Metal Gear 2: Solid Snake
7.5
Metal Gear 2: Solid Snake

Jeu de Hideo Kojima et Konami (1990PlayStation 3)

Pourquoi être aussi corrompu ? Aucun honneur ! Aucune dignité !

Découvertal Gear : 2/11


Metal Gear 2: Solid Snake (à ne pas confondre avec Metal Gear Solid 2, ni même avec Snake's Revenge qui est le deuxième jeu Metal Gear mais n'est pas canonique, suivez un peu ou vous n'allez jamais tenir 11 épisodes) est un jeu relativement obscur de la série, peut-être plus que le tout premier. Il n'a pas eu droit à un portage NES et n'est arrivé chez nous qu'une quinzaine d'années après sa sortie japonaise. Ceux qui s'y sont essayés sont toutefois d'avis que c'est une immense amélioration par rapport à MG1, donc j'avoue que j'avais des attentes assez hautes pour ce dernier épisode 2D.


Et effectivement, assez vite, les améliorations sautent aux yeux. Le jeu est un peu plus beau alors qu'on est toujours sur MSX2, l'UI a été améliorée et inclut un radar qui nous permet de scanner les ennemis humains aux alentours, on peut désormais ramper pour se cacher des ennemis… On comprend qu'on va avoir droit à une session d'espionnage plus complète que celle proposée par son prédécesseur.

Tout cela est d'ailleurs confirmé par la cinématique d'introduction du jeu. Assez longue pour l'époque (plusieurs minutes), elle détaille le contexte géopolitique de cette année 1999 où l'URSS existe encore (rappelons que le jeu est sorti en 1990, Kojima a beaucoup de qualités mais n'est pas devin). Après quelques années de relative stabilité entre les deux blocs, une crise pétrolière survenue à la suite d'un coup d'état au Zanzibar menace cette fragile paix. Qui eût cru que l'équilibre du monde reposait sur un pays africain aussi insignifiant ?

Un scientifique qui était sur le point de trouver une alternative au pétrole est enlevé par un commando zanzibarien (zanzibesque ? zanzibariste ?), c'est donc à Foxhound et à son meilleur agent, Solid Snake, de pénétrer le territoire ennemi pour exfiltrer ce scientifique.

Ce sera pour lui l'occasion de découvrir que littéralement tous ses potes de MG1 sont désormais passés à l'ennemi. Sont-ils des traîtres, ou leurs intentions sont-elles nobles ?


La prémisse du jeu est ambitieuse pour l'époque, on sent le traumatisme de 40 ans de Guerre Froide et le manque de confiance dans la paix qui pointait le bout de son nez en 1990. Le scénario est plus léger par la suite (on n'a que trois ou quatre gros dialogues, jusqu'au dénouement final) mais j'aime bien cette manière de faire. Et certains dialogues posent vraiment les bases de cet univers où il n'y a ni noir ni blanc, je pense à celui avec l'ex-athlète soviétique qui est vraiment tragique. Je sais que les jeux suivants vont être plus bavards (je redoute d'avance la cinématique de fin de MGS4), j'espère vraiment qu'un juste équilibre a été trouvé, je ne veux pas revivre le festival de cinématiques d'un Pokémon Soleil/Lune.

Mais bref, revenons à Metal Gear 2.


L'intelligence artificielle des ennemis a été améliorée, ce qui est toujours plaisant, et cela commence par leur champ de vision élargi qui les rend plus dangereux. Si on a été repéré, on peut se cacher pour attendre que les ennemis ne soient plus en état d'alerte. Dans le premier jeu, il fallait impérativement tuer une demi-douzaine de gardes pour arrêter l'alerte, solution qui est toujours présente ici mais qui est toujours aussi peu logique, donc pour ceux qui veulent jouer RP ce sera bien plus simple. On peut même attirer des ennemis en tapant contre un mur ou en marchant sur certaines surfaces bruyantes, les situations d'infiltration sont ainsi plus variées.

Notons aussi que les ennemis ne laissent que très rarement tomber des munitions une fois battus (je crois que ça ne m'est arrivé que deux fois en six heures de jeu), donc l'affrontement n'est plus vraiment encouragé et vous fera plus perdre du temps qu'autre chose.


Les bonnes bases du précédent jeu sont également conservées. C'est toujours plaisant d'explorer les bases ennemies et de se faire une carte mentale des lieux. On a parfois un peu trop de lieux disponibles d'un coup, mais c'est ce qui fait le charme de ce genre d'expérience. Les seuls moments désagréables de l'exploration, c'est lorsqu'on comprend qu'on doit revenir au tout début du jeu ouvrir une salle random et qu'on doit donc se taper une quarantaine d'écrans qu'on connaît déjà par coeur. Ce n'est pas difficile, c'est juste chiant, et c'était déjà dans le premier jeu.

Notons aussi le côté assez trollesque de certains ascenseurs qui vous font patienter pendant parfois 30 étages. Heureusement, une aussi longue attente n'arrive pas très souvent, et c'est à peu près la seule blague méta du jeu, qui sur ce point est du coup plus timide que son prédécesseur. Enfin, sauf la toute fin qui est une espèce de pub bizarre pour le MSX2, qui aura sûrement beaucoup plu à ses 8 possesseurs à travers le monde.


La volonté d'améliorer l'expérience se voit aussi dans l'inventaire, puisqu'on peut dénicher des cartes spéciales qui remplacent les cartes magnétiques qu'on devait utiliser une à une pour ouvrir les portes. Ce serait évidemment plus facile de juste ouvrir les portes dès qu'on a la bonne clé dans nos poches, mais on a beaucoup moins de tests à faire donc c'est supportable.

Le masque à oxygène est toujours présent mais on peut le déséquiper brièvement si on a besoin d'ouvrir une porte, sans perdre des PV. Ouf !

Les énigmes sont aussi moins cryptiques, grâce à la présence de nombreux PNJ (des enfants-soldats) qui nous donnent des indices et à l'amélioration du Codec qui vous informe plus souvent des étapes nécessaires à votre avancée. Quelques solutions sont tout de même tirées par les cheveux ou mal expliquées, je pense à ce moment où il faut utiliser un hibou pour faire croire à un garde qu'il fait nuit (je rappelle qu'on est en plein jour et A L'EXTERIEUR) afin qu'il désactive la sécurité de la base (consigne donnée par Big Boss, qui visiblement ne s'attend pas à ce que quelqu'un profite de l'obscurité pour s'infiltrer dans sa base, Foxhound a peut-être un syndicat très strict sur le travail de nuit).

On n'échappe pas non plus au pire élément de MG1 : poser des bombes sur des murs que rien ne distingue afin de créer une ouverture. Heureusement, ça se limite à une seule zone du jeu. Bref, ayez toujours un guide à portée de main, on ne sait jamais.


L'OST du jeu est également très sympa, il y a plus de morceaux donc elle est beaucoup moins répétitive que celle de MG1. Le thème introductif est vraiment mémorable, mais je suis sûrement biaisé vu que je l'avais déjà pas mal entendu dans Smash.

Par contre, le défaut de la version introduite dans la HD Collection, c'est qu'il est fait plusieurs fois référence au manuel du jeu (pour trouver des fréquences du Codec ou déchiffrer un langage codé), manuel que je ne possède pas et qui n'est pas disponible en dématérialisé dans la compilation. Heureusement qu'Internet est là, mais c'est toujours un peu chiant ce genre d'éléments (qui à la base n'existaient que pour contrer le piratage du jeu), ça donne l'impression de passer à côté d'une partie du contenu.


Du coup, Metal Gear 2 est sans problème un meilleur jeu que Metal Gear 1, mais je ne trouve pas que ce soit le chef-d'oeuvre 8-bits que certains vendent. Même s'il a fait beaucoup d'efforts pour s'améliorer et que l'intro nous met même une petite claque, le jeu a toujours beaucoup de défauts, que je pardonne plus facilement au premier jeu qu'à sa suite, comme la gestion de l'inventaire qui est très lourde ou le manque de clarté de certaines énigmes. Je peux pardonner l'intelligence artificielle basique ou même les boss que j'ai trouvés un peu trop simples (mais inventifs, comme les deux derniers boss que l'on doit combattre sans armes, donc tout n'est pas à jeter), mais le game-design est quand même un peu archaïque par rapport à un Zelda 3 par exemple. Soyons tout de même de bonne foi et rappelons que le titre de Nintendo est sorti plus d'un an plus tard et sur une console plus performante.

Après deux expérimentations intéressantes mais très perfectibles, j'avoue que j'aborde le virage à la 3D avec prudence. Espérons que le laps de huit ans entre MG2 et MGS ait été intelligemment mis à profit.

Sonicvic
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le 7 nov. 2023

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