Plus connu pour le scandale de son exclusivité que pour ses qualités, ce 3ème opus d'une si belle saga mérite qu'on le réhabilite.
Exodus est donc la suite de Metro 2033 et Metro Last Light, deux FPS adaptés de romans russes. Ces jeux acclamés par la critique brillent par leur ambiance claustro très prononcée et par les prouesses techniques réussies par le petit studio 4A Games pour donner vie à cette sombre dystopie souterraine.
L'expérience Metro est encore là, toujours rude et immersive mais plus accessible. Il est plus facile de gérer le héros Artyom, notamment avec la disparition du système économique particulier des deux premiers jeux; l'équipement utilise désormais un système de loot/craft épuré, un bol d'air frais pour un FPS qui a déjà plus de systèmes que la moyenne.
Le principal changement, lui, est tout autre : après les occasionnelles sorties en extérieur de Metro Last Light, sa suite met les bouchées doubles : la majorité du jeu se passe à l'air libre (plus ou moins respirable). Le jeu se découpe ainsi en plusieurs niveaux ouverts affranchis du métro moscovite, permettant au moteur de montrer ses gros muscles (et dans le cas de l'Enhanced Edition, les gros muscles de ses gros muscles) et à 4A de proposer une expérience moins redondante. Depuis la sortie de l'Enhanced Edition, le jeu déjà joli nous gratifie en outre de magnifiques environnements et surtout d'une lumière incroyable. Ce n'est pourtant pas une réussite graphique totale car les effets de fumée médiocres et le manque de finesse des animations handicapent le résultat.
La boucle de gameplay est bouleversée ; les célèbres mutants joue un rôle secondaire dans la majorité de l'aventure au profit des différents clans humains et leur problème. Ce choix est clairement le bon puisqu'il permet au jeu d'avoir un côté plus organique et surtout de faire de chaque affrontement contre les bestioles quelque chose de spécial.
Chaque partie du jeu est bien rythmée et a sa propre identité, du bunker rempli de cannibales à la taïga sauvage en passant par la désertique mer caspienne. Le level design en lui-même reste pourtant très sage, laissant peu d'espace au joueur pour expérimenter et manquant d'invitations à explorer, jusqu'à se couloir-iser dans ses dernières heures. Le semi-open world met également en exergue les défauts de l'IA et de certains aspects du jeu au bord de l'archaïque (déplacements, ergonomie...). Ce changement de paradigme aurait mérité d'être plus ambitieux ; il n'en reste pas moins une réussite pour Metro.
Le voyage entre ces grands espaces est entrecoupé d'instants cinématiques plus forts que les séquences narratives de ses deux prédécesseurs. Les personnages secondaires sont enfin exploités à leur juste valeur. Malheureusement, notre Artyom reste désespérément muet malgré les montagnes russes d'émotion (jeu de mot involontaire ?) qu'il traverse, ce qui frise encore plus l'absurde quand on se rend compte que les PNJ sont de véritables moulins à parole.
Plus cohérent et plus prenant que ses aînés, ce Metro Exodus est le meilleur opus d'une série d'une attachante imperfection. Ce n'est pas ce "Far Cry Hardcore" qu'on aurait pu espérer à son annonce mais on a entre les mains une campagne solo qui prend aux tripes.