La Jetée
8.1
La Jetée

Court-métrage de Chris Marker (1962)

Pour corriger un terrible manque de culture cinématographique, j'ai enfin maté La Jetée. Un court-métrage d'anticipation de 28 minutes, réalisé par Chris Marker en 1962. Et c'était... pfiiou.

Comment dire ? D’abord, je ne sais pas si je dois parler de film ou de roman-photo, puisqu’il est presque entièrement composé d'images fixes accompagnées d’une bande-son simple et d’un narrateur unique. Celui-ci nous conte une histoire d'un ton neutre, détaché, lointain. Comme s'il s'agissait du souvenir de quelqu'un d'autre. Or, le souvenir, c'est de cela qu'il est question ici. D'un prisonnier, envoyé dans le passé à travers sa propre mémoire pour mieux préparer l'avenir de la race humaine. Il y rencontrera alors une femme (Hélène Chatelain, magnifique), LA femme l'ayant obsédé toute sa vie, et dont il ne gardait jusqu'ici qu'une image fugace, celle d'une après-midi de son enfance.
Certains constateront une certaine similitude avec L'Armée des 12 Signes de Terry Gilliams, et pour cause : ce court-métrage a solidement inspiré le réalisateur anglais. Et bien que son film soit excellent, il est loin de submerger le spectateur d'émotions comme celui de Chris Marker.

Parce que c'est bien simple : en moins d'une demi-heure, La Jetée suscite en nous toute une palette de sentiments que certains cinéastes sont incapables de faire naître avec deux heures devant eux. C'est beau, intense, terriblement mélancolique et tragique, tout en étant fortement poétique. Et que dire de cette musique liturgique baignant l'ensemble ? On sort du cadre du cinéma et on entre de plain-pied dans celui d'une véritable expérience émotionnelle. C'est une forme de poésie, une construction qui s'écoute et se regarde plus qu'elle ne se raconte ou ne s'explique. Une oeuvre qui laisse presque sur le carreau tant elle est puissante et unique, forçant à la réflexion et l'introspection. Ouais. Carrément.
Une sacrée leçon pour n’importe quel amoureux du septième art, et un truc qui va probablement me retourner la tête pendant quelques jours.
RaphiLeSobre
9
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le 24 mars 2013

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