Observer
6.9
Observer

Jeu de Bloober Team et Aspyr Media (2017PC)

Voilà ce qui est ma toute première critique et c’est Observer qui a l’honneur d’être mon premier sujet. Il faut dire que j’ai trouvé l’expérience particulièrement intéressante et prenante et qu’une critique s’impose presque comme logique


Alors pour commencer, Observer est un jeu développé par Bloober Team, connu pour avoir fait avant lui Layers of Fear, un simulateur de promenade horrifique et psychédélique. Et Observer s’inscrit dans l’héritage de ce que je vois en un sens comme un grand frère spirituel.
Spirituel car le contexte d’Observer est bien différent. C’est le cyberpunk qui est à l’honneur cette fois, et il nous emmène dans une Cracovie du futur, en 2084, dans ce qui semble être une société orwellienne où une méga corporation, Chiron, à la main mise sur la société. L’univers est sale, malsain et on s’y plonge très vite par son décor mais aussi par ses personnages. Le jeu est une sorte de huit-clos à l’échelle d’un immeuble dans lequel on va devoir mener une enquête. Il pleut, il fait nuit, c’est vide, sale, partiellement en ruine. De plus, on est seul. On ne rencontre qu’un personnage physiquement et c’est loin d’être une présence rassurante. Les autres rencontres se font via des interphones et c’est à travers celles-ci que l’on découvre la population de l’immeuble. Et elle contribue beaucoup à l’ambiance si l’on prend le temps de sonner aux portes. Drogue, violence et insanité, voilà ce qui décrit bien ce avec qui on aura l’occasion de discuter tout au long du jeu. Il y a un certain travail à ce niveau-là, les portes cachent pour beaucoup des personnages assez différents, malgré des comportements parfois caricaturaux pour certains. Mais l’univers se construit assez bien sous nos yeux, que ça soit notre environnement direct ou cette fiction plus globale qui emprunte fortement à Orwell, comme l’indique les différents exemplaires de 1984 disséminés dans le jeu.


Mais contrairement à Layers of Fear, le jeu ne se contente pas que d’un décor, il propose cette fois ci aussi du gameplay. Alors il reste très sobre et le nombre d’actions réalisables est très limité. On reste un personnage qui se fait balloter par son environnement et ce sentiment d’impuissance qui s’en dégage participe à l’ambiance du jeu. Sinon, dans les actions proposées, on a accès à deux visions qui sont nos outils d’enquêteur. Cela permet de se sentir un peu plus actif dans le jeu mais ça reste quand même assez superficiel, à l’instar des choix dans les dialogues qui n’ont pas d’impact sur le jeu qui reste très dirigiste. On a aussi des missions secondaires en marge de l’enquête principale qui nous offrent l’occasion de découvrir un peu plus mais toujours pas d’impact sur le jeu quand on les accomplit, on peut très bien faire tout le jeu en les ignorant. Mais ça serait dommage de les ignorer tant elles renforcent l’ambiance vraiment malsaine. Donc du gameplay oui, mais d’une plus-value toute relative. Ça reste néanmoins appréciable d’être actif et on se sent plus impliqué dans le jeu, je n’y verrais donc pas là un réel défaut, c’est même un assez bon point, l’implication étant l’un des ressorts qui permet au coté horrifique du jeu de mieux fonctionner.


C’est aussi à travers ce gameplay qu’on accède au cœur du jeu. Notre personnage dispose d’un « mange-rêve » qu’on pourrait utiliser à des moments très spécifiques et c’est ce gadget qui nous propulse dans les phases psychédéliques du jeu. On parcourt les souvenirs des personnages à travers des visions cauchemardesques et c’est là que se situe tout l’intérêt du jeu. C’est un réel trip hallucinatoire au rythme soutenu avec des effets de lumières et une ambiance sonore folle. C’est illogique, irréel, invraisemblable, ça attaque tous nos sens. Bref, c’est une expérience unique et je la trouve parfaitement réussie. Le jeu vaut le coup juste pour ces séquences.
C’est pour moi le point fort du jeu. C’est un chef d’œuvre de mise en scène du début jusqu’à la fin. L’ambiance sonore est oppressante au possible, la lumière est aussi anxiogène et tout s’emboite très bien, c’est tout simplement une réussite sur ce point. Le game design est un ton en dessous à mon avis. Ce n’est parfois pas évident de comprendre ce que l’on doit faire, on peut vite se retrouver bloquer pour rien et les énigmes du jeu sont assez convenue, on les aura toutes faites au moins une fois dans un autre jeu. Celle du labyrinthe m’a néanmoins agréablement surpris et je l’ai trouvé vraiment sympa. J’y vois là le gros, et seul, défaut du jeu.


Tout ça nous laisse avec le scénario du jeu qui est prenant et bien ficelé si on prend la peine d’arriver jusqu’à la fin. Là où l’ambiance nous pousserait presque à tout éteindre tellement elle peut se montrer angoissante, l’histoire arrive à nous faire rester pour en découvrir toujours plus sur cette enquête. On pourrait à la limite reprocher au rythme du jeu de s’emballer sur le dernier quart du jeu mais la toute fin résout assez bien tous les défauts qu’on pourrait lui trouver.


Il y a un point du jeu qui m’a interpellé et qui pour moi ne rend le jeu que meilleur, c’est son titre et son traitement. Observer tire son nom de la fonction de notre personnage car il peut rentrer dans l’esprit des autres Et donc l’observer. Et pourtant, c’est le jeu qui passe son temps à nous observer, comme si nous n’étions qu’un simple acteur et lui le spectateur de la pièce dans laquelle nous évoluons. Dans le jeu, ça se traduit par la rencontre avec les personnages que l’on ne peut pas voir mais qui eux nous observe par le biais des interphones. On a aussi cette présence invisible pendant tout le long du jeu qui participe à cet effet. Et puis, presque comme une évidence, tous les yeux sur les écrans qui sont braqués sur nous pendant certaines phases du jeu. Un twist dans l’identité même du jeu qui rend la mise en scène encore plus réussie.


Observer, c’est donc une expérience unique dans le jeu vidéo. Son scénario et son ambiance valent le détour mais ses phases psychédéliques en feraient presque un incontournable du genre tellement elles sont réussies. Alors n’hésitez pas plus longtemps et foncez sur ce jeu.

DMNK-919
8
Écrit par

Créée

le 16 avr. 2019

Critique lue 356 fois

2 j'aime

DMNK-919

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