Le dernier, euh, film de Michael Moore m’aura permis de réaliser deux choses. La première, c’est qu’on peut enfoncer des portes ouvertes, sans être capable de les franchir en temps normal, sauf de profil, en hurlant « le capitalisme est dénué de sentiment humain » tout en engendrant du pognon avec une Lapalissade. La seconde, c’est que l’univers des entreprises cotées en bourses est aussi cruel que celui de l’infiniment petit. Ici comme ailleurs, tout le monde bouffe tout le monde, surtout quand le monde en question est beaucoup plus faiblard, technique dîtes de de l’Highlander, où, à la fin, une seule entité survivra (Here we are, born to be king etc.). Osmos est basé sur le même moule, à savoir l’absorption des dominés pour faire la nique aux dominants. Le tout dans une avalanche de sérénité et de volupté n’étant pas sans rappeler le milieu vaginalo-utérin dont nous venons tous et que nous regrettons souvent. Les spécialistes préciseront qu’il s’agit d’un simulateur de protozoaire dont les principaux intérêts seraient et d’évacuer notre stress et de nous remémorer qu’il n’y a pas d’injustice à ce que les costauds tabassent les gringalets au collège. Effectivement, ça se passe comme ça depuis la nuit des temps, que l’on soit chez Wall Street ou chez Mère Nature.
Osmos est cependant beaucoup plus subtil que les grosses brutes vous agressant dans la cour de récré. Si l’ambiance est à la décontraction, le climat penche clairement vers la réflexion. Le constat est simple : en l’absence de toute protubérance pouvant initier une impulsion, votre avatar unicellulaire n’a d’autre choix pour avancer que de se séparer d’une partie de sa masse, stratégie connue de tous puisque récemment employé par Éric Besson. Chaque mouvement vous déleste ainsi d’une part de votre être, entraînant une perte de taille vous rendant vulnérable à nombre des bestioles du coin. Tout l’intérêt d’Osmos repose donc dans ce paradoxe, celui où l’on se demande comment devenir une grosse légume quand le moindre déplacement vous fait fondre comme neige au soleil. La réponse tient de l’équilibre et de la patience. Pas question de se ruer dans le tas, tout doit être subtilement calculé pareillement à une fine partie d’échec. La réussite passe par une dépense d’énergie minimum, obligeant à anticiper, à observer les trajectoires de chaque victime, à jouer sur la physique : inertie, courants, gravité… Ou comment glisser de la zenitude à l’âpreté par une simple erreur de dosage ou d’inattention. Mais non, on ne s’énerve pas tant Osmos est admirablement bien conçu. Quelle que soit la situation, il repose. Croyez-moi, l’avoir sous la main une fois terminé le solo reaganien d’un quelconque FPS tirant vers les guerres modernes et réalistes agira comme une douce pommade sur votre séant. Oui parce que, même si l’on pourrait penser qu’il est cher pour quelques heures de détente, ça n’est rien en comparaison de la douleur provoquée par l’achat et la profonde bêtise des ces titres-là. A ceci près qu’en plus, ceux-ci rendent con.