Oxenfree, comme pour Firewatch, est un jeu qui a débarqué sur ma Nintendo Switch à la suite d'une baisse notable de son prix. Ayant eu vent de l'arrivée prochaine d'un second opus et ayant découvert le travail de Night School Studio avec quelques heures passées sur l'étonnant et hilarant Afterparty - que je suis en train de recommencer et finir au moment où je vous écris ces lignes -, je rajoutais sans trop d'efforts ce titre à ma collection numérique. Contrairement aux apparences - et aux conclusions tirées par certains avis que j'ai lu sur la Toile de personnes qui se seraient basées sur ce qu'ils ont vu dans les trailers -, ce jeu n'est pas un plateformer, mais un jeu d'aventure narratif avec tout ce que cela implique au niveau des mécaniques de jeu.
Brouillage radio
Vous êtes dans la peau d'Alex, une adolescente tout ce qu'il y a de plus normal qui, accompagnée par son demi-frère Jonas, son meilleur ami, Ren, la fille dont il est amoureux, Nona et l'ex-petite amie du frère décédé d'Alex, Clarissa décide de faire avec eux la fête sur une île abandonnée. Ancienne base militaire, elle ne comptait comme habitante permanente qu'une dénommée Maggie Adler qui est récemment décédée. Si initialement, cela se présentait comme une occasion rêvée pour nouer des liens avec son nouveau demi-frère, Jonas; à la suite de l'exploration d'une grotte à proximité de la plage sur laquelle ils s'étaient installés, ils se retrouvent tous victimes d'événements étranges qui, en plus de les séparer en plusieurs groupes, les entrainent dans une succession d'aventures qui semblent leur faire courir un véritable danger. Guidés par d'étranges transmissions sur la radio portative qu'ils ont apportés avec eux, ils vont découvrir que l'île recèle un obscur secret qui pourrait tous les mener à leur perte...
On the Radio
Ce qui frappe dès les premières secondes de jeu, c'est la qualité du doublage. Les acteurs sont criants d'authenticité et participent indéniablement à rendre l'impact des dialogues très bien écrits qui font brillamment avancer le récit. Ce qui n'est pas étonnant vu que la plus grande partie du gameplay de ce jeu se résume à faire des choix de réponses pour faire évoluer les relations entre les protagonistes afin de définir quel sera le dénouement de leurs péripéties.
Véritable thriller interactif, Oxenfree nous distille par le biais de son histoire une ambiance oppressante et des aventures et révélations fascinantes qui motivent à enchainer les 3 à 5 heures nécessaires à survoler une première fois ce titre. Comme si ça ne suffisait pas, les tableaux que vous traversez, très certainement dessinés à la main, sont aussi sublimes qu'ils font admirablement écho aux différentes atmosphères auxquelles vous allez avoir à faire. Comme tous les jeux du genre, les interactions sont réduites au strict minimum et c'est quelque chose qu'il faut savoir avant de se le procurer.
Malgré ce gameplay volontairement minimaliste, on pourra tout de même déplacer à sa guise le modèle 3D d'Alex dans les différents tableaux en 2.5D qui composent Edwards Island afin de récolter, au passage, les lettres dissimulées de Maggie Adler et les transmissions radio qui joueront le rôle de collectibles en plus d'enrichir le Lore qui contextualise l'intrigue principale.
Radiostar
L'autre facette du game design qui participe à rendre l'ambiance si particulière de ce jeu, c'est le travail qui a été fait sur le son. En plus des doublages qui sonnent toujours juste, on a un gros travail effectué sur les bruitages afin de rendre le plus possible compte du caractère oppressant des mésaventures d'Alex et ses comparses. Les grésillements, les bruits "spatiaux", les "voix" qui communiquent avec vous par les ondes de votre radio, un choc sourd d'un objet de grande taille qui touche brutalement le sol,... tout est au service de cette tension montante qui emprisonne de plus en plus les personnages de l'histoire.
Certains soubresauts sonores sont également accompagnés par des effets visuels que le scénario finira par vous expliquer avec plus ou moins de subtilité.
Et comme si ça ne suffisait pas, les morceaux de musique portent toujours avec justesse les différentes atmosphères de ce récit interactif.
L'entêtant Beacon Beach, l'hypnotisant The Beach, 7am ou l'étrange Cleanslate ponctueront les péripéties surnaturelles des protagonistes de l'histoire pour magnifier l'impact émotionnel de certains rebondissements.
We are, we are on the radio now, the radio now : Sans révolutionner le monde du jeu vidéo et plus précisément des jeux d'aventure pourvus du minimum syndical d'interactions nécessaires et suffisantes pour impliquer le joueur, Oxenfree est un petit titre plus que sympathique pour ceux qui apprécient ce genre. Entre ses protagonistes attachants, son scénario qui prend une tournure à laquelle on ne s'attend pas forcément, son ambiance intrigante et la possibilité par le biais de vos réponses et décisions d'impacter suffisamment vos relations avec vos amis pour influencer la fin, Oxenfree rempli aisément le cahier des charges d'un jeu proposant une intrigue au développement intéressant. Manette ou clavier et souris en main, il devrait faire le travail convenablement et même se payer le luxe d'occuper vos pensées plusieurs jours après l'avoir fini. Ce qui, de mon point de vue, est, en général, un gage de qualité.