Prometteur, Nier Automata l'était surtout à mes yeux parce qu'il était développé Platinum Games, un des derniers studios japonnais capables de synthétiser la quintessence des jeux d'actions nippons, quand il ne tâcheronne pas pour renflouer les caisses.
Puis je me suis plongé dans l'univers foutraque de Yoko Taro, d'abord par petites touches et avec une grande réticence, puis en me frottant à Nier, catapulté jeu culte par une horde de fans illuminés. Pour parler sans détour, mes impressions furent assez mitigées, partagées entre la technique désuète, le gameplay excessivement daté d'une part, et un univers inventif et riche d'autre part. Nier Automata sonnait donc comme la promesse d'une réconciliation entre la forme et le fond.
Promesse globalement tenue pour un jeu qui au final s'avère bien moins bancal que son prédécesseur, bien que souffrant, dans une moindre mesure, des mêmes maux.
Grandement dynamisée par P*, les mécaniques de gameplay très orientées Beat Them All sont une simplification du gameplay foisonnant des deux Bayonetta, tout en conservant l'hybridation si chère à Taro. Si l'on gagne considérablement en rythme et impact, impossible de ne pas déplorer le manque de profondeur du jeu, qui se ressentira bien avant d'avoir parcouru la trentaine d'heures requises pour en voir la véritable conclusion.
Impossible également de ne pas déplorer l'emploi d'une structure narrative, similaire à celle de Nier, qui invite le joueur à recommencer, à quelques nuances près, la même aventure une seconde fois , avant de permettre l'atteinte de séquences inédites, mais prenant toujours place dans le même monde étriqué.
Enfin, la technique relativement modeste, ne brille jamais réellement. Le sacro-saint 60 fps à 1080p est atteint (au prix d'un rapide bricolage de fortune), mais visuellement, la baffe ne viendra que de la direction artistique.
Ces trois reproches, bien moins rédhibitoires dans cette suite, je les ai déjà formulés à l'encontre de Nier premier du nom et sont les stigmates d'un budget limité, avec lequel l'équipe créative a dû composer tant bien que mal. Mais qu'importe, j'ai conscience de ces contraintes et je peux aisément passer outre. D'une part parce que voir Square Enix réaliser un tel acte de foi en une licence qui n'a jamais brisé les cercles confidentiels est une savoureuse aberration compte tenu de leur politique éditoriale actuelle redonne un peu d'espoir et d’autre part parce que le jeu, malgré ses moyens limités sait se montrer extrêmement généreux envers le joueur.
Aussi généreux dans son écriture ciselée que dans la richesse des thématiques abordées, Nier Automata est le genre de jeux qui vous attrape par les tripes pour mieux vous remuer dans tous les sens avant de vous relâcher complètement bouleversé. Je conçois difficilement que l'on puisse rester hermétique à cette proposition tant elle constitue à mes yeux l'une des plus belles épopées vécues dans le média.
Son univers foisonnant de détails et tout en nuances, complété une fois encore par une bonne grosse couche de narration émergente, est passionnant pour qui aime gratter le vernis et rentrer en profondeur. Comme toujours, les apparences sont trompeuses et rien n'est jamais simple.
Nier Automata n'est certes pas un jeu parfait, mais il constitue à l'heure actuelle une expérience inoubliable qui ne nous en est malheureusement proposée que trop rarement. Contrairement à son prédécesseur, il réussit à être beaucoup plus équilibré et séduisant, et me semble donc parfaitement recommandable à un plus large public.
Enfin, se plonger dans Nier Automata, c'est également envoyer un message à Square Enix, qui peut-être donnera sa chance à Yoko Taro pour produire, avec un budget en adéquation avec ses ambitions, un objet ludique beaucoup moins bancal.