La Xbox avait ses Dead or Alive, pour satisfaire les besoins en polygones fortement courbés d’une certaine frange des joueurs. Il aurait été dommage que la PS2 discrimine ces pauvres garçons. Alors Tamsoft s’en est occupé, retroussant les manches pour quelques jeux aux « jolies » filles, parus initialement dans la collection petit-budget « Simple 2000 Series » de D3 Publisher. En Europe, c’est 505 GameStreet qui en a édité la plupart. Mais, entre Fighting Angels, Pink Pong ou Party Girls, du même développeur, une concurrence féroce s’est engagée, pour savoir où se situait chacun de ces titres fort médiocres sur l’échelle du nanar ou du navet.
Avec sa jaquette avant aux tons roses et ses gentils ballons, on pourrait croire à un jeu innocent pour filles. Mais non, si on retourne l’objet d’un geste latéral de 180°, l’éditeur nous prévient : « des filles et des bikinis ». Lors de ce qui apparaît comme un concours d’été, deux idoles japonaises (fictives, mais issues de l’écurie de Tamsoft, ceux qui s’infligent leurs jeux les reconnaîtront) s’affrontent sur au choix trois sets de 5 mini-jeux différents. Jusqu’à deux joueurs peuvent s’affronter mais, si vous tenez à vos amis, vous vous abstiendrez.
Parce qu’on a rarement vu aussi mauvais party-game. Jeu fauché à tous les points de vue, on pardonnera un décor unique, où quelques sprites grossiers sont sensés représenter le décor, avec des idoles aux animations ridicules, et des acclamations qui semblent avoir été enregistrées d’un jardin d’enfants. Vous n’éprouverez qu’un léger soupçon d’attachement aux personnages en lisant leur bio complète dans le manuel (Le saviez-vous ? Riho Futaba déteste les pousses de soja fermentées. Et Arisu Kagura appartient au groupe sanguin O) ou en finissant les épreuves, avec une interview du présentateur, peut-être la seule vraie bonne idée du jeu. On pardonnera car ce n'est pas le pire.
Car on s’ennuie. Énormément. Non seulement le jeu a peu de mini-jeux, mais plusieurs sont des variantes. Alors, pour meubler, certaines épreuves sont longues. Trop longues. Et pas vraiment très originales. Si vous avez déjà joué à un party-game, vous avez probablement déjà eu une épreuve où il fallait gonfler un ballon sans qu’il n’explose. Si vous n’avez pas connu cette expérience, Party Girls se chargera de vous en montrer un mauvais exemple. Il va de soit que la durée des épreuves n’est pas proportionnelle à leur profondeur, certaines étant même d’ailleurs complètement mal réglées.
Oui, mais il y a des filles et des bikinis ! Parlons-en. Le jeu aurait pu gagner en sympathie s’il était resté dans la friponnerie, comme cette épreuve où il faut pousser l’adversaire d’un îlot avec des coups de fesses. Même la possibilité de régler les rebondissements de la poitrine m’a amusé, mais c’est peut-être parce que la logique mammaire de ce jeu est fâchée avec la physique. Mais Party Girls va un peu trop loin, dans le mauvais goût. A l’image de ce mini-jeu, où il faut astiquer un thermomètre jusqu’à ce qu’une petite fusée décolle. Amis de la métaphore subtile, bonjour. Si vous arrivez à vous accrocher, l’ultime mode apparaît. En vue subjective, armé d’un pistolet à eau, vous pourrez tirer sur une des idoles, qui gémira ou se contorsionnera. Ce n’est pas d’une grande finesse, et, ce qui m’embête, c’est que le jeu est classé PEGI 3+. Je suis persuadé que si vous croisez une adolescente mal dans sa peau de nos jours, c’est qu’une personne lui a offert ce jeu quand elle n’était qu’une enfant. C'est mon petit doigt qui me l'a dit.
Alors qu’on tente de nous faire croire sur la boîte que c’est un jeu tout public et fun, vous aurez compris que la réalité est bien différente. Sans aucun effort de nuances, dans le gameplay ou dans la suggestion, Party Girls en voulait à votre argent, de préférence tâché par les mains moites de certains pervers. Il fait clairement partie de ces jeux qu’on aimera citer dans de futures conversations, pour illustrer les premiers barreaux de l’échelle de la médiocrité vidéoludique.