Vous souvenez-vous de Hohokum, cet étrange jeu psychédélique où le joueur dirigeait un une créature à l'air de spermatozoide de l'espace dans un décor tout encouleurs et géométries variables, aux objectifs aussi abstraits que ses environnements, et qui pourtant réussissait avec brio une synesthésie, cette danse entre les sens auxquels prétendent nombre de jeux mais que bien peu arrivent à rendre ?
Onde joue dans cette catégorie restreinte d'expériences réussies, où l'on atteint des moments d'extase béate, porté par un gameplay simple et efficace, où tout passe par l'expérience, l'intuition, au delà des mots. Rarement le terme malheureusement galvaudé "organique" aura été plus adéquat pour décrire ladite expérience.
A posteriori, une fois la relation consommée, on pourra peut-être regretter le coté dirigiste de ce puzzle-plateformer psychédélique, voire sa courte durée. Mais ce serait pinailler, d'une part, et passer à coté de ce que le jeu nous offre : un voyage, un vrai, qui prend au coeur, flirtant avec les expériences de Jenova Chen comme Flower, offrant une immersion d'une intensité trop rare dans le vidéoludique (la version VR de Rez, et dans une certaine mesure Tetris Effect font partie de ces élus qui ont réussi ce pari).
La direction artistique est irreprochable, d'une beauté sans faille, véritable feu d'artifices maîtrisés qui traverse cet univers qu'on ne comprend pas mais qu'on accepte d'emblée, dont on se plait à ressentir les évolutions par le son et l'image, les modulations des règles régissant ce monde en mouvement.
Décrire le jeu ou le gameplay reviendrait déjà à gâcher une partie d'une expérience totale, donc terminons sur une citation et une invitation a ce voyage singulier qu'est Onde :
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
(Correspondances, Baudelaire)