennis, 2001 sur lequel je me rends compte être resté plus de 23 heures !) : un jeu de tennis mâtiné de RPG dans lequel le joueur fait évoluer son personnage au grès des entraînements, des matchs et des tournois remportés.
La possibilité d'accompagner et de faire progresser son avatar depuis le stade de novice à celui de joueur professionnel a pour conséquence de faire débuter le joueur avec un personnage aux capacités très limitées : le personnage court très lentement, ses frappes sont peu puissantes et les angles très fermés. Autant vous dire que l'intensité et l'intérêt des parties de tennis s'en ressent lourdement. Pour ainsi dire, elles sont passablement ennuyeuses et stéréotypées : service, montée au filet, amorti et lob ad libitum. Sentiment redoublé lorsque l'on a passé 23 heures sur la première mouture et que l'on doit repartir à zéro avec la version Advance. Il faut ainsi attendre le 10ème ou le 11ème match avant de commencer à sentir un certain challenge. On a vu plus rythmé comme expérience de jeu !
Plus désagréable et assez insidieux dans cet univers très kawaï, la doctrine sous-jacente de la performance sportive et le culte de la victoire qui sourd de chacun des dialogues entres les protagonistes : chaque match remporté se conclut par un laïus de l'entraineur concernant l'état d'esprit du vainqueur, la recherche du toujours plus, l'ambition ou la carrière sportive. Bien évidemment, l'état d'esprit du personnage incarné par le joueur, très humain, compréhensif et particulièrement empathique à l'encontre de ses adversaires battus est sensé faire contrepoids à cet arsenal idéologique. N'empêche, le message sportif s'impose ici comme partout ailleurs : gloire au vainqueur et malheur aux autres. Au fait, quelle équipe est arrivée troisième au dernier Euro de foot ?
Non, ce qui sauve finalement ce Mario Power Tennis, ce sont ses mini-jeux d'entraînement. Multiples épreuves visant à améliorer les différentes caractéristiques du tennisman – sa détente, sa vitesse, son endurance, sa psychologie (!) – à mi-chemin entre épreuve de dextérité et les mini-jeux de Warioware, certaines d'entre elles intertextualisent sans vergogne avec quelques monuments du jeu vidéo. Ainsi l'épreuve Casse-Briques rend-elle hommage au plombier à casquette de velours, la Corde à Donkey Kong, le Tour de vis lorgne du côté de Bomberman et le PPC lance un clin d'œil à Alex Kidd. Et puis, que dire de Mei-Lin et de ses vrais faux airs de Chun-Li... C'est bien lorsqu'il exprime ses penchants vidéoludophiles que ce soft donne le meilleur de lui-même. Pour le reste, on repassera...