c'est une sensation physique et mentale que seule le jeu vidéo peut apporter : quand le gameplay virtuel mute dans notre œil et vient parasiter le monde réel. le syndrome tetris - rêves de formes géométriques qui tombent du ciel et s'emboitent parfaitement. insidieusement, Mushroom 11 de Untame m'a offert une de ces sensations : je venais de quitter le jeu après un chapitre assez complexe passé à tailler, déformer, détruire, malaxer mon champignon vert (!) pour traverser des obstacles retorses. tel est le but du jeu : savoir utiliser cette masse informe, que l'on ne définit que par le négatif - un clic est un effacement de cellules qui viennent renaitre ailleurs dans la masse -, et qui se régénère perpétuellement. et me voilà, ailleurs, dans la vraie vie ou presque, affairé à écrire un mail banal. quand soudain, cette sensation étrange : je vois la ligne se remplir de mes mots sur l'écran blanc et je me surprend à en regarder le début nerveusement. stupéfait, je constate qu'à la différence de Mushroom 11,le début de ma phrase ne se détache pas, que des lettres n'apparaissent pas aléatoirement le long de ma phrase, qu'elle reste en ligne et ne se propage pas partout. fou, devenu fou, la journée s'est passée avec partout le même genre de réminiscences. l'esprit affairé à imaginer le champignon vert traverser les obstacles de mon appartement.
ce n'est qu'une petite histoire.
un signe de rien du tout.
mais pour moi, c'est un signe d'amour.
mushroom 11 m'a poursuivi en dehors de son monde post-apocalyptique de pixels.
et en ces temps de jeux ad nauseam, c'est finalement beaucoup.