Perfect Dark, 13 ans plus tard
Perfect Dark, c'est un peu mon grand regret de la Nintendo 64. Avec mes frères et mes cousins, nous avons passé des centaines d'heures sur Goldeneye, à nous poursuivre dans les couloirs. Nous avions fouillé le jeu dans ses moindres recoins. Puis tout le monde a grandi, et tandis que je terminais Egyptian en 00 agent et rêvais à ce que devait être Perfect Dark, chacun avait de nouvelles obligations, et l'on ne se retrouvait plus pour les tournois.
C'est seulement cette année que je me suis procuré une cartouche. Jouer à Perfect Dark en 2013, ça a été la redécouverte d'un genre : le FPS qui pense. Nerveux, musical, old-school mais qui t'oblige à explorer les maps, à chercher, à remplir des objectifs précis, placer des mouchards, détruire des caméras de surveillance, pirater des ordinateurs, épargner des civils... Aujourd'hui, certains se gaussent de la maniabilité du jeu, mais en réalité c'est tout un art de s'en approprier les codes. En effet, la précision du stick et l'aliasing ne vous permettent pas de foncer dans le tas et de multiplier les head-shots : le FPS Nintendo 64, cela demande de se poser, éliminer ses cibles de loin et une à une autant que possible, traverser une pièce ventre-à-terre en priant pour que les ennemis visent suffisamment mal... En Agent Perfect, le jeu possède un aspect "die en retry" dans le sens où il faut apprendre où se situent les gardes, quelles sont les failles, dans quel ordre mener à bien ses objectifs. Certes, l'IA est à la rue, mais c'est à l'usure que vos adversaires vous auront : pas de quoi se régénérer, et la mort signifie la fin de la mission.
Graphiquement, Perfect Dark a indéniablement vieilli, mais une fois passé le choc des époques cela ne nuit en rien au plaisir de jeu. Surtout, Perfect Dark affiche les taches de sang sur les corps et sur les murs. Cela semble idiot, mais Espion pour cible (GameCube, 2001) ne le fait pas. Le nouveau Goldeneye (Wii, 2010) ne le fait pas. Même les corps disparaissent de manière plus discrète que dans ces derniers jeux. Concernant l'évolution par rapport à Goldeneye, on a des détails supplémentaires sur les armes (quand on recharge notamment), des scènes cinématiques, un doublage (anglais sous-titré) plutôt correct et surtout, le mode coopération et les bots en multijoueur. Le scénario sympathique fait le boulot, même s'il ne se prend pas toujours au sérieux (le petit gris qui se nomme Elvis et porte un débardeur aux couleurs des États-Unis par exemple, ainsi que quelques touches d'humour). Mention spéciale au charisme de Joanna Dark.
Mais le tableau est un peu terni, à cause des crises de nerf que m'a donné l'aide à la visée pour le début de cette mission où l'on commence sans autre arme qu'un poignard empoisonné : un calvaire, je l'ai recommencée une cinquantaine de fois. Ensuite, la difficulté relativement mal dosée : il manque un juste milieu entre le mode normal et le mode difficile. Enfin, je suis triste d'avoir passé si peu de temps en multijoueur. C'est simple, à l'époque des frags rapides et de la maniabilité simpliste, plus personne n'est là ou n'a envie de jouer à Perfect Dark avec moi. Cela nécessite trop de temps de se remettre dans le bain, cela nécessite trop de temps d'abattre son ennemi.
Et les trois autres ports de la Nintendo 64 de rester désespérément vides...