Bien avant qu’un célèbre plombier italien se mettent à pratiquer toute sorte de sports (sans jamais en voir les effets sur sa ligne, à croire qu’il bouffe comme quatre entre chaque compétition), une autre mascotte très peu connue chez nous avait déjà tenté l’expérience, s’initiant entre autres au basket, au foot, au dodgeball, à du multi épreuves JO-like, etc : Kunio-kun ; un perso fort sympathique et bastonneur qui est, pour schématiser, plus ou moins le pendant vidéoludique du fameux Onizuka Eikichi (surtout lors de sa période lycée qu’on suit dans Shônan Junai Gumi, alias Young GTO en France).
Si ce nom ne vous dit rien, c’est normal : la plupart des jeux de la franchise Kunio-Kun ne sont jamais sortis de l’archipel nippon. Et lorsqu’ils daignent découvrir le reste du monde, on les transforment en de tous nouveaux titres susceptibles de plaire au plus grand nombre, car la culture japonaise ne serait pas vendeur… Ils restent heureusement très bons, mais c’est quand même bien dommage : imaginez qu’un jeu comme Nekketsu Street Basket – Ganbare Dunk Heroes, resté cantonné à son Japon natal et découvert un peu par hasard en émulation, a presque réussi à me faire aimer le basket !! (ainsi que NBA Street 2, mais c'est un autre débat :p).
Ainsi, au lieu de jouer à Nekketsu Kôha Kunio-Kun, nous autres occidentaux aurons droit au sympathique Renegade, qui ne prend plus place au Japon mais aux USA, avec des skins largement modifiés, tandis que le Nekketsu Kôkô Dodgeball Bu Soccer Hen devient chez nous Nintendo World Cup, le jeu qui nous intéresse ici. Plus de tournoi inter-lycées pour prouver qu’on a la plus grosse paire du Japon (et par extension, on n’a plus non plus la chouette petite intro et les cutscenes de la mi-temps), on est désormais en lice pour gagner la coupe du Monde, rien que ça. En gros, c’est comme si on était directement passé de Captain Tsubasa à Road to 2002…
Je dois avouer que lorsque j’ai décidé de critiquer Nintendo World Cup, j’étais un peu dans l’embarras : c’est le jeu de foot de mon enfance, je l’adore et je l’estime beaucoup, mais il a pas mal perdu de sa superbe lorsque j’ai découvert Kunio-kun no Nekketsu Soccer League (encore une fois grâce à l’émulation, et traduit en anglais!). Ce jeu propose le même gameplay mais plus fluide, avec plus de possibilités d’action et aussi l’intervention des éléments comme la foudre, la pluie ou le vent… on a alors un peu la désagréable sensation de voir en Nintendo World Cup / NKDBSH rien de plus qu’un sympatoche brouillon…
Pourtant, Nintendo World Cup est super fun. Série Kunio-kun oblige, on pratique ici du sport sans aucun esprit sportif, puisque tous les coups sont permis, allant du tacle assassin par derrière au coup d’épaule ravageur dans la gueule, la pauvre victime pouvant rester à terre plus ou moins longtemps à force de subir des assauts répétés. Les matchs se joueunt en 6 vs 6, et on ne contrôle directement qu’un seul joueur, le capitaine et meneur de jeu, mais on peut donner des ordres à ses coéquipiers, comme tirer, tacler ou faire une passe. Des directives simples qu’on doit aussi paramétrer en avant-match, en choisissant d’axer son jeu sur le dribble ou le collectif, ou encore en décidant de laisser ou non aux potes l’initiative de tirer au but, ce que je déconseille car, euh… comment dire… ben, ils sont nuls quoi… :D
Les 13 nations jouables (Allemagne, Angleterre, Argentine, Brésil, Cameroun, Espagne, France, Italie, Japon, Mexique, Pays-Bas, URSS, USA) ne se différencient vraiment que sur la vitesse des joueurs et l’efficacité de leur super-tir, limité à cinq par mi-temps, qui s’enclenchent par un retourné acrobatique, une tête plongeante, ou un simple tir après avoir gardé la possession du ballon suffisamment longtemps (50 pas, si ma mémoire est bonne). Il est amusant de constater que la seule équipe africaine du lot est une équipe ultra lente (alors que les noirs sont en moyenne plus rapides, cela étant dû à divers facteurs comme les fibres musculaires, la capacité respiratoire ou encore un centre de gravité généralement plus haut), mais elle constitue le challenge ultime de tout "true gamer" qui se respecte.
Oh, et si par hasard vous vous demandez pourquoi l’équipe de France est aussi pourrave, rappelons que nous sommes en 1990, une période bien creuse pour l’équipe nationale après les Quatre Glorieuses (1982-1986), malgré les Papin, Cantona et autres Ginola…
Nintendo World Cup, c’est aussi et surtout un VS Mode jouable jusqu’à quatre, à condition bien sûr d’avoir un multitap. S’il est dommage que "seulement" 5 équipes soient jouables (Allemagne, Angleterre, France, Italie, USA), ce mode se distingue sur la variété de ses terrains de jeu, puisque 5 environnements originaux viennent compléter la traditionnelle pelouse. Citons par exemple le terrain sableux qui ralentit les mouvements, le champ de patates plein de trous bien pratique pour piéger l’adversaire, ou encore le préféré de beaucoup de joueurs, la "patinoire", qui rend tous les coups bas exagérés, puisque le moindre contact nous propulse à distance, voire carrément nous envoie tutoyer la stratosphère !! Les parties multi sont un peu plus techniques qu’en solo, puisqu’un opposant humain usera bien plus des super-tirs que le CPU, et qu’il faut savoir se coordonner pour ne pas donner d’ordres contraires à ses coéquipiers…
Graphiquement parlant, on sent bien la patte Technos Japan avec des personnages en SD typiques de l’univers Kunio-kun, légèrement reskinés pour l’occasion. Contrairement à beaucoup de jeux du genre de l’époque, qui se contentaient généralement de varier la couleur de peau et la teinte des cheveux, Nintendo World Cup propose un nombre assez conséquent de tronches de vainqueur différents, ce qui est plutôt impressionnant pour un jeu aussi âgé. Et gâteau sur la cerise, on ne note pas trop de clignotements de sprites, contrairement à la version Game Boy… Bien sûr, on ne peut conclure sur l’aspect visuel sans évoquer les géniales mimiques lorsqu’un joueur prend un coup, passées depuis à la postérité, avec le corps qui se désarticule et les yeux qui sortent de leurs orbites…
Quant à l’OST, elle est simplement magistrale et inspirée. C’est fou comme avec du talent, on peut faire des merveilles, même quand on a seulement trois petits canaux à disposition. À dire vrai, je pense que seul le thème de la demi-finale est un peu en retrait, le reste étant composé de vraies pépites. Seul petit regret, un thème fort sympathique issu de la version japonaise n'a jamais réussi à passer la douane…
Alors oui, le gameplay trouve assez vite ses limites. Encore que bien dribbler et savoir se placer correctement pour une reprise de volée imparable n’est pas forcément à la portée de tout le monde. Si Nintendo World Cup est globalement un jeu très facile, notamment avec les meilleures équipes, puisqu’on a déjà 10 buts quasi-assurés grâce aux super-tirs, c’est beaucoup plus compliqué avec des équipes de faible niveau comme le Cameroun ou le Japon, qui sont lentes et disposent d’un super-tir minable… Pour vous donner une idée, mon meilleur résultat en finale avec l’Italie est de 76-0. Avec le Cameroun ? J’ai une fois miraculeusement réussi à obtenir un 4-2… Ouais, ça fait une "petite" différence…
EN BONUS, VOICI QUELQUES CHEAT CODES :
VERSION GAME BOY
Pour chaque équipe, remplacez les ** par les nombres suivants :
- Germany : 13
- USSR : 17
- France : 26
- USA : 31
- Italy : 33
- Spain : 38
- Holland : 41
- England : 45
- Brazil : 51
- Cameroon : 54
- Japan : 59
- Argentina : 62
- Mexico : 72
Match 2 : 224**
Match 3 : 033**
Match 4 : 530**
Match 5 : 363**
Match 6 : 172**
Match 7 : 429**
Match 8 : 561**
Match 9 : 513**
Match 10 : 971**
Semi-final : 086**
Final : 016**
VERSION NES
Pour chaque équipe, remplacez les ** par les nombres suivants :
- USA : 00
- Holland : 01
- Japan : 02
- France : 03
- Cameroon : 04
- Russia : 05
- Mexico : 06
- England : 07
- Spain : 08
- Brazil : 09
- Germany : 10
- Argentina : 11
- Italy : 12
Match 2 : 103**
Match 3 : 307**
Match 4 : 015**
Match 5 : 220**
Match 6 : 721**
Match 7 : 115**
Match 8 : 424**
Match 9 : 626**
Match 10 : 602**
Semi-final : 223**
Final : 128**
Choisir le terrain pour la coupe du monde : faîtes un match en VS Mode sur votre terrain préféré. Après la fin du match, sélectionnez la Coupe du Monde : elle se déroulera sur ce même terrain !