La sortie d'un nouvel épisode de Metal Gear Solid, c'est toujours un évennement. Alors quand Peace Walker a débarqué, j'avais un peu les boules de ne pas avoir de PSP. Contrairement à Portable Ops, cet épisode était chapeauté par Hideo Kojima lui-même et officieusement présenté comme le Metal Gear Solid 5. Mais je n'ai pas craqué, je n'ai pas acheté de PSP juste pour un seul jeu, aussi tenant soit-il. Certains vont me dire : MER IL ET FOU. Je leur répondrai que non, car Peace Walker a fini par sortir deux ans plus tard sur consoles de salon dans une compilation HD aux côtés de l'excellent Sons of Liberty et le magnifique Snake Eater dont l'opus qui nous intéresse ici est la suite directe. Pour une fois, j'ai bien fait d'attendre.
On retrouve donc Big Boss, dix ans après les évènements de Snake Eater. Portage PSP oblige, on ne va pas trop faire la fine bouche sur la partie graphique : c'est fluide et pas dégueulasse à regarder malgré quelques textures moisies, c'est le plus important. Concernant la jouabilité par contre, c'est une autre histoire. Au premier abord, j'étais assez déstabilisé. On ne peut plus ramper, tirer à couvert, déplacer les corps des ennemis, se griller une petite clope, ni même se cacher dans les placards afin de reluquer des posters coquins. Beaucoup d'éléments de gameplay, certains présents dans la série depuis le premier opus, ont disparu à cause des contraintes materielles de la console d'origine. Cependant, une fois la pillule avalée ça se joue très bien et (j'imagine) bien mieux au pad que sur la portable de Sony. Et puis ce que l'on perd en profondeur de gameplay, on le gagne en richesse de contenu. Hideo Kojima a mis du Monster Hunter dans son Metal Gear pour en faire un jeu terriblement addictif, et ça fonctionne. Peace Walker est découpé en missions très courtes que l'on enchaîne sans voir le temps passer. Et il y a tellement à faire entre les missions que cet opus se paye le luxe de proposer la meilleure durée de vie de la saga (et de loin). Recrutement et gestion des troupes, recherche & développement, missions bonus et j'en passe, le jeu propose d'innombrables et passionnants à côtés. Pour une fois, Metal Gear Solid délaisse sa dimension cinématographique au profit du jeu pur. Les nombreuses cinématiques qui font la force de la saga (ou la faiblesse, diront les détracteurs) se sont vues remplacées par des comics interractifs plutôt biens foutus.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, cet opus n'en oublie pas ses racines pour autant. Les nombreux dialogues par codec interposés, les références culturelles, le scenario techno-thriller et surtout l'humour si particulier de Kojima (qui n'a jamais été aussi présent) sont là pour nous rappeler que l'on est bien en train de jouer à un MGS. Mon seul regret est l'absence de véritable boss, pourtant la marque de fabrique de la série. Psycho Mantis, Sniper Wolf, Revolver Ocelot, The Boss, Vamp... autant de noms qui évoquent des joutes riches en émotions et toujours pleines de trouvailles géniales qui rendent ces affrontements inoubliables. Pourtant dans MGS Peace Walker, les boss sont tous des mechas inintéressants. Dommage. Un dernier mot pour ne pas terminer sur un point négatif : pour la première fois de la série il est possible de jouer aux missions du mode solo en coop avec d'autres joueurs. Si le mode online compétitif introduit dans Metal Gear Solid 3 Subsistence ne m'avait pas spécialement convaincu malgré de bonnes idées, j'ai été totalement conquis par l'expérience proposée par Peace Walker. Les parties d'infiltration à deux, ça déchire.
Malgré un scénario et un traitement des personnages légèrement en deça du niveau auquel nous avait habitué la série ainsi qu'un gameplay bridé par les contraintes de la PSP, on est ici en présence d'un excellent jeu. Rafraîchissant avec son côté gestion et surtout grâce au mode coop, tout en restant à la hauteur ou presque de l'illustre saga dans laquelle il s'inscrit, ce Peace Walker est un Metal Gear solide.