Quand braquage rime avec carnage
Petit extrait d'un braquage de banque vu par Overkill Software :
10h52 : Il fait 25°, grand soleil. 4 hommes en costard entrent nonchalamment dans une banque. Leurs mouvements sont étranges, évoquant une glissade sur le verglas. De la manière la plus naturelle possible, ils s'éparpillent dans le bâtiment, pas même interpellés par les agents de sécurité. Leur objectif : trouver le directeur de la banque.
10h58 : Leur cible est acquise, ils se positionnent alors pour procéder au casse du siècle.
11h00 : Ils passent à l'action : Tous sortent leur masque et leur pistolet et procèdent selon le plan. Le directeur est ligoté, les otages mis à terre, les caméras détruites et les agents de sécurité liquidés.
11h07 : Tandis que Wolf part à l'assaut de la photocopieuse pour récupérer une scie, ses trois compères s'occupent du contrôle de la banque. Très rapidement, Hoxton se retrouve confronté à un problème : il n'avait pas prévu de pouvoir attacher plus de deux otages. La majorité demeure donc à terre, libres de leurs mouvements.
11h10 : Malgré les 8 otages sous contrôle, la plupart reste capable de fuite. Dallas suggère alors de les rassembler à l'arrière du bâtiment, de façon à prévenir toute évasion. Toutefois, malgré leurs multiples efforts, ni Dallas ni Chains ne parviennent à se faire obéir. La seule chose que les otages comprennent est l'ordre de rester à terre. Impossible de les déplacer, ils restent donc pour certains très proche de la sortie.
11h11 : En ultime recours, Chains ordonne à Hoxton de fermer les portes de la banque. Ce dernier refuse : activer quelque chose qui est n'est pas en surbrillance orange avec une barre de progression et sans la moindre animation est strictement contre sa religion.
11h12 : Wolf active la scie. Il lui faudra quatre minutes pour venir à bout d'un verrou de 5 cm.
11h13 : La police est là. Après avoir hurlé une ou deux sommations, les agents se précipitent sur l'entrée principale de la banque, sans le moindre système de couverture, et de préférence, parfaitement groupé. Pragmatique, Dallas fait magiquement apparaître un M-16 dans ses mains et abat froidement les forces de l'ordre, imité par ses compagnons. Une fois la boucherie terminée, Chains pose son pistolet sur la tempe d'un civil et menace de le descendre si un autre assaut est mené.
11h14 : Devant leur cuisant échec, les représentants de la loi optent pour une solution plus brutale encore, au mépris total de la sécurité des otages. Ils envoient alors des unités d'intervention, et postent des snipers le long des murs de l'immeuble, de façon à ce que ceux-ci puissent facilement être tués dès leur arrivée.
11h15 : Sous un déluge de feu, Chains met ses menaces à exécutions malgré ses mains tremblantes. Pour montrer qu'il est sérieux, il tue successivement un homme et une femme qu'il n'a pu ligoter. Hélas, cela ne semble qu'attiser la fureur de la police qui accélère la vitesse de ses renforts. A côté de lui, Wolf est touché deux fois. Il titube, mais reste debout, presque indemne grâce à son endosquelette de métal. Il se met à couvert quelques secondes pour récupérer, et reprend de plus belle son combat.
11h16 : La scie automatique tombe en panne. Dallas constate qu'il s'agit de matériel chinois, et n'hésite pas à frapper l'engin du plat de la main pour le remettre en marche.
11h17 : La porte cède, et les quatre braqueurs pénètrent plus profondément dans la banque. Ils tombent nez à nez avec quatre agent de la sécurité, qui semblent particulièrement surpris de les voir alors qu'une fusillade dure depuis plus de cinq minutes dans la pièce d'à côté.
11h19 : Dallas et Hoxton disposent de la thermite au-dessus du coffre pour y percer une entrée. En retrait, Wolf crie qu'il est à court de munitions. Pour Chains, c'est le signal. D'un geste de la main, il démontre une fois de plus son immense talent de prestidigitateur et fait apparaître un sac de 50 kg de chargeurs.
11h20 : Hoxton tue trois membres des forces d'interventions qui progressent en ligne droite avant de s'écrier : « Hé ! J'ai gagné un niveau ! ». Ses collègues l'envient. Eux aussi ne souhaitent qu'une chose : faire le maximum de victimes pour gagner de nouvelles armes et ainsi pouvoir tuer encore plus vite.
11h21 : Dans un élan d'intelligence, les forces spéciales lancent des fumigènes. Grâce à leurs yeux en céramique, les policiers peuvent aisément voir au travers et tirer sur les malfaiteurs qui ne peuvent que riposter en aveugle.
11h22 : Touché à multiples reprises, Wolf s'écroule. Dans un élan de courage, Dallas s'élance pour le relever à l'aide d'une petite seringue qui le remet d'aplomb.
11h25 : Cent morts et trois milles cartouches plus tard, le sol s'effondre. Les braqueurs descendent dans le coffre en toute confiance : la police va leur ouvrir la porte alors qu'ils sont bêtement coincés sous terre derrière un blindage de 2 mètres d'épaisseur.
11h26 : Tous remplissent leurs sacs de liasses de billets négligemment laissés sur la table. Le pactole empaqueté, ils profitent des dons de Chains pour faire disparaître l'encombrant magot qui devient à la fois invisible et ultra léger.
11h30 : Hoxton mène l'assaut pour sortir du coffre en force. Les flics meurent les uns après les autres, mais au milieu d'eux se tient un monstre en combinaison spatiale blindée que les balles n'entravent qu'à peine. Heureusement, celui-ci est aussi malin que ses confrères, et ne peut échapper à son destin malgré ses glissades latérales dignes d'un patineur artistique.
11h35 : Alors que Wolf prépare les explosifs pour s'échapper, Dallas est isolé du groupe par une nouvelle vague des forces de l'ordre qui empruntent désormais la voie des airs pour infiltrer le bâtiment. Le braqueur s'écroule sous les 15 kg de plombs qui emplissent ses entrailles, et est fait prisonnier.
11h36 : Chains, soucieux de l'unité du groupe, suggère d'échanger son camarade contre un otage. Hoxton, conformément à ses croyances, se met en quête de l'unique otage en surbrillance orange que la police n'a pas eut l'esprit de libérer quand les braqueurs étaient dans le coffre.
11h38 : Malgré le feu nourri et incessant, la transaction s'effectue, et Dallas revient parmi les siens, avec son sac d'argent, ses armes et son identité toujours voilée.
11h40 : Sains et saufs, les quatre survivants grimpent dans le véhicule de sauvetage pour compter leurs gains. Gain auquel il faudra bien évidemment retrancher les 100 000$ de munitions tirées pendant les 40 minutes du braquage.
Pour ceux qui ont la flemme de lire entre les lignes :
Le jeu ne se veut réaliste sur aucun point, et n'est au final qu'un mauvais Left 4 Dead avec des policiers. Aucune interaction avec le décor en dehors des objectifs, des hordes d'ennemis innombrables et idiots, des « mini-boss », un système de niveau ni bienvenu ni bien pensé, et un système d'auto-regen dont on aurait pu se passer. Et encore, vu qu'il s'agit d'un jeu coopération, je fais l'impasse sur la qualité de l'IA qui contrôle vos équipiers.
Une idée de base très bonne et quasi-inédite, mais une réalisation beaucoup trop arcade pour se détacher réellement des autres jeux. Heureusement, le côté coopération est tout de même plaisant (multiples objectifs simultanés), et permet de passer le temps une soirée ou deux avec des amis.