Papers Please, c'est vulgairement un jeu où il faut chercher les erreurs dans des documents qui vous sont fournit. Vous ne bougez pas de votre poste et vous ne ferez quasiment rien d'autre que vérifiez des papiers que vous tamponnerez de rouge ou de vert. Au pire des cas, vous aurez un joli pistolet pour tirez sur un migrant un peu trop enthousiaste à passer la frontière.
A première vue, le jeu n'est guère brillant. Et il est vrai qu'il ne brille pas par sa variété de gameplay. Mais Lucas Pope a réussit à rendre palpitant un vulgaire jeu de douanier par son ambiance. Autant dire que si celle-ci ne vous fait ni chaud, ni froid, vous avez peu de chance d'accrocher.
Le doux pays d'Arstotzka, est manifestement un mixte entre dystopie orwelienne et un monde cybernétique ultralibérale. Mettons fin à une légende qui tourne autour du jeu: celui-ci ne critique pas en particulier l'URSS mais bel et bien un Etat-Nation autoritaire imaginaire qui tire son inspiration de nombreux pays Européens du XXe siècle. L’œil attentif pourra reconnaitre des influence dans de nombreux pays d'aujourd'hui, que ce soit la Chine ou l'absurde USA, mais aussi passé comme l'Allemagne Nazi et l'URSS. Politique et dénonciateur, le jeu est une véritable attaque contre les sociétés Kafkaiennes et le manque d'humanité des États vis à vis des personnes extérieures à leurs communautés nationales. Le jeu ne dénonce pas le simple fonctionnaire que vous incarnez, mais bel et bien votre État bien aimé qui vous nourris. D'où le flou des inspirations qui permet de dénoncer des États Occidentaux.
Vous commencez avec la chance de recevoir un métier par la loterie nationale qui vous tire de la misère dans laquelle vous êtes, pour faire de vous un douanier. Vous n'avez pas vraiment le choix, puisque Arstotzka semble prit dans une crise économique terrible. Vu la date, il est probable que ce soit une référence à la crise pétrolière. Ne prenant que votre courage, vous allez désormais contrôler à la frontière de l'unique poste d'entrée de votre pays, les migrants venant vous envahir. Ici le jeu nous montre une flopée de personnages attachant et détestables que vous ne verrez qu'à travers la fenêtre de votre bureau. N'étant pas un pays communiste, le gouvernement d'Arstotzka est un enfer capitaliste qui vous paye au résultat. Plus vous contrôlerez de gens par jour, plus le fric tombera dans vos poches. Si les premières journées se passent relativement bien, les évènements qui suivent dans le jeu vont vous forcer à prendre des décisions. En effet, suite à des soucis venus d'étrangers voulant détruire votre beau pays (notamment ces ignobles Koléchiens ennemis du genre humain), votre gouvernement va rajouter de plus en plus règles de sécuritaires. Ce qui va augmenter le temps passé à vérifier les papiers et donc vous faire perdre des primes. Le jeu vous proposera alors la voie de l'honnêteté ou de sombrer dans les différentes formes de corruptions. Mieux encore, par moment des criminels vous proposeront de participer à leurs magouilles, qui ont été à l'origine de l'augmentation de la charge de votre travail. Que faire ? Les dénoncer ? En profiter pour enfin avoir cet appartement de catégorie 6 permettant enfin à votre gosse de ne plus choper la grippe tous les 2 jours ? A vous de choisir dans un monde où même vos propres supérieurs sont des pourris corrompus. Resterez vous l'honnête travailleur de votre pays, prêt à tous les sacrifices pour l'idéal que représente votre pays ? Ou allez vous laisser passer pour la 4ème fois ce sacré vieux rigolo et passeur de drogues ? Et que faire face aux multiples drames humains que vous rencontrerez ?
Vous êtes ici un simple douanier qui n'a pas le pouvoir de changer le système, mais vous avez le pouvoir d'atténuer ou d'augmenter la puissance de l’État à la frontière. Lucas Pope ne vous juge pas, les fins multiples sont pour la plupart sévères et la "bonne" fin est terriblement fade et réaliste.
Et surtout, ne l'oubliez pas, ne faites jamais confiance aux Koléchiens. Vive Arstotzka !