Monstrueux !

Monster Boy et le Royaume Maudit (MBRM) est le nouvel opus de la saga Wonder Boy (WB) développé par le studio Français Game Atelier. Le jeu a été créé dans le but d’être un hommage aux anciens WB mais moderne avec tous les codes des metroidvania actuels. Entre tradition et modernité, Game Atelier fait le pari délicat de trouver le bon dosage pour satisfaire les vétérans tout en rendant le jeu accessible aux néophytes de la saga. Je me considère encore de la dernière catégorie étant donné que je n’ai fait que Wonder Boy : The Dragon’s Trap (DT). Un très bon Remake de Wonder Boy III remarquable grâce à sa capacité de passer en temps réel entre les visuels/sons modernes et d’époque.

Monster Boy color

Pari réussi ? Oui sur le plan visuel. MBRM est un très beau jeu 2D avec des graphismes léchés et bien colorés qui font clairement plaisir aux rétines. Il est presque au niveau du magnifique DT qui brille par son crayonné fait main. La DA est top et propose une bonne diversité de zones qui fourmillent de détails avec chacune un style et des ennemis uniques. Les animations sont fluides et bien détaillées avec de beaux effets utilisés notamment quand on court sur l’eau. Ce genre d’interaction avec le décor est courant et bien appréciable. Le jeu est impeccable techniquement avec un framerate à 60 FPS jamais pris en défaut et aucun bug.

Transformation !

Côté gameplay, MB est un metroidvania très basé sur la plateforme. On se retrouve donc à traverser des environnements pleins de plateformes et d’obstacles de tout genre. Ces zones regorgent de secrets donnant accès à des chemins alternatifs et/ou des objets secondaires. Ces derniers sont d’ailleurs bien funs à dénicher vu l’ingéniosité avec laquelle ils ont été cachés mis à part quelques rares qui nécessiteront sans doute une soluce. Le level design est de très haute volée avec pleins d’idées pour chaque tableau qui mettent bien le joueur à l’épreuve. On ne s’ennuie jamais.

Le gameplay se résume à courir, frapper et sauter au départ mais il se complexifie par la suite. En effet, on va acquérir 5 nouvelles formes tout au long de l’aventure qui ont chacune un gameplay différent et vont servir comme des clés pour ouvrir de nouvelles zones et dénicher des secrets précédemment inaccessibles. Le jeu ajoute à ça une dose RPG en proposant différents sets d’armures et d’armes qui changent également la manière de jouer. Chaque set a des propriétés différentes dont certaines seront indispensables dans la progression du jeu.

Contrairement à Dragon’s Trap, on peut changer de forme à tout moment et très rapidement. Cela rend le jeu bien plus dynamique mais aussi exigeant vu que certains passages vont nécessiter de switcher rapidement entre différentes formes dans des sessions de plateformes réglées comme du papier à musique. Le jeu se permet même de changer son style de gameplay occasionnellement et c’est fort rafraîchissant. Les ennemis et les boss sont bien foutus également sauf le dernier boss que j’ai trouvé un poil trop facile. MB est donc un jeu qui sait mettre à l’épreuve le joueur mais jamais je ne l’ai trouvé injuste sur ce point. Atteindre et maintenir ce bon dosage en termes de difficulté n’est pas aisé.

Monster’s Lair

La narration du jeu est clairement un élément secondaire mais cela ne veut pas dire qu’elle est à négliger. En effet, l’histoire est simple et convenue toutefois le casting haut en couleur la rend bien agréable à suivre avec des situations épiques et de bonnes touches d’humour. Les personnages sont peu développés mais étonnements attachants surement grâce à leur chara design tout mignon, à la frontière entre manga et BD, qui me plait beaucoup.

L’un des gros points fort du jeu est l’OST. Elle est exceptionnelle et j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écouter. Elle rend les environnements mais les boss et autres phases d’action d’autant plus appréciables. La bonne majorité des musiques sont des reprises des grands thèmes de la saga Wonder Boy. Et bordel quelles reprises ! Des grands noms de la musique de jeu japonaise (Yûzô Koshiro, Motoi Sakuraba …) ont réorchestré les morceaux et ils ont fait un travail splendide. Des objets collectables permettent même de débloquer d’autres superbes morceaux.

Le sound design est également bien foutu avec pleins de petits détails qui rendent l’univers plus crédible. Le jeu est généreux en contenu et se renouvelle constamment. Je l’ai terminé en 20h en faisant la plupart du contenu secondaire. Comme dit précédemment, le jeu peut se montrer bien ardu mais toujours juste. Toutefois, le manque d’assistance et d’explications pourra dérouter certains novices ou joueurs confirmés n’ayant (étonnement) pas fait d’autres jeux avec ce type de parti pris. Le vétéran, quant à lui, appréciera grandement les beaux hommages à la saga WB qui sont présents partout dans le jeu.

Last Dungeon

Pari réussi pour Game Atelier qui a réussi à créer un très bel hommage à Wonder Boy mais avec sa propre identité et dont la modernité, notamment dans son gameplay, contraste avec les autres jeux WB. Monster Boy est une réussite totale qui ne souffre d’aucun défaut majeur à mon sens. Sa difficulté et le manque d’explication pourra rebuter certains néophytes mais le jeu n’a rien d’insurmontable. Ce nouvel opus est bien la preuve que des développeurs occidentaux talentueux et passionnés peuvent redorer le blason des sagas japonaises avec lesquelles ils ont grandi. On a déjà eu le cas dans la saga WB avec Dragon’s Trap mais aussi dans d’autres avec Sonic Mania par exemple. Une superbe revitalisation de la saga qui, comme le célèbre morceau Last Dungeon, annonce un nouveau départ. C’est pour tout cela que je conseille vivement ce Monster Boy aux débutants comme aux vétérans !