Seule ma grande estime pour la franchise Mass Effect m'empêche d'invoquer la publicité mensongère et la tromperie sur la marchandise, à la suite de mon voyage vers Andromède.
En exagérant moins, les espérances et attentes suscitées par les vidéos de présentation de l'Initiative Andromède me sont revenues en pleine figure au moment de dresser son bilan, et j'avoue qu'une grande partie des étoiles s'est volatilisée.
Mass Effect Andromeda est très joli en termes de décors, d'effets de particules, de jeux de lumières. Sa carrosserie est vraiment séduisante. Là-dessus, il tient son rang. C'est plus dans la tenue de route que les choses se gâtent un peu plus.
Je ne compte pas faire une redite sur les inégalités techniques et sur la finition d'ensemble (animations, moteur physique, interface des menus, DA, narration et bugs) Elles sont bien connues et ont été abondamment retranscrites.
La grande faiblesse de Mass Effect Andromeda tient à ce qu'il déçoit sur ses points forts et valeurs sûres d'antan. Seul le nouveau véhicule tout-terrain, le Nomade, et la dynamisation des déplacements en combats font à peu près consensus positifs (bien que je ne me remette toujours pas en mode solo de la limitation à 3 pouvoirs, et que je trouve très agaçant le système des profils et des favoris : la liberté et presque aussitôt la restriction...).
L'objet de mon avis sera de revenir sur les points qui m'ont le plus gêné et frustré dans mon expérience de jeu. Ce sera quelque peu épars.
Je m'attendais à du dépaysement, à bourlinguer dans de l'inconnu (environnement, formes de vie, technologie) et aussi à devoir faire preuve de plus de recul et de prudence dans les choix qui s'offriraient à moi.
Mass Effect Andromeda est bien paradoxal. Il a pour lui toutes les raisons de sortir des sentiers battus et pouvoir proposer sans retenue des expériences inédites -ou présentées bien différemment-.
Pourtant, il n'arrive presque jamais à surprendre et à convaincre que l'aire de jeu prend bien place dans une autre galaxie.
(seul véritablement le point de chute du prologue produit cet effet, hélas non représentatif des environnements futurs.)
Le résultat de ce Mass Effect Andromeda renforce ma croyance selon laquelle qu'un Mass Effect convaincant est un Mass Effect conçu en couloirs. Quitte à les rendre plus grands.
Dès lors que l'on reste sur la trame principale, les choses se passent plutôt bien. Il y a un semblant d'alternance et de nouveauté. Hélas, tout ceci dégringole lorsqu'il est question de passer aux grands espaces. Aux contenus dillués et génériques et aux aspects excessifs MMO, en veux-tu, en voilà.
Présentement, on parcourt des étendues vides et cloisonnées, certes justifiées par le scénario, mais qui ont le luxe d'être parsemées de points d'(dés)intérêt : avant-postes Ketts et faune archi réduite dans son genre, tous archi-maîtres dans l'art du clonage et de la réapparition, sans oublier les ruines gardées par des robots gardiens...
Eléments apparaissant toutes le 3 min (assez étrange pour des endroits sensés être vides) et ajoutez à cela les tâches génériques dans le journal des quêtes, même maquillées dans une ébauche de scénarisation, finissent de provoquer chez moi une certaine saturation.
Tant que j'y suis, j'ai eu du mal à entrer dans les attributions du Pionnier. N'est pas un pionnier la personne qui passe en premier, qui ouvre et défriche la voie pour que les autres suivent et s'installent?? A ce jeu-là, notre Ryder fait du l'usurpation de qualité : quasiment tout est découvert avant lui. Passe encore sur un monde, mais là c'est à chaque fois le cas sur les mondes habitables.
Enfin... j'ai fini par comprendre que "Pionnier" était un autre nom pour "élu de la dernière chance" (et SAM, littéralement le deus ex machina).
Pour en revenir au scénario et à la gestion du rythme de l'histoire, j'ai trouvé que l'histoire principale se laisse suivre, mais souffre d'une prise de risque trop calculée des développeurs. Ne parvenant pas à imposer dans les souvenirs des moments forts.
C'est là où finissent par coincer tous ces excès de prudence : les rebondissements et éléments de résolution sont convenus et finissent par manquer d'audace et de surprise.
Véritablement, c'est ici que j'attendais Mass Effect Andromeda au tournant : assumer une direction, des partis pris, quitte à ne pas plaire à tout le monde. En définitive, le ressenti global est fade car
l'histoire est générique et la plupart des situations et interactions entre personnages ont une saveur de déjà vu.
MEA fait clairement office d'épisode introductif des ingrédients du nouvel univers qu'il a tant de peine à proposer et à dramatiser. Au lieu d'être la mise en orbite annoncée, le véhicule émotionnel tient du soufflet et douche froidement la plupart des espoirs placés en lui.
J'oserai même jusqu'à dire que ce Mass Effect est à l'image de sa bande-son (ultime point qui m'a tiqué) : c'est joli et ça peut éveiller des choses par instant, mais l'ensemble finit par être quelconque et oubliable.
Il m'est difficile d'arrêter un thème musical précis et de l'associer à un endroit ou un moment fort spécifique. Bien sûr, sauf quand le thème en question est unique (musique de la carte galactique, musique du départ des Arches...).
Par exemple, il n'y a pas de thèmes pour les compagnons ou chacune des planètes explorables.
L'ensemble en devient répétitif, flirtant avec un certain manque
d'identité -surtout en combat-, alors même que la qualité générale est très honorable.
A mon sens, ce qui est bon pour un film ne l'est pas toujours pour un jeu-vidéo (encore plus de ce type).
Je finirai par une supplique : Si 2ème volet il doit y avoir, j'espère sincèrement qu'il n'oubliera pas de réouvrir et de clore les intrigues laissées en suspens. Et, bien plus important, qu'il saura cette fois-ci pleinement s'assumer. Ce sera un "MEA culpa" salutaire, sans cela, je crains fort que les plans futurs sur la franchise ne restent dans l'abîme.
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C'est certainement un bon jeu et qui parvient à divertir. Il n'en demeure pas moins qu'il est un Mass Effect plus en déça pour le passionné que je suis : car source de beaucoup trop de sentiments mitigés et de frustrations, qui ont fini par gâcher son potentiel.