Faith. Garder la foi dans un monde de blancheur éclatante où le mal danse en pleine lumière.
Faith. Voltige de mort, oiseau noir et rouge qui pourfend les horizons de la skyline.
Faith. Courir, courir encore quand tout le monde marche, pour croire qu'on est encore en vie, pour rester encore en vie une fois qu'on en a acquis la certitude.
Faith. Briser les limites de la ville, sortir des flux - sortir du moule, plus profondément encore que tous les discours.
Faith, un vent de liberté numérique dans les cheveux, des écorchures aux doigts, ta silhouette pâle et maigre nous promettait quelque chose qu'on avait encore jamais vu, quelque chose que je n'avais encore jamais vu : une ville-miroir à briser à coups de pieds en tombant du ciel.
Oui mais voilà, Faith. Moi je veux bien être lyrique et pondre mon lot de métaphores, mais tu n'y mets pas beaucoup du tien. Parfois tu rampes dans des tunnels sans qu'on comprenne pourquoi (sérieusement, on a pas acheté un jeu d'infiltration !), parfois tu meurs vingt fois de suite au même endroit à cause d'un problème de level-design (sérieusement, et le rythme de progression vous y pensez ?), parfois encore tu déjoues des machinations avec des méchants très méchants, ou bien tu décides, comme ça, d'achever ton aventure sur une note niaise, idiote et malfoutue.
En jouant à Mirror's Edge, moi, j'aurais voulu pouvoir explorer la ville, admirer le soleil couchant dont les rayons rasent le toit des buildings, ressentir la pulsion urbaine, faire un avec la ville ! Je voulais être enthousiasmé, enivré même, mais toi, Mirror's Edge, toi qui es scripté à mort quand tu me parles de liberté, tout ça, tu me l'as enlevé.
Le potentiel était énorme, qu'il soit scénaristique, ludique, esthétique, musical, politique, à la rigueur... De tout cela, seul le gameplay restera avec en prime, comme le porte-clé qu'on te file quand tu as acheté cinq boîtes de conserves au lieu de quatre, une ville-miroir faussement splendide qui cache son inexistence derrière une magnifique façade. C'est toujours triste de voir un éléphant accoucher d'une souris.