Un contexte prometteur, une histoire sympa mais un peu décevante
Of Orcs and Men est un jeu de rôles situé dans un univers où les orcs sont dominés par les humains. On y contrôle Arkhail, un orc à la sombre réputation chargé d’assassiner l’empereur des humains, et Styx, un gobelin engagé pour lui permettre de l’atteindre.
J’ai vraiment eu du mal à accrocher à ce jeu, et j’ai abandonné ma partie une fois arrivé au bidonville (le premier chapitre). Je jette la pierre aux décors, répétitifs et laids, à un level design ultra sommaire où chaque niveau est presque littéralement un couloir, à des dialogues parfois au ras des pâquerettes (les deux protagonistes se détestent et s’insultent copieusement, et on finit par faire une overdose de « ferme-la connard » et de « t’es une merde » assez rapidement) et, surtout, au système de combat. Alors… franchement, si j’avais été à la place des développeurs et que je devais choisir un système de combat impliquant, entre autres, de contrôler une montagne de muscles, de briser des colonnes vertébrales et de faire s’envoler les mâchoires, je me serais plutôt tourné vers un système permettant au joueur de réellement contrôler et de « ressentir » l’impact de ses coups. Je n’aurais certainement pas choisi un système où on a qu’une cible active et où on doit empiler nos attaques dans une liste d’actions, avec toute la latence et la mollesse que ça implique. Sacrebleu ! Arkhail a des bras deux fois plus gros qu’un humain, il devrait normalement être capable d’envoyer ses assaillants en orbite à grand renfort d’enchaînements et de combos.
Ce système de combat ne rend pas du tout ces derniers intéressants. Pire, la difficulté me semble avoir été inversée. Je crois que je suis plus souvent mort au cours du premier chapitre qu’au cours des trois derniers, et certains affrontements du chapitre 2 m’ont vraiment paru impossibles à terminer sans faire du hit & run avec Styx, en ressuscitant Arkhail à chaque tour de circuit. Il faut dire que certaines compétences changent la donne, et qu’un tank multi-cibles associé à un assassin mono cible s’en tirent à merveille. Il arrive parfois qu’on ait la possibilité de vider des salles entières grâce aux facultés d’assassin de Styx. Ce n’est pas bien passionnant ni riche en défis, mais ça permet d’écouter ou d’éviter les combats, donc c’est toujours ça de pris.
Of Orcs and Men est un titre à petit budget. Ne vous attendez pas à des choix cornéliens, à pouvoir résoudre les quêtes de différentes façons, et encore moins à de l’open world. Je parlais du level design ultra limité : c’est encore pire pour les quêtes secondaires, que vous obtenez dans l’un de vos QG. Les musiques font ton sur ton avec ce dernier (certaines boucles de six secondes sont horribles et donnent envie d’abréger) et les doublages, très réussis pour nos deux peaux vertes, sont ratés pour les personnages secondaires (merci les acteurs qui surjouent, ou qui jouent mal) ou gâchés par la qualité de leur enregistrement (on dirait que la prise a été faite à un volume trop élevé, ou quelque chose dans ce goût-là). Les animations sont du même acabit : réussies pour Arkhail et Styx, ratées pour les autres. Il aurait encore mieux valu que ces derniers bougent seulement la mâchoire, façon Deus Ex, plutôt que d’avoir ces espèces de gesticulations incontrôlées. Quant à leur modélisation, je dirais que seuls les deux protagonistes et leurs compères orcs sortent vraiment du lot (même si je n’adhère pas complètement : leur corpulence et leur tête minuscule me fait penser aux gardes désévolués du film Super Mario ; oui, y’a aucun rapport, mais j’y peux rien).
Mais si j’ai autant de reproches à faire au jeu, qu’est-ce qui a bien pu me pousser à le terminer ? Principalement deux choses : le contexte, et l’histoire. L’esclavage des orcs, leur libération et leur quête d’un nouveau foyer fait partie des thèmes de World of Warcraft que je préfère (d’ailleurs, la rébellion de Thrall est le seul que j’ai lu). J’ai retrouvé un peu de cet esprit-là dans Of Orcs and Men, avec des humains bien plus détestables et aux méthodes bien plus extrêmes. L’histoire, quant à elle, est narrée avec un bon rythme et développe non seulement l’univers, mais aussi les protagonistes, en plus d’offrir de la surprise ici et là. Le ton y est aussi, avec un commentaire de Styx en guise de transition de chapitre. Malheureusement, elle ne se révèle pas être aussi épique que ce que l'on pouvait en attendre...
Pour résumer, je dirais qu’Of Orcs and Men n’est pas un “grand” jeu, et il est loin d’être parfait, mais je pense que ce qu’il a à offrir vaut la peine qu’on s’y accroche.