Mystic Defender
6.9
Mystic Defender

Jeu de Sega (1989Mega Drive)

Novembre 1989. La Megadrive de Sega est sortie au Japon il y a un an, et vient depuis quelques mois de débarquer sur le territoire américain, où elle réussira l'exploit de lutter à armes égales avec le monstre Nintendo lors de la très célèbre guerre des 16 bits, encore un âge d'or pour beaucoup.


Mais bien avant l'arrivée d'un certain hérisson bleu qui ne débarquera qu'en 1991, la première salve de la console de Sega au Japon n'a pas, c'est le moins que l'on puisse dire, brillé de par la présence grands jeux. Space Harrier 2, Super Thunder Blade, Altered Beast étaient loin d'être des hits en puissance. Sans parler de l’horrible Alex Kidd In The Enchanted Castle qui signera l'arrêt de mort du petit enfant-singe.


Après l'immense Phantasy Star 2 (sorti début 1989, première cartouche 6 megas qui asséna une énorme mandale à la concurrence), il fallut patienter encore un peu pour que débarquent des jeux réellement dignes du potentiel de la belle à la robe d’ébène : les portages Ghouls and Ghosts et de Golden Axe par exemple, le méconnu Herzog Zwei ou Revenge of Shinobi, première occasion pour beaucoup de connaitre le génie Yuzo Koshiro.


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C'est donc deux ans avant la bombe Sonic que sort Kujaku-oh 2: Geneijō (renommé Mystic Defender en Europe et aux USA). Le jeu est basé sur l'univers du manga de Makoto Ogino ("le Roi Paon", jamais publié chez nous) et des OAV qui en ont découlé (plus précisément le 4eme), un univers caractérisé par son coté sombre et par la place centrale accordée à l'occultisme avec des attaques à grand coups de mantras.
Pourquoi Kujaku-oh "2" ? Car un premier jeu tiré de la licence, bénéficiant d'une solide réalisation et d'un mariage entre phases d'action et d'aventure intrigant, connu sous le nom de Spellcaster en Europe et aux US. avait vu le jour sur Mark III / Master System.
De la même façon qu'avec Hokuto No Ken (Last Battle en occident), lui aussi une suite d'un épisode 8 bits (transformé en Black Belt avec un univers de karaté générique), Sega a décidé de capitaliser une sur licence, certes moins célèbre ici, pour mettre en valeur sa nouvelle console.


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Aux oubliettes la partie aventure de Spellcaster, le jeu est désormais un pur titre d'action/plate-formes autrement plus rythmé. Kujaku, moine bouddhiste (sa tenue s'est vue remplacée par une armure bleue dans les versions occidentales), dispose de plusieurs sorts en guise d'attaque. Seule la magie de base est disponible d'entrée de jeu, une boule d'énergie hadoken-esque à tir rapide qui peut également se charger afin d'en augmenter sa puissance. Dés la fin du premier niveau, on débloque une attaque de type lance-flammes, et au deuxième, une sphère d'énergie à concentrer qui permet une fois chargée de libérer plusieurs projectiles qui ont la particularité de rebondir. Une magie complémentaire (à usage unique) inflige de lourds dégâts à tout les ennemis à l'écran.


Il faudra jongler entre les différents pouvoirs afin de venir à bout du périple. Un élément de gameplay intéressant qui ne rompt en rien le rythme d'une action où les ennemis sont nombreux et les déplacements nerveux : une fois le sort chargé, on peut se déplacer ou sauter. Il n'y a pas une stratégie unique à adopter devant chaque difficulté, le joueur pouvant, par exemple, rester prudemment à distance avec le troisième sort ou chercher une victoire rapide mais plus risquée en attaquant de front avec le premier. De quoi faire plaisir aux amateurs de speedrun. La difficulté est globalement bien dosée, et malgré certains passages retors (notamment quelques sauts bien anxiogènes) venir à bout du périple est un objectif accessible.


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Le jeu arbore une direction artistique au cachet dérangeant agréablement singulier, faisant de chaque niveau un cadre mémorable : de l'étrange forêt du départ, on passe à un temple salement corrompu, puis à un niveau clairement inspiré des travaux H.R Giger (inspiration en vogue à l'époque). Vient ensuite un stage "organique" baigné dans la lave, puis une reprise plus ardue du troisième niveau, et enfin l'inquiétant château final qui comprend plusieurs niveaux.
Une esthétique forte qui profite d'une technique de bonne facture compte tenu de l'époque. Difficile d'oublier ce second stage qui vous fait affronter des ectoplasmes qui mutent en espèce de nouveaux-nés, ou ces étranges moines encapuchonnés métamorphes.


En guise de cerise sur le gâteau, le joueur profitera d'une bande son de tout premier choix, assurée par Chikako Kamatani, ayant œuvré entre autres sur Golden Axe Warrior et les versions 8 bits d'E-swat et de Gain Ground. Les mélodies sont dynamiques tout en conservant cette teinte inquiétante qui sied parfaitement au rendu visuel.


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Agréable à jouer et doté d'une personnalité ravageuse, Kujaku Oh 2 se pose, avec des jeux comme Phantasy Star 2, Revenge of Shinobi ou Herzog Zwei comme une des meilleures exclusivités d'une Megadrive alors prête à entrer avec force dans les années 90.
Sans être totalement obscur, le titre est resté assez méconnu. A (re)découvrir tant il reste, en dépit du nombre de perles qu'a accueilli la 16 bits de Sega au fil de son existence, une valeur sûre de sa ludothèque.



  • Il est à noter que, comme nombre de jeux de l'époque, les versions occidentales comportent quelques différences avec la japonaise : outre l'étrange changement de look du héros, moins en accord avec l'ambiance (toutefois proche de celle qu'il porte sur la fin de l'OAV), on remarquera que certains ennemis ont subi un color swap (au deuxième niveau, les créatures arborent des teintes moins réalistes que la couleur chair d'origine), que la figure divine qui apparait pendant le sort d'éclair a disparu, ou que la belle à sauver voit sa nudité cachée selon les versions. Il existe également une version coréenne sans le color swap mais avec les autres modifications.

  • Pour les collectionneurs, le jeu possède une cote tout à fait raisonnable, soit entre 15 et 25 euros pour la version jap, complet boite + notice en bon état.

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le 24 févr. 2015

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Ramlladu

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