La série Métro c'est quelque chose quand même. Adaptation vidéoludique de la série littéraire "Métro" de Dmitri Glukhovski, l'idée est de mettre en jeu le roman d'anticipation post-apocalyptique russe par excellence. Mutants, radioactivité, communisme et survivalisme embrassent joyeusement les couloirs du métro de Moscou. Artyom , l'élu (rien que ça), est ici un muet héroïque comptant davantage sur sa chance que ses véritables exploits pour être acclamé en sauveur moscovite. Il rend ainsi légitime l'implication du joueur dans les tentatives désespérées des survivants du métro à ..... survivre.
Cette adaptation ci présente est la troisième itération du genre ( FPS solo). J'avais eu plaisir à parcourir les deux derniers opus : Metro 2033 et Metro last light. Le problème que j'ai avec Métro c'est que je m'attends toujours à mieux sans être satisfait au bout de mon périple. Explications : Metro 2033 est un jeu à ambiance , littéralement. L'habillage sonore, l'ambiance visuelle, les couloirs sombres du métro habité par des bestioles repoussantes, des extrémistes sociopathes et des phénomènes étranges. Sensations de stress et de peur se multiplient au cours de l'aventure et c'est ce qui rend l'aventure attachante. Metro 2033 cela dit écopait de soucis ludiques handicapants : IA aux fraises , manque de feeling, narration archaïque, scripts abusifs et exploration proche du néant..... au besoin du scénario et des besoins de l'époque ! Alors on pardonne.
Trois ans plus tard en 2013 on pardonne moins lorsque Last Light, deuxième itération, revient avec les mêmes soucis avec en prime un système d'infiltration effroyablement mal fichu tant il est permissif et met encore davantage en lumière les problèmes d'IA. Reste comme toujours un scénario et une ambiance pesante, maitrisée et forte de moments époustouflants et de personnages hauts en couleur.
Alors quand arrive ce Metro Exodus, prometteur par ses nouveaux aspects : Monde ouvert, crafting, voyage en Russie.... Hé bha on s'attend non seulement à vivre une aventure nouvelle, cassant définitivement les codes narratifs vieillots des anciens opus (2010 et 2013 je le rappelle, c'est important) mais aussi, et surtout, de voir apparaitre une ébauche ludique plus convaincante. PATATRA ça se vautre. Rien n'est à la hauteur. ....
Toutes les idées paraissant bonnes sur le papier ne font ici qu'encourager un système bancal et refréné :
Le monde ouvert ? Limité. limité par la narration et par des ambitions démesurées. La Volga, première zone ouverte du jeu, est pleine de points d’intérêt et garde l'ambiance globale de la série sur ses rives ternes et glacées. Mais le reste est lessivé par cette propension à proposer toujours PLUS de diversité. On se retrouve ainsi baladé dans un désert et une forêt mais avec moins d'exploration, délaissant progressivement les sensations oppressantes des précédents opus.
Le crafting ? Limité. Deux matériaux à récupérer et c'est marre ! matériaux que l'on récolte littéralement partout (dans des caisses, dans des valises, dans des armoires, sur les cadavres ennemis...) ! Ajoutez à cela que vous disposez de votre petit atelier portatif et adieu les tracas des munitions limitées. Pas de prise de tête, il faut que le joueur ai du FUN.
Le voyage en Russie ? Linéaire. Pas de possibilités, vous suivez le scénar même dans les zones dites "ouvertes". Comprenez ici : seulement la Volga et le désert de la Caspienne. Vu que pour les autres zones ils se sont soudainement rappelés qu'ils avaient pas le budget et le temps pour....Ho, et je ne prendrais pas la peine d'évoquer les temps de chargement incroyablement longs... précisément dans les zones dites ouvertes.
Et pour les trucs fâcheux des deux opus précédents, ils ont réglé le problème nan ? Ho que oui ! L'IA est top, un système d'infiltration réussi et un scénario encore plus NON JE DÉCONNE.
L'IA est toujours aussi mauvaise, en particulier lorsqu'il s'agit d'ennemis humains. ça en devient complétement ridicule. Cette stupidité est rendu légitime lorsque vous affrontez des cannibales à moitié tarés qui vous fonce dessus mais pas lorsqu'il s'agit de soldats standards qui discutent entre eux de manière compréhensible nom d'un chien !! Le système d’infiltration n'a pas évolué et le scénario est pauvre en rebondissements et en personnages hauts en couleur.
Et franchement : faire un jeu Metro en quittant précisément le Métro de Moscou et en délaissant ses sensations oppressantes ce ne serait pas un peu stupide des fois ? Les meilleurs passages du jeu sont en environnement intérieur, linéaires, et au milieu de bestioles dangereuses et angoissantes. Mais ces moments sont rares ! Toute la dernière partie du jeu, d'ailleurs, est probablement la plus réussie à tout point de vue. Et pourquoi ? Ben parce que ça ressemble aux ambiances des précédents Métro.
C'est une bonne chose de chercher à sortir de sa zone de confort et c'est bien ce que l'on espérait avec ce Metro Exodus. Malheureusement, non seulement le jeu traîne toujours les mêmes travers de la série qui pourraient pourtant être définitivement réglés (ce qui encouragerait franchement à jouer et rejouer au jeu). Mais en plus de cela, les nouveaux éléments apportés dans cet opus (monde ouvert, craft, scénario typé road trip) se cassent la gueule. Triste. Et pourtant ça ne m’empêchera probablement pas de revenir , encore, vers un prochain opus de la franchise. Ne serait ce que pour revoir le métro de Moscou !!
Mais en l'état pour ma part, ce sera, et je l'espère, mon dernier Metro.