L'art de la métaphore subtile.
"Quand on veut faire passer un message, on a tendance à l'énoncer trop clairement, et, du coup, peut-être que la créativité, l'originalité en souffrent." Naoki Urasawa
Voilà tout le problème de Papo & Yo : c'est un jeu au gameplay un peu banal (malgré certains concepts rigolos), qui mise beaucoup sur son "message" : son scénario. Le problème, c'est que tout est métaphorique, que le jeu a été vendu comme une histoire de problèmes entre un père et son fils, et que le tout avait le potentiel pour être subtil, mais crache son message, le martèle pour être sûr que le joueur l'a bien compris. En gros, c'est l'histoire d'un monstre, qui dort beaucoup, ne se réveille que pour manger des fruits et des grenouilles, ce qui a pour effet de le mettre dans une colère telle qu'il tabasse le gamin qui l'accompagne, son fils supposé. Et c'est tellement subtilement métaphorique que le monstre s'appelle "Papo" et le joueur "Yo" (=You pour renforcer son immersion dans cette histoire super originale). Enfin, pour assurer que tout est bien compris, les développeurs ont aussi eu la bonne idée de mettre quelques scènes où le monstre redevient humain, parce que l'homme n'est pas mauvais en soi, c'est l'abus de "grenouille" qui le rend comme ça, évidemment.
Donc voilà, l'idée est bonne, mais tellement appuyée et tellement dépouillée au fond (le propos n'évolue pas au cours des 3 heures de jeu, ça reste "Papo est gentil quand il dort, méchant quand il abuse de la grenouille") que le scénario, supposée force du jeu, n'intéresse qu'à moitié. Le reste, eh bien, des énigmes très répétitives (toujours les 4-5 mêmes mécanismes de gameplay, mixés dans tous les sens pour donner l'illusion de nouveauté au cours du jeu), des décors qui le sont tout autant (en plus de n'être pas spécialement bien modélisés) et un jeu vaguement gonflant au fond. On apprécie le côté éclaté/surprenant du level design, mais le gameplay n'est jamais assez intéressant, et l'histoire semble prendre le joueur pour un imbécile à force d'appuyer son propos. Bref, une déception.