Alors que le genre du jeu de tir depuis le succès d’Half-Life repose sur des aventures plus scénarisées, de nouveaux prétendants tels que Serious Sam puis Painkiller tentent de faire revivre la gloire des FPS décérébrés au début des années 2000. Alors que Serious Sam est développé par les Croates de Croteam, Painkiller est réalisé par le studio polonais People Can Fly. Painkiller ne fait pas dans la dentelle. Et c’est tant mieux.


Après un mortel accident de la route qui l’a séparé de sa femme, Daniel Garner se retrouve aux enfers. Pour espérer en sortir, Daniel n’a pas d’autre choix que faire le ménage et déjouer les plans de Lucifer, forcément diaboliques. Un scénario simple pour une invitation à l’action.


Alors que des titres comme System Shock, Deux Ex, Goldeneye, Half-Life ou Halo ont tenté de faire évoluer le FPS dans des registres plus subtils, Painkiller s’en moque, fait le pari de revenir aux milieux des années 1990. C’est ainsi que l’on retrouve les niveaux à explorer avec des zones cachées vicieusement et les armes, munitions et armes déposées ici et là sans souci de réalisme. Avec bien sûr les monstres à tuer par paquets, à l’intelligence artificielle ridicule mais dont leur nombre est leur plus grande force, pour de grands moments d’adrénaline.


Mais Painkiller prend le risque de baliser la progression, en imposant d’éliminer tous les ennemis d’une zone avant d’accéder à la suivante. La délimitation entre moments épiques et ceux propices à l’exploration est donc clairement affichée, cette formule cassant le rythme habituel des FPS, avec malheureusement moins d’effets de surprises.


Le jeu n’est donc pas un simple copié-collé de la recette d’une autre époque, le studio y a glissé quelques ingrédients propres. Ainsi, les ennemis abattus laissent derrière eux, mais temporairement, une orbe de vie. La récupérer permet de retrouver un point de vie, mais aussi, une fois 66 orbes récoltées, de passer en mode démon, avec une nouvelle représentation du champs de bataille. Ce mode spécial rend Daniel surpuissant, mais pour quelques instants. Ces orbes qui ne restent pas longtemps sur le champ de bataille sont donc à double tranchant, car si elles permettent de reprendre un peu de vie et d’espérer passer en mode démon, les récupérer nous fait passer sous le feu ennemi. Cela permet un peu de variété, le rendu est assez joli, mais le fait qu’il se déclenche automatiquement est parfois agaçant, quand il n’y a plus d’ennemis pour en profiter…


Le jeu tente d’adoucir sa répétitivité en proposant pour chaque niveau un objectif à remplir, « trouvez tous les secrets », « tuez plus de 200 ennemis », « n’utilisez que telle arme », « trouvez toutes les armures », etc. Si l’objectif est réussi, le jeu offre une carte de tarot, qu’il faut placer dans une main limitée à cinq cartes. Ces cartes accordent de nouvelles compétences ou des améliorations de statuts. Les argentées durent tout le niveau, les dorées sont temporaires et utilisables un nombre limité. Cela peut offrir l’augmentation de la santé maximale, la possibilité d’utiliser deux fois les cartes dorées, d’augmenter les dégâts infligés, de ralentir le jeu et autres joyeusetés. Débloquer ces cartes n’est pas si évident, mais cela permet de jouer différemment les niveaux, et la récompense en vaut la peine, en renouvelant les possibilités de base.


Pour ce qui est des armes, Painkiller allie classicisme et nouveautés, tout en veillant à ce que la sensation de puissance de jeu soit bien rendue . Chaque arme possède une fonction secondaire, ce qui permet d’éviter de jongler dans un trop large choix, ce qui peut être agaçant dans les moments les plus chargés en ennemis remontés. Painkiller propose d’ailleurs une arme très jouissive, le lanceur de pieux, qui permet de clouer les ennemis sur les murs. Idéal pour refaire la décoration des niveaux avec un petit sourire sadique.


Ces armes seront à utiliser dans des niveaux qui se suivent sans grande cohérence, mais très variés. Daniel arpente ainsi un cimetière, un ancien asile, des quais industriels, un monastère, une salle d’opéra; bref, une vingtaine d’endroits en tout, le plus souvent assez sombres voire glauques. Les lieux choisis reprennent beaucoup de destinations habituelles du film d’horreur, mais avec un grand soin dans les détails. Le seul reproche à faire serait que la progression est assez dirigiste, une flèche (désactivable) indique le chemin, et il faut suivre des points de passages pour avancer. Moins de libertés de mouvements pour plus d’action, pourquoi pas? Le joueur va ainsi à l’essentiel, mais le plaisir d’explorer les niveaux à notre guise est amoindri, comme c’était le cas dans Duke Nukem 3D.


Grâce à la beauté de ses décors mais aussi de son gameplay finalement assez atemporel, car primaire, brut, mais très exaltant, Painkiller est un jeu qui vieillit assez bien, qu’on peut relancer pour s’offrir une bonne tranche d’action. C’est un hommage appuyé aux FPS violents et bourrins des 90’s mais qui arrive à s’imposer grâce à ses armes jouissives, ses niveaux variés et bien construits et surtout au fun qu’il offre. A ressortir de temps en temps pour se rincer le cerveau au karcher et se (re)prendre une grosse dose d’adrénaline dans les veines.


Bien que son succès soit assez confidentiel, un certain nombre d’extensions (dont l’excellente et inquiétante Battle Out of Hell) sont sortis, tandis que le jeu fut porté sur différentes consoles et a même eu droit à un remake. Pour le découvrir dans de meilleures conditions.

SimplySmackkk
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le 30 oct. 2019

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