"It's been a good ride." "The best."
Qu'on se comprenne bien, je ne suis pas un vrai habitué des DLC, et je prends toujours énormément de temps avant d'en acheter un. Il n'y a guère que pour la saga Mass Effect que j'ai pu prendre en main la majorité des contenus additionnels, essentiellement pour des raisons d'addiction à cet univers extraordinaire, prenant, passionnant, qui m'a embarqué comme rarement. Un peu refroidi par les critiques mitigées d'Omega, je n'avais joué jusqu'ici qu'à Leviathan, qui nourrit un peu la fin originelle rachitique avec une phase de combat assez nerveuse mais un dénouement frustrant en terme de gameplay. Puis est venu Citadel, DLC XXL (4 gigas le bestiau!) qui promettait de refermer définitivement le cycle Shepard. Un peu fébrile, je m'attelle à essayer devant les critiques, dithyrambiques cette fois-ci.
Je vais essayer de pas spoiler le contenu du DLC, mais seulement d'aborder les apports dont on peut bénéficier en essayant de rester le plus évasif possible.
Le début est assez déroutant, on découvre ce grand appartement assez vide, quelques datapads où Anderson fait l'éloge de Shepard, rien de renversant mais j'ai encore en tête le final de Pinnacle Station (lequel je n'ai Dieu merci pas payé mais seulement maté sur Youtube) où on se retrouve dans un immense appartement où on ne peut grosso modo rien faire. Mais la perspective d'aller se détendre un peu avec Joker, ce personnage à la fois indispensable à la trilogie mais toujours trop en marge laissait augurer du meilleur. Et puis, surviennent ces hommes en cagoule et d'un coup, on plonge dans un tourbillon, esseulé face à une horde de terroristes qui veulent ta peau. Troublante et inhabituelle pour la saga, cette séquence d'ouverture, uniquement jouable avec un pauvre pistolet, est très ardue dans les difficultés les plus élevées (ces drones putain!) et offre une approche très différente, qui exploite à fond la roue des pouvoirs rendue presque indispensable.
Et puis, ton love interest débarque, ton commando se reconstitue petit à petit... et ça devient grandiose. La cohésion d'équipe est fortement mise à contribution, les twists sont sympas, et on n'est évidemment pas prêt d'oublier cette image géniale du commando réuni au grand complet, canardant du haut d'une échelle les sbires de la némésis du DLC, très fun même si on regrette que le personnage ne soit pas plus creusé. Et plus cette mission avance, plus les répliques, les petits tacles fusent, l'ambiance est à la fois sérieuse et bon enfant jusqu'à un dénouement une nouvelle fois très ardu (sérieusement, je suis mort dans ce DLC trois fois plus que sur ME3 au complet!) et au final très gratifiant. On s'est amusé, la mission était sympa, assez longue, très drôle par moment, bref, pas mal du tout ce Citadelle.
Sauf que là, vous n'avez joué qu'à un quart du DLC et que ce qui suit est la définition exacte de ce que doit être un vrai bon DLC. Après les turbulences et les cavalcades, place à la fête que vous devez organiser dans votre nouvel appartement flambant neuf. L'occasion d'inviter tout le monde et de faire le point avec tout l'équipage (conseil : jouez au DLC le plus tard possible dans l'aventure, juste avant le point de non-retour de l'aventure principale). Dès lors, plus énormément d'action en perspective, mais tous ces à-côtés qui font la richesse de Mass Effect déversés dans un torrent de fan service. On rit énormément (je pense à Grunt, Traynor et surtout Javik, dont la séquence vaut à elle seule le téléchargement de From Ashes), on est ému (Thanemancers, T'Sonistes, Jack lovers, ce DLC est inratable pour vous), on s'emballe... Bref, on vit ce DLC prenant de bout en bout.
Mais au-delà même de l'écriture des personnages toujours aussi délectable, Citadelle est rempli de petits bonus très bien pensés et qui rallongent (parfois artificiellement c'est vrai) la durée d'un DLC beaucoup plus long qu'à l'accoutumée (on frôle la dizaine d'heures en prenant vraiment le temps de bien faire). Le nouveau quartier, l'avenue Stellargent est magnifique avec ses rangées de néons et son architecture en hommage direct au travail de Moebius sur Blade Runner. Mention spéciale au simulateur de combat, vraiment bien fait, qu'on prend vraiment plaisir à expérimenter dans chacune de ses configurations, et qui surtout permet de jouer avec TOUS les personnages du commando, y compris ceux non jouables dans ME3 (Jack, Grunt, Miranda, Jacob même si on s'en fout). La musique de Sam Hulick est splendide, surtout dans les moments d'intimité qui font la part belle au piano (la reprise de Vigil de ME1, la superbe Lost in You, les violons de Farewell and into the Inevitable...).
Jusque dans ses derniers instants (que j'ai presque envie de considérer comme la vraie fin de Mass Effect), Citadelle est une réussite totale, une déclaration d'amour de ses créateurs à l'univers qu'ils ont développé et qu'on a aimé suivre pendant trois épisodes. Quasiment aucun défaut, une bonne quête principale soutenue par un nombre colossal de moments de fan service grandioses, à en rire ou à en pleurer. Si vous êtes passionné par Mass Effect, c'est LE DLC à avoir, le DLC ultime, celui qui incarne le mieux ce que devrait être la philosophie de ce format : des propositions alternatives mais fidèles à l'esprit de la saga d'origine. Incontournable!