Bâtard ou bon cœur, il faut choisir
Douanier Simulator 2013 comme on pourrait l'appeler au premier abord. Papers, Please a pour principe de vérifier si les papiers des gens souhaitant passer la frontière pour aller à Arstotzka sont en règle.
Le style du jeu en pixel art est soit un atout de charme, soit une caractéristique répugnante qui le ferait automatiquement passer pour un mauvais jeu.
Pour moi, ça m'a fait penser à 'A la poursuite de Carmen Sandiego'. Notamment sur son style old-school, puis sur son principe d'enquête.
Chez Papers, Please, on commence par vérifier si le passant est un natif d'Arstotzka. On tamponne alors 'Validé' ou 'Rejeté', et on passe au suivant. Puis au fur et à mesure des jours, de vérifier son genre, sa date de naissance, sa date de validité, sa photo d'identité, sa ville de résidence, son poids, et encore plus... On en arrive donc a se retrouver sur notre bureau à vérifier les cinq documents que l'on nous fournit.
Mais outre ce gameplay de recherche, Papers, Please est une expérience qui veut nous demander : "Si vous étiez réellement douanier pendant la guerre froide, en hiver 1982, dans un pays tendu avec ses voisins, dans quel camp êtes-vous ?"
Si une femme vous demande de la faire passer, en ayant en plus accepté son mari précédemment, mais que ses papiers ne sont pas en règles, que feriez-vous ?
Papers, Please est un jeu extrêmement punitif dans le cas où il tente de vous mettre dans une situation réelle. Ne pas se tromper sur le passage où le refus d'une personne vous rapportera 5$. A l'inverse, si l'on se trompe plusieurs fois, on est amené à recevoir des pénalités. Ceci est embêtant puisqu’à la fin de la journée il faut payer le loyer, le chauffage,et la nourriture pour toute la famille.
Il s'agit donc d'un jeu étonnant qui nous interrogera sur le bon sens, le coeur, mais aussi l'humain.
Chaque décision entraînera un changement de la timeline pouvant mener à vingt fins différentes.
Ce qui m'a marqué personnellement, c'est le revirement de situation que j'ai pu éprouver lors de mes différentes parties. On se dit : "Allez lui je vais le laisser passer, c'est de bon coeur." Puis : "Laisser passer une organisation de résistance ? Pourquoi pas, après tout le pays est en guerre". Ainsi on termine avec un game over pour avoir collaboré avec l'ennemi résistant. Je refais alors une nouvelle partie en me disant maintenant : "J'ai besoin d'avoir le maximum d'argent, peu importe le discours de mon interlocuteur. Alors autant être méchant et simplement faire le travail que l'on m'a demandé".
Voilà toute la beauté de ce jeu.