No More Heroes (NMH) est un jeu, qu'on aime ou on déteste, qui peut s'avérer excellent, ce même s'il souffre de plusieurs défauts.


Ici vous incarnez Travis Touchdown, jeune homme expert au maniement du beam katana (comprendre un "katana laser"), grand amateur de catch et de pornographie :p. Un jour où vous vous retrouvez bourré dans un bar, une jolie blonde (Sylvia) vous annonce que vous êtes classé 11ème meilleur assassin. Vous prenez alors la décision de devenir le numéro 1 (forcément hein, de toutes façons cherchez pas vous étiez bourré). Comme dans les autres productions de Suda51, l'histoire est bien plus complexe qu'il n'y paraît, même si contrairement à un jeu comme Killer 7, l'intrigue de NMH est beaucoup plus compréhensible.


Vous l'aurez peut-être déjà compris, le jeu étant un beat-them-all, il s'agira de battre 10 adversaires avant de devenir le numéro 1. Mais l'accès à chaque combat n'est pas immédiat, et il faudra passer par plusieurs phases de jeu.



Santa Destroy, nombre d'habitants : 5



Le jeu commence comme un GTA-like, et propose au joueur une imitation d'open world dans la ville de Santa Destroy. Je dis bien 'imitation", car à mon sens un bête menu aurait bien pu remplacer les déplacements fastidieux dans cette ville vide de toute vie. Il faut vous déplacer à pied ou à moto dans la ville pour atteindre les lieux des différentes missions, des jobs ou des magasins.


Chaque combat classé contre un autre assassin demande une certaine quantité d'argent. Pour obtenir cet argent, deux choix s'offrent à vous : faire des petits boulots ou bien effectuer des missions d'assassinats. Et plus on avance dans le classement, plus la somme d'argent demandée sera importante. Et le premier défaut crucial du jeu réside dans la répétitivité de ces phases où il faut accumuler de l'argent. Au bout d'un certain temps, on se contente de refaire en boucle le job ou la mission qui paye le plus, pour vite avoir accès aux combats classés, mais on a vraiment l'impression de perdre son temps. A mon sens, c'est un moyen déguisé d'augmenter la durée de vie du jeu, mais qui peut ruiner le plaisir de jeu ; d'autant que la plupart des missions d'assassinat consistent à tuer des ennemis en chaîne, et que les jobs sont assez longs et pas toujours très lucratifs.


Enfin, heureusement, il y a d'autres trucs à faire à Santa Destroy. Une fois prise en main la maniabilité exécrable de la moto (pouvant aisément rivaliser avec celle du tank Mako de Mass Effect :p), on peut se rendre à différents endroits : chez le marchand de vêtements pour changer son look ; chez le marchand de katana pour améliorer son katana ; chez un maître en arts-martiaux pour améliorer ses compétences (force et résistance) ; ou chez Travis pour sauvegarder ou mater des vidéos de catch. Malgré tout, le principe reste de dépenser son argent, et une sélection rapide sur une carte en vue de dessus aurait été largement suffisante. Pour les plus acharnés, il est possible de trouver partout dans la ville des cartes à collectionner et des "ballons lovikov" permettant de débloquer quelques bonus.


Une fois assez d'argent en poche, vous pouvez accéder au prochain combat classé, qui se découpe généralement en deux phases. La première phase très linéaire consiste à enchaîner des combats contre des sbires, voire effectuer quelques mini-jeux, de checkpoints en checkpoints, jusqu'à atteindre l'antre du boss. Ces phases se renouvellent agréablement avec chaque combat classé, et peuvent se montrer très originales dans leur déroulement ou leur mise en scène. Et puis vient donc le combat contre les assassins classés, et on va d'abord faire un petit tour par le gameplay.



Mi-otaku mi-luchador



NMH est un beat-them-all somme toute assez classique, mais qui recèle quelques subtilités. Votre arme principale sera votre katana, avec lequel vous pouvez taper de trois manières différentes, suivant l'inclinaison de la wiimote. C'est assez déstabilisant au début, mais on peut effectivement faire des coups plus lourds en "levant" la manette, des coups plus rapides en la "baissant", et des coups normaux en ne faisant rien. Pour le reste, il suffit de marteler un bouton pour sortir la plupart des combos. A noter que votre katana fonctionne avec une batterie assez spéciale, lorsque celle-ci est vide, votre puissance est fortement réduite et vous devez secouer votre wiimote de haut en bas pour la re-remplir... Il est aussi possible de donner un coup qui étourdit ses adversaires, donnant ainsi l'occasion de leur faire des prises de catch ! A cela s'ajoute enfin une sorte de bandit manchot qui, à force de tuer des ennemis, vous confère deux ou trois pouvoirs au hasard, comme une invincibilité ou une super-vitesse.


Un autre élément très important du jeu réside dans les très nombreaux QTE (Quick Time Event), qui interviennent à la fois pour les prises de catch, les "chocs" entre deux katanas, ou certaines attaques ennemis. Ces QTE sont d'ailleurs utilisés à foison pendant les combats contre les assassins classés, qui sont l'essence même du jeu. A la manière d'un film hollywoodien, ces combats sont merveilleusement mis en scène et amènent souvent à des duels et dialogues d'anthologie. Le duel se termine évidemment par la mort, la vôtre ou celle de votre adversaire. Avant et après chaque combat, Sylvia en rajoute aussi une couche histoire de "stimuler" un peu Travis, et accessoirement conditionner aussi le joueur en l'impliquant au maximum dans le jeu.



100% décoloré



Niveau graphisme, on a le droit à de très jolies modélisations, qui se rapproche presque du cel-shading, malgré la ville désespérément vide et le level design pas toujours très inspiré. Le design des différents protagonistes est par contre excellent et assez recherché. NMH possède aussi cette patte personnelle de jeu old-school, très pixellisée et pas du tout désagréable. En effet, comme pour Killer 7, le jeu utilise beaucoup ce style, notamment dans le design de la carte et des autres indications à l'écran (santé et batterie du katana), mais sans jamais tombé dans l'excès.


Il y a par contre un aspect dont nous, pauvres européens, avons été victime : la censure. Je vous invite à chercher des vidéos comparatives des versions européennes et américaines, et vous constaterez que notre version a été complètement édulcorée, et que l'on n'y trouvera pas une seule goutte de sang ! Si on ne s'en rend pas compte au départ, on comprend vite que c'est toute une partie de la philosophie du jeu qui disparaît. En effet, les gerbes de sang sont là pour faire ressentir au joueur que Travis n'est pas là pour déconner, et qu'il usera d'une violence extrême sur quiconque se dressera sur son chemin. Cette effusion est aussi là pour montrer que, contrairement à un jeu comme Killer 7 ou même Shadow of the Damned, dans NMH ce sont bien des humains que l'on massacre par dizaines. On a du coup un peu plus de mal à se mettre dans la tête de Travis, de se dire "wow, c'est vraiment ignoble ce que je suis en train de faire à ces gens, je devrai arrêter mais j'ai envie de continuer" (ou un truc dans ce sens là :p). Donc voilà, je ne comprends pas la raison qui a poussé les censeurs (ou qui que ce soit d'autre) à remplacer les litres de sang par un minable effet de poudre noire.



Conclusion



Le jeu suit donc un schéma assez simple, qui est à mon sens un peu maladroitement plombé par des phases de transition pas passionnantes. Tout dépend de la manière dont le joueur voit le jeu. Certains joueurs seront tellement impatients de voir la fin de l'aventure que les phases de transition passeront finalement assez bien, d'autres auront du mal à se donner le courage de passer ses foutues phases. Le principe même du jeu, le scénario et finalement le gameplay sont parfaitement maîtrisés, dommage que la progression soit si lente. Après, qu'aurait été le jeu si on avait supprimé ces transitions et enchaîné un à un sans interruption les combats classés ? Réponse peut être dans la suite...


Quoi qu'il en soit, le jeu reste un pur plaisir à parcourir, ne serait-ce uniquement que pour ses combats classés et son ambiance atypique. Il est seulement franchement dommage d'avoir été censuré aussi cruellement, à tel point je trouve que la philosophie du jeu en est touchée. Sur ce point, il peut être intéressant de se tourner vers la version remastérisée de la PS3, même si on perd le gameplay à la wiimote, plus immersif.

Vash
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le 29 avr. 2015

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Vash

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