Ce jeu est vraiment à conseiller à toutes celles et ceux qui ne considèrent pas les jeux vidéo comme un art car prétextant que le médium ne possède pas d'identité, pas de spécificité propre, qu'il n'est qu'un patchwork d'arts déjà existants, car ce "Outer wilds" c'est la quintessence de ce qu'un grand game design peut te faire vivre comme palette d'émotions.
Un représentant parfait pour prendre conscience que ce genre d'aventure on ne peut la vivre qu'avec le 10ème Art car poussant l'implication et la liberté du joueur à nul autre pareil.
Car oui, le game design de ce titre est un modèle du genre et frôle la perfection. Le tout servit par une ambition démesurée car s'affranchissant de tous les codes grossiers et artificiels récurrents du AAA contemporain. Pas de combats, pas d'inventaire, pas de craft, pas de temps de chargement, pas de montée de niveau, pas de marqueur de quête, pas de checkpoint, pas de murs invisibles dans un open world en temps réel... La liste est longue comme un bras. "Outer wilds" est un bijou de construction par la soustraction. On enlève le superficiel et le superflu et on va à l'essentiel. Un essentiel complètement épuré ludiquement parlant. Car quand on arrive à éviter les murs invisibles dans un monde ouvert aussi complexe c'est signe d'un world et level design totalement maitrisé et abouti.
Tout le jeu se termine grâce à du savoir, à des informations glanées sur le lore et l'histoire. La narration faisant partie intégrante de cette dernière car elle est le terrain de jeu même.
L'ensemble est d'une cohérence sans faille.
La progression dans l'aventure se fait de manière organique. On ressent vraiment ce côté enquête lent où on va petit à petit recouper les informations, glanner des renseignements sur le lore... C'est un jeu de pur surprise et de découverte. Chaque nouveau renseignement, nouvelle rencontre, nouveau lieu secret se méritent. Et pas besoin d'un monde ouvert ultra vaste avec une surenchère de contenu, tout est si dense et bien équilibré que pour découvrir l'intégralité du lore il y a de quoi faire.
En plus de ça j'avais des craintes sur la direction artistique minimaliste ou sur un gameplay qui pouvait sembler frustrant dans le maniement du vaisseau avec son inertie spécial mais au final quand tu meurs c'est toujours de ta faute, tu peux toujours t'en prendre qu'à toi même, et la DA est pleine de charme avec des bons choix de couleurs, un sound design immersif, un chara design génial (surtout celui des différents astronautes musiciens que j'adore)... Ce style visuel particulier n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui du classique "Myst", célèbre point and click de 1993...
La musique est quant à elle délicieusement entêtante. :p
Bon, pourquoi avoir enlevé une étoile alors ? Pour cette fin que j'estime un peu trop abrupte et expéditive.J'avoue être resté sur ma faim. J'aurais apprécié un truc plus percutant pour conclure sur une note qui envoie. Mais bon, ça c'est purement subjectif et n'engage que moi. D'ailleurs avoir une fin sobre comme ça encore une fois c'est complètement en phase avec la philosophie du jeu qui n'en fait jamais des caisses, tout y est remarquablement bien dosé, maîtrisé, et ce jusqu'à ce laps de temps que nous avons pour explorer ce système solaire, ni trop long, ni trop court. Et rien ne te sort de l'immersion, jamais.
Ce titre transpire l'hommage à la curiosité intellectuelle et à la surprise de la recherche et de la découverte propres au domaine scientifique. Et le tout jamais de manière clivante tant le tout est d'une bienveillance et d'une subtilité rare. En plus le jeu a aussi bien su me prendre par les sentiments avec ses petites références au classique "2001 : l'odyssée de l'espace", un film que j'affectionne particulièrement.
Bref, une leçon de jeu vidéo tout ça. L'un des meilleurs jeux de la décennie.