Le cauchemar Américain pour un jeu référence
Le bullet time. Mais quelle belle invention pour le jeu d’action. Repris depuis dans beaucoup de genres et de jeux, beaucoup trop de personnes ignorent que ce n’est qu’en 2001 qu’il fut popularisé. Par Max Payne. Un jeu plutôt marquant qui, au final, ne fut pas joué par grand monde. Un tort. Nous allons ici rendre hommage à l’un des plus grands jeux d’action, sûrement le plus grand de l’ère 3D.
Max douleur ?
Commencer par expliciter pourquoi Max Payne est connu, à savoir grâce au bullet time, serait un peu trop évident. Et comme je n’aime pas la logique et la suffisance, je finirai par ça, voilà ! Car oui certes, Max Payne c’est un gameplay riche, profond et appliqué, mais c’est aussi une ambiance. Oui messieurs dames, une ambiance. Et je ne parle pas seulement de l’assemblage des musiques et des graphismes, non. Max Payne a bien une âme. Et comme son nom de famille le suggère, une âme torturée, malmenée. Max, jeune flic modèle, sort tard du travail. Comme souvent. Il n’a qu’une envie, retrouver sa femme et sa fille, un bébé d’à peine quelques mois. Ce ne sera jamais le cas. Une bande de junkies était là avant, tuant sa famille, sous l’emprise de la drogue. Saleté de produit. Max est anéanti, et ne va avoir plus qu’une seule chose en tête : la vengeance. Froide et irréversible. Violente et sans scrupules. Max est un flic, il sait manier les armes, et il va s’en servir pour remonter tout le réseau de fabrication de cette drogue de merde. La Valkyrie. Nous en avons de l’empathie pour ce personnage à la fois normal, et charismatique. Ce flic qui n’avait rien demandé, et à qui il arrive le pire. C’est vraiment la merde…
Dessine moi la douleur
Cette douleur, nous la percevons durant chaque seconde de notre aventure. D’abord grâce à cette foutue narration. Ici, point de cinématique. Non. Simplement des planches de BD, noires de crasse. Ces planches arborent un aspect tout de même réaliste, où Max apparaît dévasté, hargneux, mais néanmoins motivé. Une originalité qui met tout de même en exergue le caractère torturé de notre héros, ou anti-héros, appelez-le comme vous voulez, il n’en a rien à faire… Une musique des plus angoissantes accompagne cette nuée de saleté. Un thème principal tout simplement glaçant. Mais Max s’en moque. Foutue drogue. Foutue came. Foutue merde… Max ne s’en remet pas, et ce n’est pas la ville qu’il va parcourir qui peut lui remonter le moral. New York. La ville la plus crasseuse du monde. Des ordures dans les rues, des tolards dans les baraques, des drogués dans le métro. Vraiment rien ne peux sauver notre ami Max. Mais ce dernier n’a plus d’amis. Il est maintenant seul. Seul face au monde occidental. Seul face à sa vengeance. Seul. Pas tout à fait, il peut toujours compter sur ses amies les armes à feu. Ses seules amies et véritables compagnons. Saleté de drogue. C’est décidément la merde…
On n’est jamais mieux servi que par son flingue
Max est une teigne. Forgé par le désespoir, il sait très bien qu’il n’a rien à perdre. Et c’est pour cela qu’il va se lancer corps et âme dans une quête de vengeance qui semble perdue d’avance. Et pourtant… Max se montre hyper réactif. La colère donne des ailes, nous ne le savons que trop bien. C’est pour cela qu’il dégaine ses armes et part à l’abordage. Notre ami, ce foutu désespéré se manie plutôt bien. Il se laisse docilement diriger grâce au clavier (où à la manette) et oriente ses foutues armes grâce à la souris (ou au stick droit). Max nous donne alors la possibilité de faire ce qu’on veut de lui. De toutes façons, il n’a pas la force de se défendre. Et puisque nous voulons faire de New York un chantier, il ne dispose d’aucune raison pour s’y opposer. Il s’agit là, mine de rien, d’une bien belle maniabilité. Et Max dispose pour tout péter d’un large panel d’armes. Armes de poing ou d’épaule, il n’a que l’embarras du choix. Seule la mort compte pour lui, et non pas l’objet qui va lui servir à la distiller. Mais la mort peut aussi venir à lui. Car oui, Max n’est pas immortel. il peut avoir mal, physiquement, en plus de sa torture morale. Il n’a plus rien à perdre, j’espère que vous l’avez compris, espèces d’ignorants… Il se gave d’antalgiques pour essayer de rester en vie et venger sa famille. Mais il ne sera pas simplement aidé de cette merde. Il dispose d’un atout bien plus conséquent.
Le temps n’est pas un long fleuve tranquille
Le temps. Voici la seule chose qui peut sauver Max de la dépression. Le pardon de soi, l’oubli, et la rédemption, voilà ce qui fera de Max un homme heureux, un jour peut-être, dans très longtemps. Lorsque le temps aura fait son travail. Mais ce cours d’eau n’est en rien un long fleuve tranquille. Bien au contraire. Il peut être tordu, déformé, à la limite du possible. Max l’a bien compris, et il s’en sert à merveille. Au moins quelque chose qu’il maîtrise… Il peut ainsi courir, sauter, plonger, comme bon lui semble, au ralenti. Il appelle cela le bullet time. Un nom pas commun qui révolutionne l’action de notre monde imaginaire vidéoludique. Mais Max n’en a que faire. Il aurait bien préféré continuer sa vie, une pagaie en main sur la barque qui le conduit, sur d’un long fleuve tranquille cette fois, jusqu’à la fin de ses jours. Avec des enfants, des petits enfants, un chien, et une maison de banlieue. Le rêve Américain auquel il ne pourra jamais accéder. Mais toutes les périodes, même les plus affreuses ont une fin. Une bonne nouvelle pour Max, qui n’en peut plus de tirer sur tout ce qui bouge, avec la rage qu’on lui connait. Au bout de 8-9h il a déjà tué plus de la moitié des racailles de New York et remonté ce foutu réseau de drogué. Libération, vengeance, accomplissement. Mais cela ne fera pas revenir les gens qu’il aime, et qu’il a perdu. Foutue drogue… Foutue merde… Foutue vie…
A retenir
Max n’en revient pas. Il vient de passer 8-9h à la recherche de sa rédemption, pour se pardonner d’avoir laisser sa famille mourir, et surtout, pour les venger. Mais rien n’y fait, même pas la beauté des lieux qu’il a traversé, les musiques mélancolique qu’il a pu écouter, ou la maîtrise du temps qu’il a acquis. Il se sent inutile et répugnant. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est rentré dans l’histoire en devenant le héros d’un des jeux qui a marqué au fer rouge l’histoire des jeux vidéo.