Après avoir essayé la démo il y a quelques mois, j'attendais No Place for Bravery de pied ferme. Si le gameplay s'annonçait un peu raide, cela semblait de prime abord gérable et les qualités du titre en terme de world building et de direction artistiques faisaient rêver.
Néanmoins, après quelques petites heures de jeu, force est de constater que le pari est manqué (du moins à mon avis) et on a une œuvre bâtie sur des belles fondations mais qui finit pourtant par s'écrouler.
A bien des égards, le jeu affiche des inspirations fortes de Hyper Light Drifter (dans le visuel, l'état du monde où se passe le jeu -y compris sa carte, les déplacements et le level design), ainsi que de Sekiro (via son système de combat où la posture a un rôle crucial). Et plusieurs de ces éléments sont gérés avec talent : les visuels sont magnifiques et participent à créer un monde qui propose une mythologie assez fascinante, et le simple fait d'ouvrir sa carte est une invitation à l'aventure.
L'histoire est plutôt réussie et les thèmes développés jusqu'à la fin du jeu plutôt intéressants ; cela est malheureusement supporté par des dialogues parfois assez peu crédibles dans le ton, et des archétypes pas vraiment inspirés (ie une demoiselle en détresse).
Dans les éléments réussis du jeu, probablement celui que j'ai préféré, on notera l'excellente bande originale par Eduardo Zolhof. Les chants de gorge nordique, avec des musiques mélancoliques aux rythmes lourds et profonds font vraiment mouche. Même pour celles et ceux qui ne toucheront pas au jeu, je conseille fortement d'y jeter une oreille.
Malheureusement, le cœur du jeu ne tient vraiment pas la route selon moi. Le combat est lourd et rigide, on se demande si le placement des ennemis est cruellement abusif ou mal pensé, les animations manquent parfois de frame pour pouvoir parer correctement et les feedback audio sont insuffisants pour donner du corps au combat (voire simplement transmettre l'information de ce qu'il se passe. Même avec une sérieuse expérience des jeux d'actions-rpg exigeants, la pilule passe mal, témoignant à mon avis d'un design lacunaire plus que d'une difficulté à apprivoiser.
Les phases un peu plateforme sont également brouillonnes, et quand on perd une portion (bien trop importante) de sa barre de vie à la moindre chute parce que la lisibilité ou les contrôles ne suivent pas, on a du mal à relativiser.
On nuancera en mentionnant le fait que le jeu propose non seulement des niveaux de difficultés, mais également des réglages spécifiques de ce qui compose ces niveaux (points de vie, fenêtre de parade, etc etc...). Si ces options sont vraiment à saluer, ça reste insuffisant, à mon sens, pour donner envie de continuer : même en mode facile, le feeling manette en main n'est pas terrible et les soucis demeurent, seule l'avancée globale est moins répétitive et frustrante.
J'aurais voulu avoir plus de choses positives à dire et louer le jeu dans son ensemble mais malheureusement No Place For Bravery est globalement manqué pour moi.
Histoire de finir sur une note positive (et sincère) : je pense que le studio brésilien No Glitch Factory est à garder à l’œil et j'ai hâte de voir quel sera leur prochain projet.