Il paraît que c'est le sniper qui était le truc brillant du jeu. J'avais surtout pas saisi, quand j'y ai joué, que c'était la tête du gars, le sniper. Quand MDK est sorti, j'avais 3 ans. Quand j'y ai joué, un peu plus — il fallait que j'apprenne mon alphabet, d'abord, Alt, Ctrl, Space Bar, ZQSD, etc. Et quand j'ai appris que MDK semblait signifier “Murder Destroy Kill”, encore un peu plus. C'était mon premier software installé sur mon premier PC sans rien faire foirer, la fierté. Puis j'ai oublié. Et j'ai retrouvé le jeu, un peu plus tard encore, par hasard, à 2€ — i.e. 20% du prix Steam, avec un vrai CD et une vraie boîte en plastique, avec des vrais atomes de matière entiers dedans —, ce qui a réveillé un peu l'enfance, qui ne menace que d'être souillée par la réalité du jeu qui aurait mal vieilli, par la distance qu'il y a entre elle et mon souvenir.
Entre le bras-mitraillette, le casque-sniper, le level-design qui va du très relativement réaliste au plus en plus perché et délirant, les musiques qui étaient plutôt sympathiques — quoique répétitives à l'image du jeu lui-même, un peu —, l'humour un peu tordu-caustique, difficile de choisir ce qui est le plus sympathique.
Mais c'est fou comme les graphismes vieillissent bien dans la mémoire et pas tellement à l'écran. Quand on ne sait pas ce que sont les sprites, qu'on se fout pas mal de la tronche que ça a — parce que notre cerveau, incroyablement sportif quand il a dix ans, aime à polir les bords grossiers, remplir les vides, corriger les bugs… —, tout de suite c'est plus magique. Maintenant, bon, le double d'âge, c'est con, c'est que dalle, et pourtant, ça y est, déjà râleur expert, pinailleur invétéré, toujours à reprocher plutôt qu'imaginer.
Maintenant, la question est de savoir si j'y rejouerai un jour ou si je le laisse tel quel dans mon souvenir. Au moins, la raison pour laquelle ce jeu est génial ne saurait souffrir d'une déconsidération des graphismes : le héros s'appelle Kurt et il est concierge.