/SPOIL sur Metro 2033 dans cette critique/
C'est avec une certaine impatience que j'attendais cette suite de Metro 2033, titre qui m'avait plutôt plu à sa release. Le jeu ne s'inspire absolument pas du roman Metro 2034.
Verdict donné de manière brute : Last Light ne déçoit pas, en ne sortant pas du chemin tracé par son aîné, mais il aurait pu faire du hors-piste pour explorer d'autres possibilités, notamment au niveau narratif ou du gameplay.
Le scénario s'appuie sur le background établi à travers 2033, et l'action s'entame dès la fin de ce dernier, après les missiles que notre personnage (Artyom) a lancés pour détruire la menaces des Sombres (ou Noirs). Dans Last Light, la question des Sombres, puisqu'il y a un survivant, cohabitera avec le classique schéma du sous-général qui veut renverser le pouvoir et être au sommet. C'est du vu et revu, et de manière générale ce ne fut pas l'évolution de l'intrigue qui me motiva pour continuer ma partie.
Acmé de l'immersion, l'aventure prend directement aux tripes grâce au travail réalisé sur l'image et le son, qui se veut respectueux de 2033. L'ambiance délivrée atteint presque le top-niveau, en matière d'immersion solitaire et grisâtre, que j'ai pu voir sur des FPS de cette génération. Seule une poignée de ténors en atmosphère m'avaient encore plus impressionné (les STALKER, encore une fois ...). Sans en faire l'éloge, mais de peu, le titre est d'abord une prouesse technique, se hissant parmi les plus beaux jeux sortis. Les réalisations sur les lumières et les particules sont remarquables, en plus d'un effort sur la modélisation de la tonne de PNJ (chacun avec son propre skin) qu'on croisera dans le jeu. Les développeurs peuvent légitimement se targuer d'avoir réussi à combiner technique et esthétique, le travail est un peu plus impressionnant artistiquement que sur Metro 2033. J'ai screené le jeu à de nombreuses reprises si bien que le nombre de captures, je n'ose l'imaginer. Combien de superbes panoramas et plans y a-t-il dans ce jeu ? A l'instar du dernier Tomb Raider, le chiffre est incommensurable.
Je n'oublierais pas de mentionner l'ambiance sonore, elle aussi très potassée. Une simple remarque, pas nécessairement négative : dans ce jeu, comme dans 75% des gros jeux occidentaux d'aujourd'hui, les véritables thèmes musicaux s'effacent au profit de musiques d'ambiance de fond. Il suffit de comparer avec la soundtrack d'un Unreal, qui était composé de véritables musiques.
La variété des décors est considérable, bien plus que dans l'opus précédent. Le principal de l'aventure se déroule toujours sous la terre, mais on aura droit à des situations différentes et en nombre, avec l'apparition de phases en bateau, en voiture sur rail ou en train. Le jeu est découpé par niveaux de sorte qu'il est possible de diviser les niveaux en plusieurs catégories : les niveaux d’exploration et de survie, où l'on sera seul la plupart du temps, parfois avec un compagnon ; ce sont ceux-là qui misent vraiment sur l'ambiance. Ensuite, les niveaux d'affrontements avec des ennemis, plus nerveux mais un peu moins nombreux. Et enfin, des phases en "villes" : comme dans 2033, notre personnage fera quelques haltes dans différents lieux sur son chemin, et là encore un travail fantastique a été réalisé sur le rendu de ces petites villes, très vivantes, avec des vendeurs d'armes pour se ravitailler et, parfois, quelques mini-quêtes.
Vu que l'essentiel du jeu repose sur la découverte de l'aventure, il est fort possible que je n'y revienne plus sur le court-terme. En dehors du solo, il n'y a rien d'autre à faire. Heureusement, les développeurs n'ont pas trahi les joueurs en proposant une campagne tronquée et torchée en 6 heures. Je situe la durée de celle-ci entre 10 et 15 heures, selon l'affinité avec les FPS, avec le feeling propre au jeu et surtout, la difficulté choisie. Une durée très honnête et aisément dans le haut du panier en termes de FPS solo sur ces dernières années.
J'ai fait le jeu en difficulté Ranger, le plus haut niveau de difficulté après Hard. Dans ce mode de jeu, les ennemis ont moins de vie, vous aussi, et de chaque côté, la mort survient après 2-3 balles. Mais ce n'est pas tout. Il n'y a pas d'ATH. Aucune interface, aucun HUD. Superbe pour l'immersion, mais pas forcément réaliste dans la mesure où vous n'avez aucune indication pour connaitre votre nombre de balles restantes. Il n'y a qu'à prier pour bien les économiser, et heureusement, même dans ce mode de jeu, j'ai rarement si ce n'est jamais été à court de munitions, alors que je tournais toujours principalement avec les même types d'armes (fusil à pompe et fusil d’assaut). Il m'est arrivé plusieurs fois de mourir lors de gunfights (car on meurt réellement en 2 secondes, si vous êtes mal à couvert c'est fini), mais ce challenge Ranger vendu par les développeurs n'est pas si significatif en terme de difficulté, je n'ai pas eu d'épreuve colossale à endurer, même contre les quelques boss (peu convaincants, d'ailleurs) du jeu. L'argent reste toujours des munitions, et même là, il y a abondance, dans la mesure où j'avais de quoi me payer 2 belles armes à la fin du jeu et je n'ai pas pu profiter de ma pécule. Il y a une personnalisation des armes à la simplicité repoussante : uniquement des viseurs et 2-3 éléments pour le recul/chargeur, et des ajouts identiques pour toutes les armes du jeu.
Le gameplay manque quand même de pêche quand il s'agit d'affrontements. La sensation procurée par la majorité des armes ne m'a pas trop satisfait, et de toute manière, en difficulté élevée, il est peu probable d'arriver à s'en servir au point de vider des chargeurs à la seconde. Impossible d'être Rambo et de foncer dans le tas, vous mourrez en quelques secondes. Headshot et couverture, voilà la clé. Et le schéma est machinalement répété à chaque gunfight ... Il est tout de même possible d'y aller très furtivement et d'assassiner les ennemis avec des couteaux lancés, en ayant auparavant éteint les lumières des salles. En surface, il y a encore la gestion de l'oxygène, très appréciable quant à elle, et là non plus je n'ai que rarement été à court de filtres. Le temps restant d'air est visible sur votre montre. Il vous sera même parfois obligé de changer de masque, le votre ayant été fracturé suite à des fusillades. A ce niveau, le souci du détail n'a pas été oublié chez 4A Games. Et au fil du jeu, il y aura de temps en temps des actions à réaliser (portes à ouvrir, électricité à rétablir, etc).
Dernier petit point : le final assez décevant. J'ai de plus en plus de mal à être sur le cul en ce qui concerne les fins de jeux, les mecs ont perdu leur inventivité ou quoi ? Je vais éviter de spoiler, mais la phase finale jouable est pas pire, mais presque aussi mauvaise que celle de RAGE, c'est du bourrinage bête et méchant. La cinématique de fin rattrape un peu le tout mais n'en dévoile pas énormément et n'espérez pas de beau twist.
J'ai pris plaisir à faire le jeu, mais je n'ai mis qu'un 7, après avoir hésité avec un 8. C'est un 7+ on va dire.
En tant que friand d'ambiances solitaires et d'immersion, j'ai été plutôt servi mais j'aurais carrément aimé être gavé et avoir plus de phases de ce genre, au lieu de pseudo-scripts (quand on est accompagné) ou de gunfights (fort heureusement, ils ne dénaturent pas le jeu). Assurément dans mon top 10 des FPS de cette génération, et il est regrettable que le jeu n'ait pas énormément attiré les foules.
Ce genre de FPS aux solos travaillés et authentiques doit encore être soutenu, dans notre époque où l'importante diversité d'antan du genre s'est un peu désintégrée au profit du multi et de campagnes assez aseptisées et trop modernes. Si vous recherchez de belles aventures qui maintiennent la richesse que le genre FPS s'est constituée durant 20 ans, alors vous ne devrez pas être déçus par Metro Last Light, malgré ses défauts.
Petit lien vers une sélection de screenshots (pas vraiment de spoil) que j'ai pris sur PC
https://picasaweb.google.com/104520404055505229184/MetroLastLight