Pratiquant le jeu video depuis bien (trop ?) longtemps, comme en atteste mes beaux pouces musclés, je n’ai guère été satisfait de voir le jeu en ligne prendre une telle place depuis les années 2000. Quand certains jeux s’accompagnaient de modes multijoueurs qui permettaient les plus grandes joies et amitiés brisées sur le canapé, leurs suites ou nouveaux représentants déportaient ces modes pour les rendre en ligne, délaissant ces plaisirs partagés ensemble devant le grand écran.
Certes, je n’ai plus la même possibilité de réunir autant d’amis devant le poste de télévision et des jeux en ligne tels que le formidable Sea of Thieves ne pourraient se jouer de cette façon. Mais quand même, j’étais chagriné de cette évolution forcée. Je suis resté fidèle à Nintendo car la compagnie n’a pas oublié l’importance de ces rassemblements, mais j’ai apprécié que la scène du jeu vidéo indépendant se rende compte qu’il y avait encore une demande pour de tels titres. Que de bons moments sur Towerfall Ascension, par exemple. Mais aussi avec Overcooked, sorti en 2016 et depuis disponible sur toutes les plateformes actuelles.
Overcooked met en avant la coopération. D'ailleurs y jouer seul est possible mais terriblement ennuyeux. Et pour cela utilise le cadre de la cuisine, sans les odeurs de gras et les miettes partout. Pendant un temps limité, il est demandé aux joueurs de réaliser différentes commandes, qui obligeront ceux-ci à couper la viande ou les légumes, faire chauffer la marmite, envoyer les plats et nettoyer la vaisselle. Chaque plat demande tels ingrédients. Il faut les réaliser au plus vite pour gagner le plus d’argent possible. Et pour cela, il va falloir coopérer. Se parler (ou s’engueuler), dire qui fait quoi, demander à untel d’intervenir pour enlever la poêle du feu avant que la cuisine ne brûle ou pour transmettre un légume qui manque dans la commande. Les possibilités sont nombreuses, tout est simple à faire mais dans le feu de l'action il risque d'y avoir des casserolles renversées.
Car chaque niveau constitue autant de contraintes le plus souvent loufoques qu’il va falloir prendre en compte. Il y aura des tapis roulants, des interrupteurs qui ouvriront des portes, des surfaces glissantes avec des trous qui feront perdre les plats préparés en cas de chute, des moitiés de niveaux qui ne se rejoigneront qu’un court instant, des rats voleurs, et ainsi de suite. Chaque nouvel environnement demande à être découvert et testé (souvent dans la douleur) avant que des stratégies d’entraide puissent émerger. Le jeu ne se prend pas au sérieux, mais se révèle assez difficile, obligeant les joueurs à jouer et essayer de nouvelles approches pour avoir un bon score qui débloquera le prochain niveau. La maniabilité est d’ailleurs un peu flottante, ce qui entraînera quelques petits problèmes de précision lors de moments critiques.
Cet univers coloré et décalé tentera de désamorcer la tension du monde sans pitié de la cuisine, mais il y aura des moments difficiles, qui pourront briser la motivation de certains. Mais en s’accrochant, Overcooked est un régal. Au fil des tentatives, on se rend compte du travail effectué sur le jeu, pour le rendre toujours stimulant, que chaque nouveau niveau intègre de nouveaux mécaniques tels que de nouveaux plats. Le jeu peut même être éreintant quand les joueurs peinent à suivre. Mais la satisfaction est réjouissante quand la coopération agit, quand les joueurs communiquent ou que les habitudes font que certaines demandes n’ont même plus besoin d’être formulées.
Succès mérité, le jeu aura droit à deux extensions, dont une gratuite aux couleurs de Noël, mais aussi une suite, dans la droite lignée du premier.