Novembre 2007. Sega nous livre le plus incroyable des cross-over pour qui a connu l’âge d’or du début des années 90 ayant pour trame de fond la guéguerre que se livraient Megadrive et Super Nintendo. Mario et Sonic réunis dans un Track & Field à la sauce Jeux Olympiques d’été. Tout un programme. Un premier épisode imparfait, un peu trop casual, mais assurément plein de promesses. Six ans plus tard et quatre épisodes au compteur, on attendait donc ce Mario & Sonic aux Jeux Olympiques d’Hiver de Sotchi 2014 au bas des pistes pour une consécration en HD ; Wii U oblige. C’était hélas sans compter sur la paresse de Sega qui, il faut bien l’avouer, a non seulement casualisé un peu plus sa licence, mais n’a surtout pas pris la peine de gommer certains défauts agaçants déjà présents dans le premier épisode.
Alors oui, le jeu est beau. Rien d’exceptionnel pour la rétine certes… mais tout est propre et lisse. Exactement ce qu’on attendait d’un Mario & Sonic aux sports d’hiver en haute définition. Bien sûr, on pourra lui reprocher le background « JO d’hiver » forcément plus redondant et moins varié que celui des JO d’été : sur les 24 épreuves (18 épreuves classiques et 6 épreuves »rêve »), on retrouve ainsi forcément quelques doublons pour atteindre « les minima » requis (Patinage de vitesse 500m/1000m ; Skeleton/ Boblseigh à 4 ; Patinage artistique/Danse sur glace ; Snowboard cross/Freestyle ski cross…). Mais pour le coup, les développeurs n’y sont absolument pour rien : ils ne sont ici victimes que de la loi du genre.
Mais là n’est pas le problème essentiel. Il y a d’abord ce gameplay souvent foutraque à base de ratatouille de Gamepad et de Wiimote/nunchuk qui va vous faire passer d’une configuration à l’autre au gré des épreuves, alors que rien ne l’impose a priori (tantôt il faut incliner le Gamepad, tantôt la Wiimote et le Nunchuk…). Et que dire des choix encore plus discutables que dans le premier épisode : là où Pékin 2008 faisait la part belle au Waggle-frénétique (façon button mashing à l’ancienne) exténuant au sens propre ou aux séquences de boutons à valider dans la plus pure tradition des Track & Field, on se retrouve ici souvent avec du motion gaming « waggle mode » dans ce qu’il y a de pire ; à savoir mou et pas très précis (que cela soit pour incliner ses skis ou son snowboard, faire un saut ou faire une figure…). Du fait de ces imprécisions, la console est souvent très tolérante… réduisant à peau de chagrin la marge de progression qui fait le sel de ce genre de jeux multi-sports. Mario & Sonic aux Jeux Olympiques de Pékin 2008 était un multi-épreuves lorgnant un peu vers le party game. Sotchi 2014 est assurément un party game mou (on joue chacun son tour la plupart du temps) qui lorgne un peu vers le multi-sports (ne parlons pas des épreuves « rêve » totalement barrées mais pas amusantes pour autant). Le résultat est sans appel : en solo, en mode normal, les médailles d’or tombent après 2 ou 3 essais grand maximum. Un constat en forme d’aveu d’échec. Et vu le mode en ligne ultra-limité (4 épreuves seulement sont jouables online), on n’y reviendra pas de sitôt.
Et le multi dans tout ça ? Là encore, les joutes manquent souvent de peps à cause du gameplay général mou et imprécis (à quelques exceptions près) ; laissant la part belle au hasard. Et que dire des inégalités flagrantes sur certaines épreuves (on pense au biathlon pour la visée…) entre le joueur équipé du Gamepad et ceux avec une Wiimote…. Mais surtout, Sega a repris ce foutu système de mini-championnats de 4 épreuves qui attribuent des points fixes en fonction du classement (façon Mario Kart). La performance pure n’est donc absolument pas prise en compte pour attribuer les points comme c’est le cas dans un Décathlon (système judicieusement repris par International Track & Field et ESPN Winter Sports de Konami). Autrement dit, il y a souvent peu de suspense ou d’enjeu sur une épreuve. On ne ressent absolument pas ce stress de la dernière épreuve qui peut faire tout basculer en cas de performance totalement loupée d’un des joueurs.
Mario & Sonic aux Jeux Olympiques d’Hiver de Sotchi 2014 est donc une vraie déception. C’est d’autant plus dommage que la réalisation et l’habillage ont été particulièrement soignés, tout comme la quantité d’items à débloquer. Mais le gameplay mou et peu inspiré tout comme le système de points bancal en multi auront trop vite fait de laisser la place à un ennui gêné à plusieurs. Sega loupe donc le podium olympique, et les petits arrangements entre juges russes et français n’y sont, pour le coup, vraiment pour rien. Ni vraiment bâclé, ni vraiment mauvais… juste trop superficiel et insipide… Quand on pense que c’est Sega qui avait développé Decathlete et Winter Heat dans les années 90, on a vraiment de quoi pester contre ce gros gâchis…