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Into the Spider-Verse et Spider-Man PS4 étaient respectivement les meilleures choses qui soient arrivées à l'homme araignée depuis la trilogie de Sam Raimi; de quoi annoncer la venue de ce Miles Morales sous les meilleures auspices? Pas si sûr...Car s'il y avait bien un écueil que je pouvais adresser à l'égard de la narration du jeu originel, c'était bien l'intégration au chausse pieds de ce second Spider-Man dans une intrigue qui semblait largement pouvoir s'en passer, une Side Story peut être intégrée tardivement pour anticiper la venue du formidable film d'animation qui serait dédié plus tard au même personnage et aujourd'hui cette extension censée nous faire accepter Miles comme un remplaçant convaincant de ce brave Peter. Mais affirmer l'identité de ce nouveau héros c'est bien; la concrétiser plus pragmatiquement dans le gameplay et l'interactivité, cela aurait été encore mieux.


Déjà Vu.

Pourtant l'enrobage a été effectué indéniablement avec soin; les animations sont aussi peaufinées que dans le titre précédent pour conférer à ce nouvel acrobate une personnalité plus désinvolte et maladroite que son prédécesseur; le bougre manque de tomber à la renverse, regarde la caméra pendant ses voltiges et plonge la tête vers le sol sans se soucier des risques; à cette belle panoplie visuelle s'ajoute de surcroît des musiques bien adaptées en conséquence, reprenant les tonalités sonores du Spider-Man PS4 pour y insuffler une dose de mixe tape pas désagréable à l'oreille; le seul problème est que malheureusement tout ceci ne demeure justement qu'un simple enrobage car le feeling du traversal est en définitive identique à celui de Peter (et donc toujours aussi excellent) tout comme la sensation plus problématique des affrontements qui se révèlent de surcroît grandement simplifiés par ce nouveau personnage.


Comme dans les comics originels, Miles se révèle quelque peu cheaté par rapport à son mentor: son pouvoir de bioélectricité le rend dévastateur durant les combats sympathiques mais toujours aussi perfectibles (même si le jeu a le mérite d'inclure fréquemment de nouveaux archétypes d'ennemis pour contrer ses nouvelles capacités) et son camouflage démolit complètement l'infiltration déjà bien plus perfectible que sympathique du jeu originel; c'est bien simple : il faut se contraindre à ne pas utiliser l'invisibilité pour ne pas métamorphoser les rencontres avec les ennemis en un simple nettoyage de Map redondant. Un réel problème d'équilibrage (que le jeu aurait par exemple pu compenser en atténuant la capacité de régénération de Miles en comparaison de Peter) transformant la partie en une promenade de santé, même en difficulté spectaculaire, et conférant déjà à cette "extension" cette désagréable impression de 1.1 qui entachera plus tard l'expérience dans sa globalité. Mais ce n'est malheureusement pas le seul problème...


L'Araignée Sympa de Harlem

Entre Peter et Miles, il y a aussi une différence d'âge assez prononcée et malheureusement, les développeurs semblent avoir voulus en profiter pour interpeller de manière laborieuse la jeune génération en conférant à leur nouveau titre un aspect faussement cool et désinvolte. Les antagonistes principaux sont des jeunz faisant du street art et vêtus de néons violets, le grand manitou machiavélique est un blanc Hipster avec le charisme d'une huitre et Spider-Man s'exclame de joie quand son appli se révèle dans le Top 25 des programmes préférés des New Yorkais; bref, on se croirait dans une production Ubisoft de bas étage mettant en scène une jeunesse lobotomisée aux réseaux sociaux et prenant tout à la rigolade sans jamais être véritablement drôle ou subversif. L'humour est ainsi navrant en comparaison de son prédécesseur qui faisait souvent mouche en la matière, le Podcast hargneux de Jameson se fait ici en alternance avec une radio beaucoup plus bisounours où une gamine nous dictera des conseils existentiels venus de Wikipedia et il y a même la mission avec le chat à la con que vous pourrez caresser pour faire plaisir aux couillons d'Internet; oui, c'est agaçant car l'écriture était l'une des réussites inattendues du Spider-Man PS4 et il en devient d'autant plus étonnant (et regrettable) qu'elle soit un écueil aussi prononcé de cette "extension".


En témoigne d'ailleurs le manque de personnalité concrète de Miles, au delà d'être le gars sympa qui vous filera un coup de main à l'occasion; le jeu tente bien de lui insuffler une certaine portée dramatique en développant une relation personnelle avec l'un des antagonistes mais la démarche semble singer laborieusement l'opposition entre Peter et le Docteur Octopus avec bien moins de brio. C'est d'autant plus regrettable que la narration n'a clairement pas été bâclée mais elle se révèle orchestrée de manière très maladroite : l'un des flashbacks les plus importants du jeu, blindé d'interactions optionnelles, se révèle ainsi intégré durant la mission finale, brisant complètement le rythme du récit qui est censé mener vers l'affrontement ultime; autant d'écueils qui malmènent l'implication émotionnelle du joueur et atténuent l'impact de son dénouement, pourtant pas dénué d'émotion.


Une lacune narrative que la mise en scène spectaculaire parvient à compenser par moments, même si l'effet n'est certainement pas aussi probant sur PS4 que sa grande sœur toujours aussi introuvable deux ans après sa commercialisation (le titre se payant même quelques soucis d'optimisation et de fluidité assez étonnants de la part d'Insomniac). Mais attention quand on parle de mise en scène, cela implique surtout la quête principale car le mot d'ordre semble avoir été d'accorder encore moins d'attention aux activités annexes que dans le jeu précédent; la seule qualité véritable de ces objectifs rébarbatifs à accomplir étant de conférer à Miles un aspect beaucoup plus concret d'Araignée Sympa du Quartier en l'amenant à aider davantage les gens ordinaires dans leurs galères quotidiennes; même si on va pas se mentir : le jeu nous rabâche sans cesse qu'il s'agit du SPIDER-MAN de NOTRE Quartier à NOUS les gens de HARLEM; Black Lives Matter, on a compris, il y aura même une sourde-muette et un Wakanda Forever au générique histoire de cocher quelques cases supplémentaires de l'inclusivité comme cache misère créatif.


J'ai envie de tisser.

Vous l'aurez compris : si l'intention avec cette "extension" était de proposer un passage de flambeau véritable entre les deux Spider-Man, la qualité plus que mitigée de cette nouvelle proposition nous fait surtout craindre une mise à l'écart de Peter dans les aventures à venir pour les deux hommes araignées. Miles a pourtant un potentiel certain en tant que protagoniste principal (et Into the Spiderverse l'a bien démontré) mais il est évident que les équipes d'Insomniac ne sont pas autant à l'aise avec ce protagoniste que le Spider-Man originel. Pour être honnête, il n'est pas impossible que la VF nettement moins réussie de Miles, en comparaison de celle de Peter, ait malmené mon expérience dans le jeu mais il s'avère que cet écueil a également été adressé à l'égard de la VO où la voix enfantine de Miles semble détonner désagréablement avec son âge quand même plus avancé dans l'adolescence. Le plaisir de se balancer dans New York demeure toujours aussi grisant (et pour ma part, de prendre des photos en plein vol) mais la redondance se fait déjà malheureusement grandement sentir sans la diversité des personnages, le rythme maitrisé du récit, l'humour efficace et l'émotion inattendue qui caractérisaient son prédécesseur.


Espérons que cette extension a simplement été engluée dans la problématique de devoir être une démo technique convaincante sur PS5 alors qu'elle n'avait clairement pas l'étoffe d'être un jeu véritable; Spider-Man mérite mieux, Miles mérite mieux et en définitive, même les gens de Harlem méritaient mieux.

Créée

le 29 nov. 2022

Critique lue 98 fois

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Leon9000

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