Metal Gear
6.7
Metal Gear

Jeu de Konami et Ultra Software Corporation (1987MSX 2)

Il serait difficile d'imaginer, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, que si Metal Gear -et par extension la saga toute entière- est ce qu'il est, c'est à cause d'une contrainte technique !! En effet, Konami avait demandé à Kojima de faire un "jeu de guerre" ; le problème, c'est que le MSX2 n'avait pas de grosses capacités d'affichage. Il prit donc le parti de faire un jeu dans lequel on esquive l'ennemi plutôt que de lui faire face frontalement, ce qui justifiait leur présence "sporadique"…


La "légende" voudrait qu'il ait pris pour base de travail un de ses films préférés, La Grande Évasion, auquel il a appliqué le processus inverse : dans le film, des prisonniers d'un camp nazi tentent de s'en échapper ; dans Metal Gear, il faudra au contraire s'infiltrer chez l'ennemi… Précisons d'ores et déjà que cette critique se concentre principalement sur la version MSX, et que la version NES fera l'objet d'un aparté vers la fin de la prose…


En 1995, un mercenaire fort "venimeux" érige une forteresse imprenable en plein cœur de l'Afrique du sud, baptisée Outer Heaven. Les grandes puissances mondiales s'en inquiètent un minimum, car celle-ci est soupçonnée de développer une terrible arme nucléaire d'un genre nouveau, susceptible de menacer le fragile équilibre maintenu par la Guerre Froide (le jeu étant sorti en 1987, Kojima ne pouvait pas DEVINER qu'elle prendrait fin en 1991 ; on dira que ça n'a pas été le cas dans l'univers "parallèle" de MG).


Le FOXHOUND, dirigé par le légendaire soldat Big Boss et spécialisé dans l'infiltration et la collecte d'informations, est appelé à la rescousse. Un premier agent est envoyé, Gray Fox, mais le contact avec celui-ci est finalement perdu au bout de quelques jours, avec comme ultime rapport les mots "Metal...Gear…". Un second agent est alors envoyé : certes, c'est un rookie inexpérimenté (pléonasme), mais ses qualités sont reconnues dans toute l'unité. Il s'appelle Solid Snake. Et c'est VOUS (ou moi, ou tous ceux qui le veulent).


Pour inciter le joueur à prendre l'habitude de ne pas se la jouer rambo, Kojima a décidé que Snake s'infiltrerait sans armes : si ça se justifie d'un point de vue ludique, niveau logique, je trouve cela complètement con. Et ne me dites pas que c'est une histoire d'humidité (Snake arrivant par la voie marine), on parle d'un type qui peut planquer un paquet de clopes dans son estomac (MGS) ; vous n'allez pas me dire qu'il ne trouverait pas d'endroit pour y loger un 9mm… (#image salace dans la tête).


Il récupère heureusement bien vite une première arme de poing, ainsi que tout un tas d'équipements forts utiles, du masque à gaz aux lunettes de vision thermique, en passant par les jumelles, le détecteur de mines, un gilet pare-balles ou la désormais célèbre boîte en carton (j'en oublie volontairement plein d'autres). Et aussi, pour son (et notre) plus grand malheur, des cartes d'accès. Qui sont au nombre de 8, et qui n'ouvrent qu'un seul niveau d'accès (le leur), dont le chiffre est certainement affiché EN GROS sur les portes (j'aime à le penser), mais qu'on ne peut pas voir à cause de la caméra aérienne…


Il arrive donc parfois d'essayer comme un abruti toutes les cartes jusqu'à trouver la bonne, même si contrairement à la version NES, dans 90 % des cas, les premières cartes ouvrent les premières portes et vice versa. Ce système sera partiellement amélioré dans MG2, puis totalement réglé dans MGS. Méfiez-vous par contre de la dernière porte qui s'ouvre avec la carte 1 vers la fin, celle-ci menant droit dans un trou…


Les trous ? Ce sont sans doute les pires "ennemis" du jeu, avec les espèces de rouleaux compresseurs, car chacun d'eux tue en un coup. Ils sont heureusement infiniment plus esquivables que sur NES et ce, grâce à une hit box mieux codée. Les gardes en revanche sont plutôt faciles à prendre à revers, car ces "couillons" ne voient vraiment que ce qu'ils ont pile en face d'eux (sauf en cas d'alerte). Les vrais ennemis sont alors plutôt les chiens de garde (qui nous repèrent de très loin) et les caméras mobiles (qui nous repèrent par surprise). Quant aux boss, si on excepte ce foutu Dirty Duck qui se sert d'otages, ils sont relativement faciles à battre, notamment le -gros- boss de fin…


Si l'équipement de Snake est complet, on ne peut pas en dire autant de sa panoplie de mouvements, qui ne s'étoffera réellement que dans sa suite. En fait, à part donner un coup de poing, il ne peut pas faire grand-chose, c'est à dire ni se baisser, ni ramper ou encore attirer les ennemis en faisant volontairement du bruit… En résulte un level design forcément moins riche que MG2, en plus d'être moins beau, même si tout à fait correct pour un jeu de 1987. D'ailleurs, si le jeu semble "manquer" de couleurs -avec une majorité de tons bleus, gris et ocres- ça renforce paradoxalement la crédibilité de la forteresse…


Une crédibilité qui est accentuée par le déroulement "réaliste" de la mission : si on s'infiltre seul, on N'EST PAS seul, car en contact radio constant avec Big Boss, puis avec les résistants de la populace locale qu'on rencontrera au fur et à mesure, qui nous communiqueront des aides et des informations utiles, et parfois non. Encore une fois, c'est assez sommaire, c'est du codec primitif, et il faudra attendre l'année 1990 pour que son plein potentiel narratif soit révélé…


En parlant de radio, l'OST du jeu est vraiment bonne, même si les pistes sont finalement peu nombreuses. La musique intervenant lorsqu'on est repéré, très justement nommée Red Alert, est d'ailleurs si excellente qu'il m'est arrivé plusieurs fois de faire exprès de passer devant une caméra de surveillance, rien que pour avoir le plaisir de l'entendre…


Un très bon premier opus donc, ce que N'EST PAS sa conversion NES. C'est marrant car d'habitude, ce sont plutôt les micros qui hérit(ai)ent d'une version pourrave venant du monde consoleux… Metal Gear sur NES possède de nombreuses tares bien relous :



  • un problème de level design. Si le jeu est à 80% (environ) identique, c'est justement les 20% restants qui clochent. Si on peut passer outre le fait qu'un sous-sol soit remplacé par un building, comment expliquer ce début incohérent : on n'est parachuté avec deux autres gars qu'on ne reverra jamais (ils sont probablement restés coincés dans les arbres, puis morts à la suite du bombardement… oups, spoiler!) et devons nous taper un long parcours dans la jungle, assez difficile de surcroît (rappelons qu'on débute désarmé) avant d'atteindre le premier bâtiment. De même, on doit DEVINER le cheminement permettant d'atteindre le dernier bâtiment, qui repop en cas d'erreur. On n'a AUCUN indice pour trouver la solution, ni dans les niveaux, ni par contact radio…


  • parlons-en, tiens, de la radio. Les fréquences ne sont pas automatiquement enregistrées dans le codec. Plus grave, des pans entiers de dialogues ont été purement et simplement supprimés, tronquant une partie de la "richesse" du scénario, notamment le développement de certains personnages. D'ailleurs, le jeu fait fort niveau cohérence… Il est tout à fait possible de ne jamais rencontrer Pettrovich, ou de sauver sa fille avant même de le trouver (le gag étant qu'il nous demandera quand même d'aller la secourir…). Pire encore, on ne combattra JAMAIS le Metal Gear, mais un espèce de Super Computer tout moisi gardé férocement par 4 soldats qui nous foncent dessus à peine entré dans la pièce, qui fait suite à un chemin électrifié…


  • une difficulté en dents de scie. On a d'un côté de nombreuses simplifications : nos armes ont une meilleure portée, les boss sont (encore) plus faibles, les ennemis volants...ne volent pas, on annule une alerte simplement en changeant d'écran, on peut vaincre les chiens de garde ou ouvrir les zones secrètes simplement avec les poings… À l'inverse, le jeu peut parfois se montrer inutilement ardu : les ennemis ont parfois des yeux dans le dos, ils sont placés de telle sorte qu'ils nous repèrent une fois sur deux quand on change d'écran (le radar n'existant pas encore), les rations équipées ne s'utilisent pas automatiquement lorsqu'on est sur le point de mourir… Et le pire reste les trous qui s'ouvrent beaucoup plus vite, ce qui, couplé à la hit box désastreuse, est un vrai calvaire. Il existe heureusement une astuce : mettre le jeu en pause, ce qui les stoppe dans leur élan. Mais faut le savoir… (je l'ai découvert par hasard…).



Bref, si vous voulez jouer à Metal Gear premier du nom, c'est vers la version MSX que vous devez vous tourner… Ça tombe bien, c'est celle-ci qui est présente dans MGS3 – Subsistence et dans le HD Collection


PS : tout le monde s'en fout, mais pour info, je mettrais 4 à la version NES.

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le 31 janv. 2016

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