Le jeu d'infiltration ultime entaché par une histoire décousue et des objectifs redondants (oui, je commence par la conclusion, mais tant pis).
Pour commencer, ce qui force vraiment le respect dans ce titre c'est son gameplay et son level-design qui sont tous deux des modèles du genre. Les divers terrains de jeu sont propice à l'expérimentation comme rarement dans le média et la richesse des approches offerte par la construction des niveaux et par un contenu déblocable simplement sidérant, favorise une rejouabilité vraiment bienvenue (pour une trame qui dure déjà aussi longtemps, le rapport qualité/Prix fait déjà son office). Pour ce qui est du côté bourrinage, il est bien pour varier les plaisirs mais n'offre pas la même satisfaction que le côté furtif du fait de son niveau d'exigence et de réflexion plus limité (même si le rentre dedans sans arsenal digne de ce nom représente aussi un défis relatif).
Le côté gestion de la Motherbase est quant à lui assez poussé, addictif, chronophage, abouti, maitrisé (les superlatifs ne manquent pas) et demande un certain temps d'adaptation pour en assimiler toute les mécaniques et possibilités (comme le jeu dans sa globalité) puisque une assimilation complète de celle-ci se fera en plusieurs étapes au grès de l'aventure. Les objectifs optionnels des missions principales et autres défis à réaliser ont d'ailleurs toujours une utilité à la progression puisqu'ils permettront de gagner des ressources et de l'argent nécessaire au développement et à l'amélioration de notre "base mère". Bref, une franche réussite ! Comme pour l'interface et la navigation dans l'I-droid qui est particulièrement intuitive, ce qui n'était pas une mince affaire vu que la quantité de menus et de sous-menu à agencer dans cet excellent outil portatif est importante.
Le contenu et la durée de vie sont donc effectivement gargantuesques et font de ce MGS V le jeu le plus complet. Mais le fait de nous imposer plusieurs fois les mêmes missions tout en tronquant certains pans de jeu, ça c'est par contre particulièrement aberrant ; là c'est clairement du gros remplissage artificiel bouche-trou.
Niveau mise en scène ça reste un peu indigent par rapport au passif de l'univers (à quelques exceptions près comme le géniale et intense prologue) et la narration se retrouve presque bâclée (se taper des heures d'audio pour alterner pans scénaristiques clés et précisions "useless" au background, il faut avouer que le concept est facile) mais cette remarque reste à nuancer et à pondérer vu que cette mise en scène a le mérite de s'adapter à la jouabilité (et non l'inverse), le genre de "détail" qui change tout et qui est trop rare avec les shooter ou avec les jeux d'infiltration contemporains. Et puis les développeurs du jeu ont aussi eu la présence d'esprit de surligner en jaune le titre des cassettes importantes reliées aux principaux arcs narratifs de l'histoire. A noter quand même une fin de chapitre 1 et un chapitre 2 beaucoup plus intéressant, car plus intense, scénarisé, avec des enjeux qui se développent considérablement et des thèmes scénaristiques forts amenés au joueur, invitant celui-ci à se questionner. Une portion d'aventure avec donc aussi les fameux antagonistes du jeu qui se révèlent enfin et gagnent en clarté dans leurs motivations. Bref, une histoire globalement plus dense que ce qu'on pourrait penser. Le truc c'est qu'elle est pas mal diluée par nombre de missions dispensables qui ne s'apparentent qu'à de vulgaires side ops et qui ne font surtout pas avancer le récit en plus. Dommage. Le twist scénaristique final et sinon putai* d'audacieux et me semble assez cohérent dans sa démarche par rapport à tout ce qu'on peut suivre et observer dans l'aventure.
Pour ce qui est intelligence artificielle je la trouve assez inégale mais le challenge reste pour moi un minimum présent. Après je ne suis pas spécialement bien placé pour dire ça vu la buse que je suis à ce jeu... J'arrive quand même à m'apercevoir qu'il a été pas mal "casualisé" pour toucher un public toujours plus large, et donc une cible de joueur plus rentable ( pour cause :conception onéreuse et longue). En parlant de cette I.A. elle s'adapte également au style de jeu majoritairement adopté par le joueur. La météo dynamique qui a un incidence sur le gameplay est aussi un plus. D'autres précision qui nous ramène à affirmer que, tous les points sont là pour servir et mettre en valeur ce gameplay. Une volonté déclarée de développer davantage l'aspect ludique et immersif de la licence "au détriment du temps passé en simple spectateur".
Le moteur graphique du jeu je vais vite passer dessus : il est très solide et propre (malgré une texture des cheveux et des pilosités toujours aussi infecte) avec un jeu d'éclairage impressionnant et une bonne profondeur de champs.
Bon, le tout penche tout de même largement du bon côté grâce à un renouvellement dans les codes qui impose, presque fatalement, certaines contraintes. C'est pourquoi il est selon moi délicat d'émettre un avis tranché et non nuancé sur un jeu de la sorte. Il faut vraiment partir en connaissance de cause avec ce MGS V parce que certains accros viennent ternir le tableau, comme notamment et aussi, ce côté open-world inabouti, non maîtrisé, qui n'en est d'ailleurs pas vraiment un. Aussi parce que ce "The Phantom Pain" est très peu varié sur certains points, mais exhaustif comme pas deux dans certains de ses autres compartiments de jeu. Mais l'exploit du jeu réside dans le fait de ne pas lasser le joueur malgré une certaine redondance pointée du doigt; pour peu que l'on y joue de manière intelligente et avec parcimonie.** MGS 5 est un jeu généreux et bourré d'innombrables détails et de subtilités (que ce soit de gameplay, esthétiques, de mise en scène... etc) qui seront malheureusement loupés par la majorité des joueurs (hormis par les fans les plus ardus).
En somme l'expérience reste singulièrement addictive et je dirais même, presque inédite (pour rappel on parle d'un "Tactical Espionage operations"), surtout pour un néophyte de la saga, et de l'infiltration en générale, comme moi, et ce malgré l'inégalité de ce soft tant controversé.