Les premiers pas sont déroutants, c'est le moins que l'on puisse dire ! Le prologue vous oblige à réévaluer vos habitudes de gamer. En effet, des jeux de plate-forme en vue subjective, il n'y en a pas avant Mirror's Edge, excepté Jumping Flash qui ne peut toutefois souffrir la comparaison avec le réalisme du titre de Dice.
Dans une ville purifiée de tout danger au prix de la liberté de ses habitants, une poignée de rebelles, les Messagers ou Runners, font office d'ultime canal de contestation. Si le scénario, trop peu étoffé pour satisfaire, aurait gagné à être plus explicite sur certains points, les références et clins d'oeil à des oeuvres telles que Matrix ou V pour Vendetta, l'ambiance et le design hors-norme, et la personnalité de Faith, l'héroïne, sont suffisament forts pour nous retenir devant notre écran.
Mirror's Edge, c'est une course pour rester en vie, mais surtour pour se SENTIR en vie. Observer son environnement, choisir parmi plusieurs chemins possibles et jouer avec les structures qui nous entourent jusqu'à parvenir à les "contrôler" sont des actions particulièrement grisantes dans ce jeu, surtout grâce à l'incroyable travail effectué sur le "body awareness", soit la retranscription ultra réaliste des mouvements du corps. Notre avatar a des mains, des jambes, respire bruyamment, se calme... on ne dirige pas bêtement une caméra qui flotte dans le vide, on EST Faith. Depuis toutes ces années, aucun jeu n'a fait mieux... Pire, beaucoup ont régressés !
Malheureusement, le gameplay, parfois un peu trop exigant, nécessite de mourir de nombreuses fois dans une logique "die et retry" particulièrement frustrante lors de la deuxième moitié de l'aventure. Mise à part une deuxième partie, lorsque tous les mécanismes du jeu sont maitrisés par le joueur, seuls les modes "Course" et "Contre-la-montre" peuvent vraiment rendre compte du potentiel grisant du jeu, cette fuite en avant qui dépasse la plupart des courses-poursuites à pieds vues au cinéma.
Incomplet en l'état (puisque pensé pour être une trilogie), Mirror's Edge propose pourtant quelques jolies pistes de réflexion sur la portée réelle de notre liberté.