Tout ce qui a commencé doit finir !
Et Mass Effect n'échappe pas à la règle. Ce volet clôt la saga, en dévoilant l'ultime combat du Commandant Shepard.
Pas de grande surprise niveau scénario : l'épisode précédent avait parfaitement amené la transition vers la guerre imminente contre les moissonneurs, et c'est ainsi que l'on se retrouve plongé au cœur du chaos. Avec pour premier équipier quelqu'un que je connais ni d'Eve ni d'Adam, mais que Shepard semble considérer comme un ami.
Bref, pas vraiment de surprise non plus sur l'objectif général du jeu, puisqu'il s'agit de rallier toutes les forces disponibles pour combattre l'invasion. C'est là qu'interviennent parfois les choix réalisés dans les deux précédents opus, car cela impactera sur la taille de l'armée. Toutes les annexes tournent autour de cet effort de guerre, de même que l'exploration des différents systèmes. Il est regrettable néanmoins d'avoir l'impression que seul Shepard est capable d'unifier toutes les races. Si les deux premiers Mass Effect donnaient au commandant un statut de héros, ici on passe la vitesse supérieure et l'on se rapproche du super-héros. À la fois en première ligne et parmi les diplomates, présent sur tous les fronts et seul élément capable d'arracher une victoire, Shepard semble être la seule personne de la galaxie capable de mettre un terme au conflit. Le commandant devient le centre de l'attention, l'unique espoir... comme si tout le monde se déchargeait de sa responsabilité sur ses épaules.
Pour ce qui est de la jouabilité, on reprend principalement les bases du 2ème opus, en ajoutant des petits plus qui rendent les combats plus intéressants. Les déplacements et les couvertures sont plus dynamiques, on peut désormais effectuer des roulades, se déplacer de couverts en couverts, jeter des grenades, donner des grosses mandales au corps à corps...
Les armes embarquent de nouveaux des mods qui amplifient leur efficacité, et leur gestion est particulièrement simple, de même que leur amélioration. Le jeu offre du choix parmi les différentes armes et mods, sans s'entraver d'un système d'inventaire mal pensé comme dans le 1. De plus, l'encombrement fait son entrée en scène, et influe directement sur la vitesse de rechargement des pouvoirs. On a donc le choix entre un armement lourd et de longs temps de recharge, ou un armement plus léger mais des attaques biotiques et technologiques à la pelle. De quoi ravir tout le monde.
En revanche, on subit les mêmes défauts inhérents à la série : la progression se fait par de longs couloirs sans choix alternatif, ce qui nuit notablement à la rejouabilité. La plupart des combats sont scriptés, ce qui se traduit bien souvent par « tenir la position jusqu'à ce que tous les ennemis soient morts ». D'ailleurs, au sujet des combats, j'aurais aimé ne pas avoir à combatte Cerberus pendant 75% des missions alors que je suis en guerre contre les moissonneurs. C'est comme si l'organisation était devenu une armée entière encore plus menaçante que les envahisseurs.
Entre deux combats, il y aura fatalement du dialogue (heureusement, ceux qui se sont trompés en croyant acheter le dernier CoD trouveront une option pour activer le choix automatique de réponse et s'épargner ainsi l'obligation de lire et de réfléchir). Contrairement aux autres volets, Mass Effect 3 ne propose que très peu de choix neutre. D'ailleurs, il propose très peu de choix tout court. La majorité des dialogues comprend une réplique conciliation, une pragmatisme, et une pour avoir des infos supplémentaires. Les répliques neutres n'existent presque plus, de même que celles faisant intervenir les scores de conciliation/pragmatisme (les options colorées bleues et rouges). J'en ai dénombré moins d'une dizaine sur toute l'aventure. Il en va de même pour les actions à déclencher pendant le dialogue : une dizaine, tout au plus. Dans le même registre, nombre de vos réponses sont automatiques, sans l'ombre d'un choix.
D'ailleurs, beaucoup d'annexes ne font pas l'objet d'un vrai dialogue : la majorité sont des rumeurs que l'on entend en se déplaçant dans la citadelle. Ces annexes sont de véritables plaies. Leur suivi est notablement pourri : « Un galarien de la citadelle a besoin d'un régulateur thermique » (ou quelque chose du genre). Ok... quel galarien ? Je dois me taper toute la station ? Quel régulateur ? Je trouve ça où ? J'ai pas d'inventaire, comment je sais si j'ai l'objet vu que le suivi de quêtes annexes marche pas et ne se met pas à jour ?
Concrètement ? Revenez régulièrement sur la citadelle faire le tour de tout le monde pour avoir des annexes et espérer pouvoir rendre ce que vous avez récolté lors de vos séances d'exploration. C'est parfaitement mal foutu.
Sans cela, le jeu est tout de même pas trop désagréable à jouer, même si les combats sont parfois un peu répétitifs. Ce qui sauve le tout est manifestement l'impact des choix des deux premiers volets (sauver ou non les rachnis, les colons de feros, les données sur le génophage, etc...) et la survie ou non des compagnons lors de la mission suicide sur la base récolteur. Et bien sûr, vos propres choix dans Mass Effect 3.
Néanmoins, quoi que l'on choisisse, il y a quelque chose d'horrible que l'on ne peut éviter, surtout que le jeu ne dure pas plus de 20h en faisant 100% des annexes :
La fin.
Je crois que je n'ai aucun mot pour qualifier cette émotion qui m'a saisit en découvrant la chute. C'est tout bonnement impardonnable. On nous fait vivre une aventure épique depuis trois épisodes, où la tension et l'ambiance montent crescendo, on sait parfaitement que cela risque de mal finir pour bon nombre des personnages, on envisage que le commandant Shepard effectue là sa dernière mission...
Mais ça ?
L'explication de l'existence des moissonneurs n'est pas particulièrement surprenante, car les informations données par Sovereign et l'Augure permettent d'assembler une bonne partie du puzzle. Même si j'émets d'énormes doutes sur la réalité du problème auquel les moissonneurs sont la solution, je déplore encore davantage les choix donnés à Shepard en cet instant crucial. On nous sert trois fins... pratiquement identiques. La cinématique ne diffère qu'à peine, et surtout ne montre rien. Il n'y a aucun sentiment de victoire dans cette aventure épique, d'autant que le dénouement qui semble le « meilleur » est totalement ridicule. C'est du gâchis, du véritable gâchis. Il n'aurait pas fallu grand-chose pour que la conclusion s'inscrive dans la continuité épique de l'histoire, mais c'est bâclé, alors que son potentiel était énorme. Une musique touchante pour la mémoire des morts, une cérémonie, un dernier regard vers la galaxie pour montrer l'aube d'un jour nouveau... Comment as-tu pu rater à ce point Bioware ? Il n'y avait aucun effort à faire... juste à poser la dernière pierre l'édifice...
Déçu. C'est tout.